Mohamed SNEIBA

Mauritanie : Les quat’ vérités du président Aziz

La conférence bis repetita du président Aziz n’avait appartement qu’un seul objectif : faire oublier le désastre de celle de mars dernier. La prestation du président lors de sa dernière sortie a été diversement appréciée. Mieux que la dernière fois. C’est sûr. Mais elle a laissé en suspens les questions qui fâchent. Celles qui ont été abordées n’ont pas reçu de réponses tranchées. Seulement des pistes. Une matière à élucubrations comme on n’en manque jamais dans une Mauritanie où la rumeur fait souvent l’actualité. Et force le gouvernement à réagir. Sans toutefois livrer les vraies réponses. Un exercice que le président Aziz affectionne.

Avant, il saisissait l’occasion d’une visite « inopinée » à une administration publique, souvent un hôpital, pour répondre à une question – ou une attaque – de l’opposition. Depuis un certain temps, ce sont les conférences de presse. Après chaque visite à l’intérieur du pays. Une opportunité pour Ould Abdel Aziz de livrer ses vérités en cette période de crise politique qui ressemble fort étrangement à celle qui avait suivi la « Rectification » d’août 2008.

quatre réponses à quatre questions parmi plusieurs posées par les journalistes (4 de la presse « indépendante » et 2 des médias publics) au président Aziz ont retenu mon attention.

 

  1. Le dialogue 

 

Comme il le fait souvent, en période préélectorale, le président Aziz se dit prêt au dialogue avec l’opposition. Et, quand il le dit, la majorité suit. Parfois même, elle se montre plus empressée à aller dans un sens qu’elle refusait pourtant il y a peu. Ce sera une ligne de conduite qui ne changera que le jour où le président fait subitement volte-face, trouvant que le dialogue avec l’opposition est impossible.

Donc dit Aziz : allons pour le dialogue mais un dialogue sans « préalables », « sans lignes rouges », comme aime à dire Me Sidi Mohamed Ould Maham, président de l’Union pour la République (UPR), parti au pouvoir en Mauritanie.

Cependant, le rejet des « conditions » de l’opposition (libération des militants des droits de l’homme embastillés à Aleg, baisse des prix des hydrocarbures, dissolution ou « normalisation » du statut de la Garde présidentielle) est vu par bon nombre d’observateurs comme le rejet, pur et simple, du dialogue. Même si la délégation de la majorité conduite par le ministre secrétaire général de la présidence, Moulay Ould Mohamed Laghdaf, a rencontré, hier samedi, au palais des congrès de Nouakchott, celle du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) conduite par l’ancien bâtonnier et ancien ministre de la Justice, Me Mahfoud Ould Bettah.

 

  1. L’affaire dite du « Ghanagate »

C’est une histoire rocambolesque que celle dite du « Ghanagate ».

Il s’agit d’un enregistrement dans lequel les voix du président Aziz, alors commandant du Bataillon de la sécurité présidentielle (Basep), en 2006, et de Coumba, actuelle ministre de la jeunesse et des sports, ont été reconnues. Une transaction aux relents mafieux, impliquant un Irakien vivant à Accra et portant, dit l’opposition, sur un trafic de faux dollars. Aziz a reconnu les faits mais a parlé de « tentative d’arnaque » !!! Le mystère reste entier même si l’opposition, qui avait constitué une commission d’enquête, jubile et déclare que le président sera rattrapé, un jour ou l’autre, par son passé.

 

  1. L’argent de la SNIM

 

Ebranlée par deux mois de grève sur fond de chute vertigineuse des prix du fer, la Société nationale industrielle et minière (SNIM), a été accusée par l’opposition d’avoir servi de « caisse noire » au président Aziz. Des dizaines de milliards d’ouguiyas dépensées dans des projets qui n’ont rien à voir avec le domaine d’activité de la SNIM. Comme l’octroi d’un financement de 15 milliards d’UM (50 millions de dollars US) à une société privée chargée de la construction du nouvel aéroport international de Nouakchott, des interventions, à coups de milliards, dans le domaine de la santé, de l’éducation, de l’achat d’armes et de la sécurité alimentaire. A ce jeu, la facture est énorme : 400 milliards d’UM (13 milliards de dollars américains), dépensés sur « ordre du président », accuse l’opposition. Ould Abel Aziz rétorque : « à quoi sert la SNIM sinon à servir le peuple ? L’argent qui dort dans les coffres n’a aucune utilité », assène-t-il, balayant d’un revers de la main l’accusation de gabegie par des dépenses non budgétisées et non autorisées par le parlement.

 

  1. L’esclavage

 

Sur cette question, le président Aziz reste imperturbable : il n’y a pas d’esclaves en Mauritanie. Il consent tout de même à parler de « séquelles » et rappelle que son gouvernement a créé une agence, « Tadamou » (solidarité) doté d’un budget d’une dizaine de milliards d’ouguiyas chargée d’aider les descendants d’anciens esclaves à « rattraper le temps perdu ». Ici, on peut accuser le pouvoir de mauvaise foi parce que, régulièrement, des cas sont soumis aux autorités judiciaires du pays et, coup sur coup, deux fatwas sont venues dire que l’esclavage n’est plus licite ou qu’il ne l’a jamais été en Mauritanie ! Venant d’oulémas proches du régime (Hamden Ould Tah) et d’un érudit ayant des affinités avec l’opposition (Ould Deddew), ces prises de position, quoique tardives, donnent raison à l’Initiative pour la résurgence d’un mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA) dont le président, Biram Ould Dah Abeid, et son adjoint, Brahim Ould Bilal, croupissent en prison, depuis janvier, pour avoir dénoncé l’esclavage foncier.


La Peine contre Le Pen

Jean-Marie Le Pen (crédit photo : AFP)
Jean-Marie Le Pen (crédit photo : AFP)

C’est un véritable psychodrame que ce dénouement du match Le Pen contre Le Pen.  La peine contre Le Pen consacre une rupture non un avènement. Non un évènement. Pour la première fois, j’éprouve un semblant de sympathie pour ce vieil homme qui a maintenant sa vie (son passé) derrière lui. Je continue à réprouver la stratégie politique, machiavélique, de sa fille qui a bâti son présent et son avenir (sa renommée) sur les actes du père et, maintenant, sur sa mise à mort. Moralement c’est condamnable et politiquement c’est un couteau à double tranchant.

Ok, Jean-Marie Le Pen a été suspendu de son statut d’adhérent du Front national par le bureau du parti qui se réunissait ce lundi 4 mai pour prendre une décision après ses propos controversés, ces dernières semaines. Et après ? Suffit-il de pousser le père vers la sortie pour faire gagner des voix à la fille ? Je ne le pense pas. C’est quand même une inconséquence de faire perdre à Jean-Marie Le Pen « sa qualité d’adhérent » lui qui, il y a quarante ans, avait lancé ce parti radical à l’idéologie très controversée. L’orthodoxie que Marine « la peine » veut imposer à son père est vouée à l’échec. La preuve ? Son refus de se présenter devant le conseil de discipline du parti et sa volonté de continuer à parler « en son nom ». Le feuilleton Le Pen contre « La Peine » ne fait que commencer.

 

 


Mauritanie-Algérie: Clash diplomatique par « voix » de presse

Aziz et Boutefligha (Photo: google)

Décidément, entre le président Aziz et la presse mauritanienne c’est le désamour total. A peine rentré d’une harassante tournée dans les wilayas de l’Assaba et du Gorgol, il convoque les présidents des associations de presse et, alors que les invités du raïs lui énumèrent les mille et un problèmes que rencontre leur corporation, il calme leurs ardeurs en leur disant qu’il les met en garde contre toutes accointances avec une puissance étrangère. C’est une allusion on ne peut plus claire au clash diplomatique entre la Mauritanie et l’Algérie, dont la cause directe est un article publié dans un journal de la place et dont la source serait un diplomate algérien expulsé depuis.

Évoquant cette affaire, le président mauritanien aurait déclaré détenir la liste de tous les journalistes qui reçoivent de l’argent de l’étranger !  Et bien que ce ne soit pas la première fois que cette accusation est lancée, elle a eu l’effet d’une bombe. Comme le zéhéros de Williams Sassine, le président Aziz n’est pas n’importe qui. Sa parole est vérité pour tous ceux qui considèrent qu’un président est une sorte de surhomme. Pourtant, cette attaque contre la presse est loin d’être fortuite. Elle survient à une semaine d’une conférence de presse que la présidence veut réussir à tout prix pour laver l’affront de celle de mars dernier qui a vu le président perdre son sang froid face à un journaliste que d’aucuns ont trouvé trop zélé alors que les adversaires politiques de l’homme fort de Nouakchott en ont fait leur héros du moment. Un journaliste qui a osé contrarier le Rais et l’obliger à ordonner l’arrêt de la retransmission en direct de sa conférence de presse.

Si le président a presque dit « vous êtes des vendus » aux représentants des associations et regroupements de presse venus le rencontrer, cela ne peut qu’exacerber les tensions entre lui et des journalistes qui pensent que l’Etat ne fait rien pour les aider. Et signifier à ceux qui seront en face du président demain, 5 mai, que ce sera coup pour coup. Si l’un d’eux s’évertue à aller trop loin, comme Wadiaa de la télévision « Mourabitoune », en soulevant l’une de ces questions qui fâchent, il peut s’attendre à ce qu’on l’accuse de travailler pour le compte d’une puissance étrangère comme le Maroc ou l’Algérie. Récemment, un journaliste mauritanien a été arrêté puis libéré après avoir provoqué le clash diplomatique entre Nouakchott et Alger. A l’origine, une information accusant le Maroc d’inonder la Mauritanie de drogue. Dite, semble-t-il, sous le sceau de la confidence par le président Aziz à un émissaire du secrétaire général de l’Onu de passage à Nouakchott, l’information aurait été filée par un diplomate algérien au journaliste mauritanien dans le but de nuire à des relations mauritano-marocaines qui, de toutes les façons, ne sont pas au meilleur de leur forme depuis 2009. Nouakchott se méfie, sans le dire vraiment, de son puissant voisin du nord qui a accordé refuge à l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouammatou qui, bien que cousin du président Aziz et l’un des artisans du coup d’État contre Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, a très vite pris ses distances avec un régime dont le chef n’en fait qu’à sa tête. La chute de Blaise Compaoré a aussi poussé un autre farouche opposant à Aziz, Moustapha Ould Limam Chavii à déposer ses valises dans le royaume chérifien.

La situation s’est aussi compliquée, concernant les relations avec l’Algérie, avec l’expulsion manu militari, par Nouakchott, d’un diplomate de ce pays. Alger a réagi en renvoyant l’attaché militaire de l’ambassade de Mauritanie. Cette affaire qui actuellement fait les choux gras de la presse à Nouakchott, est sans doute pour quelque chose dans la mise en garde présidentielle adressée à des journalistes souvent accusés de parti pris en faveur de l’opposition. Il suffit de voir comment cette presse couvre les visites présidentielles pour s’en convaincre. Le Calame, l’Authentique, Alakhbar, El hourriya, Cridem, Tawary, le Rénovateur, Essirage, El emel, l’Eveil Hebdo, pour ne citer que les journaux et sites les plus lus en Mauritanie ne sont jamais tendre avec un pouvoir dont l’une des rares qualités est pourtant d’avoir favorisé la liberté de la presse. Ceci expliquant cela, on ne s’étonne pas que la présidence se trouve obligée, très souvent, de choisir avec prudence « ses » journalistes quand il s’agit d’accompagner Ould Abdel Aziz dans ses voyages à l’étranger, ses tournées à l’intérieur du pays ou lui donner la réplique, sans le contrarier, quand il décide d’organiser une conférence de presse. Ce 5 mai, on verra  bien si toutes ces précautions auront servi à quelque chose face aux trois journalistes Mohamed Fall Ould Oumer (la Tribune), Zeinebou Mint Erebih (Al jazeera) et Moussa Ould Samba Sy (Le Quotidien de Nouakchott) que le site Tawary a livré, citant une source sûre, comme les « élus » de cette deuxième sortie médiatique du président Aziz en l’espace d’un mois.

 


Mauritanie : Entre l’arabité et l’africanité, laisser les Haratines être eux-mêmes

Marche des haratines en 2014 (Photo : google)
Marche des haratines en 2014 (Photo : google)

Haratine,  oui, Africain, certainement, et Arabe, pourquoi pas ? Deux vérités et demie que j’ai tenté d’expliquer, à ma façon, le 13 août 2012 dans une interview fleuve accordée au site haratineblogpost.com

Les haratines, enjeu de toujours. Enjeu du pouvoir en Mauritanie. Ils marchent ce 29 avril, pour la deuxième fois, pour réclamer leurs droits de citoyens comme les autres dans un pays qui se dit démocratique. A cette occasion, je reprends ici l’interview évoquée plus haut pour dire ce qu’ils sont, comment les autres les voient et qu’est-ce qu’il faut entreprendre pour que la Mauritanie parvienne à résoudre, définitivement, ce que certains considèrent comme une survivance de l’esclavage et que d’autres qualifient seulement de séquelles. Interview.

 

Bonjour Mohamed Sneiba, vous êtes journaliste talentueux du journal « L’authentique Quotidien », présentez-vous à nos lecteurs. Parlez-nous aussi du quotidien des journalistes d’ascendance haratine dans le milieu de la presse Mauritanienne.

 

MS : Me présenter ? Que dire sinon que je suis professeur de français de formation (Promotion 1988 de l’ENS de Nouakchott), muté à sa sortie au lycée de Boghé, là où j’ai passé moi-même mon bac en 84. Je suis arrivé au journalisme tout à fait par hasard, en 1987, quand j’ai obtenu le 3ème prix d’un concours organisé par le quotidien national CHAAB (1). J’ai alors collaboré avec ce dernier, en écrivant essentiellement des nouvelles « moralisatrices », telles, « A double tranchant » (qui parlait déjà, à l’époque, des détournements et du sort qui attend ceux qui sont pris la main dans le sac), et « Le passé ne renaîtrait plus » qui était plutôt centré sur le « mal du siècle » de la jeunesse mauritanienne (la découverte des feuilletons latino-américains et égyptiens). Après dix ans passés à l’intérieur du pays (Boghé puis Aleg), j’ai été affecté à Nouakchott (Lycée National), en 1998, ce qui m’a donné l’occasion d’exercer pleinement le journalisme devenu pour moi une véritable passion.

Ma première vraie expérience dans le domaine a été avec L’Essor, premier magazine économique du pays. C’est Rassoul Ould Khal, l’actuel Conseiller en Communication du président de la République, qui m’a présenté à Cheiguer, le directeur de publication qui fut surpris de m’entendre dire que je cherche un journal pour écrire…sans rémunération. Il s’engagea tout de même à me payer un salaire symbolique de 12.000 UM (2). Deux ans après, j’étais nommé Rédacteur en chef de ce mensuel que je devais quitter en 2001 pour la rédaction de Nouakchott Info. J’ai alors commencé un long exode qui m’a mené tour à tour au Méhariste, à L’Eveil Hebdo, au Journal du Jeudi, au Rénovateur et, pour finir, à L’Authentique et à Afrimag, magazine économique basé à Casablanca.

Pour en venir à la seconde partie de votre question, je dirai que, franchement, c’est des expériences vécues sans vraiment tenir compte de la « tête » du chef. Bien sûr, qu’ils n’ont pas été tous pareils dans leurs manières de traiter avec un journaliste indépendant, qui n’avait pas de contrat, haratine de surcroit, et donc obligé de se soumettre pour ne pas être mis à la porte à la moindre protestation. J’ai tout de même gardé de bonnes relations avec tous ces patrons de presse mais, pour être juste, il faut reconnaitre que c’est véritablement à L’Authentique Quotidien que je me suis épanoui. J’écris sans contrainte, sur le sujet que je veux, en fonction de l’actualité et des informations qu’il m’arrive d’avoir par mes propres sources. C’est aussi dans ce journal particulièrement (et aussi au Rénovateur) qu’il m’a été permis d’aborder des questions sensibles comme celles liées à l’esclavage et aux relations entre communautés nationales. Pour le reste, disons que l’ambigüité de mon aventure tenait plus à mon « éparpillement », comme disait Cheikhna Ould Nenni, qu’à ma qualité de « nègre de service » pour la plupart des journaux de la place.

 

Nous avons constaté l’absence totale des journalistes haratine lors de la rencontre médiatique  avec le « peuple » organisée par le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz le 05 Aout 2012 à Atar, fief de l’ancien dictateur Maouiya Ould Sid’ahmed Taya. Pourtant,  il existe dans la profession des journalistes haratine capables de poser des bonnes questions dans l’intérêt national, avez-vous une explication à cela ?

MS : Oui, j’ai fait le même constat. Et j’avoue que, jusqu’au dernier moment, je m’étais dit, que si les choses se passent normalement, il y avait une chance que je sois coopté. Question de compétences (excusez mon manque de modestie) mais aussi de représentativité vue le contexte actuel où le pouvoir a tout intérêt de montrer qu’il tend, autant que faire ce peut, vers une redistribution équitable entre les différents groupes sociaux. Cet oubli donc des journalistes haratine ne s’explique, à mon sens, que par une seule chose : La peur qu’ils ne soient plus portés à évoquer des questions que le pouvoir considère comme « marginales » (esclavage, conditions de vie des hratin dans les milieux urbains, représentativité, etc) et donc de troubler l’ordre établi, la mise en scène, pour que la « rencontre du président avec le peuple) ne soit autre chose qu’une succession d’autosatisfactions et de louages programmés.  Heureusement que Dia Cheikh était là pour évoquer, au moins, le cas de Biram et, par ricochet, celui de la question de l’esclavage que le président Aziz a, une fois encore, occultée.

 

Justement, le pouvoir de Nouakchott nie l’existence de l’esclavage, mais soutient la thèse des séquelles de l’esclavage, aucun effort de la part du pouvoir pour combattre même ces séquelles ni l’application de la loi incriminant le phénomène en bonne et due forme. Nous avons entendu plusieurs fois, le président Ould Abdel Aziz en personne défendre : « n’est esclave que celui qui veut l’être, il y a des lois qui condamnent l’esclavage », pourquoi la justice et les autorités Mauritaniennes refusent d’appliquer les lois  alors ?

 

M.S : Ecoutez, je crois que c’est l’une des plus grandes erreurs du président Ould Abdel Aziz que de vouloir suivre, à la lettre, la stratégie négationniste de Taya. Dire que l’esclavage n’existe plus en Mauritanie tient d’un entêtement dont les auteurs se couvrent de ridicule aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. Il y a meilleure attitude à adopter : Celle qui consiste à évoquer l’esprit de la loi criminalisant cette pratique et, donc, à la présenter comme un crime dont les auteurs s’exposent à des sanctions. Mais mêmes si l’on cherche au pouvoir actuel des circonstances atténuantes, l’on voit qu’il manque de volonté pour donner un gage de bonne foi, quand on entend Ould Abdel Aziz nier lui-même l’existence du phénomène et accuser ceux qui le combattent d’en faire un fond de commerce. Une vieille rengaine qui a failli sous Taya et qui connaitra le même sort avec Aziz. De sorte que, pour la plupart des haratine, le pouvoir protège les esclavagistes par « instinct de conservation » et par solidarité qui dépasse le niveau de l’individu (victime ou coupable) pour déterminer le rapport (de force) et d’intérêts entre communautés nationales. Je ne vois pas d’autre explication à ce refus de lutter contre le phénomène, même si l’on concède au pouvoir qu’il ne s’agit plus que de séquelles.

 

Biram Ould Dah Ould Abeid et ses codétenus sont en prison depuis le 28 Avril 2012 après l’acte de désespoir qui les a conduits à incinérer des livres faisant l’apologie de l’esclavage. Le juge  chargé des affaires criminelles s’est dessaisi de leur dossier faute de charges suffisantes et vice de procédure, ils sont incarcérés en toute illégalité selon leurs avocats. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz avait promis publiquement le châtiment des abolitionnistes, pensez-vous, comme les militants des droits de l’homme, que Biram et ses codétenus sont des détenus d’opinion ?

M.S : Nul doute là-dessus. Biram et ses compagnons sont maintenus en prison pour leurs opinions exprimées publiquement, ici et à l’extérieur, contre l’esclavage et ceux qui nient son existence en Mauritanie. C’est parce qu’il ose dire haut et fort ce que beaucoup pensent en eux-mêmes sans oser l’exprimer ouvertement que le président de l’Initiative pour la Résurgence d’un Mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA) est devenu l’ennemi public n°1, l’homme à abattre par tous les moyens. L’acte d’incinération de livres du rite malékite, aussi offusquant soit-il pour les mauritaniens, n’a été suivi d’effets que quand des marches suscitées se sont ébranlées vers le Palais présidentiel et quand Ould Abdel Aziz, accueillant ces soi-disant défenseurs du rite malékite – parce qu’on ne peut pas dire que Biram a blasphémé – a pris les devants de la justice et promis de punir l’homme. Et même quand la justice, pour une fois, n’a pas suivi la volonté de l’Exécutif, Biram a tout de même était maintenu en prison. Et l’on nous parle d’Etat de droit !

 

Beaucoup de nos compatriotes se plaignent d’être victime du racisme, subissez-vous le racisme et des pressions dans votre profession de journaliste au quotidien ? Comment sentez-vous le racisme dans le pays ?

 

M.S : Ecoutez, je n’ai jamais voulu personnaliser cette question, que ce soit au niveau de l’enseignement, quand j’étais encore dans les classes, ou dans l’exercice du journalisme. Le racisme, on le subit tous les jours et, s’il n’y avait pas une volonté de notre part de résister à cette oppression, plutôt d’ordre moral, il y a longtemps qu’on aurait cherché à quitter ce pays. Je ne reviendrai pas ici sur les torts subis au niveau de l’enseignement (cela nécessite l’écriture d’un livre) mais je dirai qu’au niveau de la presse même, il n’est pas donné à n’importe qui de tirer son épingle du jeu. Etre journaliste et haratine, c’est, dans le contexte actuel, être condamné à travailler pour les autres. Dans un Etat où tout est régi par la tribu, la région et le clan politique, les haratines, comme en toutes autres choses, n’ont pas droit au chapitre. Parce que la tribu, la région et le parti politique ont leurs priorités fixées qui font du statu quo social leur règle d’or. Si vous voyez qu’un journal comme L’Authentique, reconnu pourtant comme l’un des plus lus, des plus sérieux médias de la place, éprouve des difficultés énormes à maintenir le cap, c’est justement parce qu’il est fiché comme l’organe d’une communauté, bien que les cadres de cette dernière soient les premiers à ne pas lui faire des faveurs, comme les autres le font pour certaines feuilles de choux. C’est dans ce même ordre d’idées qu’il faut aussi inscrire l’oubli des journalistes haratines, quand il s’agit de rencontres ou de voyages avec le président ou tout simplement de débats à la Télévision de Mauritanie. Si ce n’est pas du racisme, qu’est-ce que c’est alors ?

 

Les haratine sont souvent greffés d’appartenir à la communauté de leurs maitres arabo-berbères intégralement alors que cela ne se traduit pas sur les faits, selon vous sont-ils : des arabes, négro-africains où une communauté à part différente des autres  qui doit être reconnue dans la constitution?

 

M.S : Je vais vous raconter une anecdote. Au tout début de ce que j’ai l’habitude d’appeler la « démogâchis » – et qui continue encore, je crois – un ami professeur, beydane comme on dit, de chez moi (Aleg) a voulu m’entrainer au PRDS (3), parce que, disait-il, pratiquement « toute la tribu y va ». J’ai répondu que moi je n’ai pas de tribu. Et pour dire vrai, je le croyais sincèrement. Parce que, dans la terminologie même, on ne dit pas « un hartani de la tribu telle », mais « appartenant à » (Lehel vlan). Ensuite, parce que le rapport de la tribu à l’Etat était établi par les chefs, les marabouts et les hommes d’affaires de la tribu, rarement, pour ne pas dire jamais par un cadre haratine qui ne doit son ascension sociale – si cela arrive comme pour Messaoud, Merzoug ou Boidiel (4) – qu’au mérite ou à la lutte qu’il a menée pour se faire reconnaître.

Pour revenir à cette question de l’appartenance à la communauté arabo-berbère ou à celle négro-africaine, je dirai que c’est un faux problème. Il faut laisser les haratines être eux-mêmes. J’ai même revendiqué, une fois, pour eux le statut de « tribu »  à part entière, eh oui, pour pouvoir rivaliser avec les autres, tant que le partage du pouvoir se fait en fonction du poids électoral. Je sais que la volonté de les maintenir dans ce dilemme de « n’être pas deux », pour paraphraser un peu Cheikh Hamidou Kane, évoquant le tiraillement que vit Samba Diallo entre l’Occident et l’Afrique, arrange bien ceux qui veulent en faire l’objet du conflit entre Arabo-berbères et Négro-africains pour régler, une fois pour toutes, la question de la représentativité démographique, mais les haratines doivent refuser ce jeu malsain. Tout au plus, ils doivent être à l’avant-garde de ce combat que mène une partie de l’élite du pays : faire en sorte qu’il n’y ait plus qu’UN mauritanien pour que cesse cette « compartimentation » inadéquate avec la démocratie que nous revendiquons tous. Mais cela ne veut pas dire que les haratines doivent cesser de reconnaitre leur appartenance aux deux sphères (Négro-africaine, comme origine, et Arabe, comme identité culturelle) et refuser qu’on joue l’une contre l’autre dans un rapport de force qui, sans eux, n’est pas si évident que ça.

 

Certains sur la toile accusent les haratine d’être responsables des tueries des événements de 1989, ils semblent même écarter les autorités de l’époque de toute responsabilité de ce drame qui s’est abattu sur les Noirs, donnez-nous votre sentiment sur la tournure autour de ce dossier brûlant source de tous nos malaises nationaux actuellement ?

 

M.S : Responsables des tueries des évènements de 1989, c’est trop dire. Instrumentaliser, peut-être. Avec tout de même des circonstances atténuantes pour ces pauvres haratines, ignorants dans leur écrasante majorité, qui ont été invités, dans les villes et villages à servir d’instruments d’exécution pour la basse besogne. Les vrais responsables de ces tueries sont connus. C’est d’abord l’Etat raciste de l’époque et les élites qui ont voulu s’en servir pour tenter de « dénégrifier » le pays autrement qu’ils ne l’avaient déjà fait pour l’administration, en arabisant à outrance le système éducatif. Qu’on cherche maintenant, vingt ans après, à réécrire l’histoire pour rendre les haratines responsables de ces tueries, relève de la machination. Je dirai seulement que nos frères Négro-africains ne doivent pas suivre cette voie qui cherche plutôt à brouiller les pistes et à couvrir les vrais responsables. Ensuite, il faut éviter d’évoquer une responsabilité collective. Des associations négro-africaines ont réussi, je crois, à dresser la liste de ceux qui sont directement impliqués dans ces crimes. Il y a des bourreaux et des complicités dans toutes les communautés, y compris celle des victimes. Si Aziz veut vraiment régler la question du passif humanitaire, il doit refuser l’impunité dont bénéficie toujours les auteurs connus de ces exactions.

 

L’association des haratine de Mauritanie en Europe (A.H.M.E) a été créée en juillet 2001, comment jugez-vous les activités qu’elle mène depuis l’étranger sur le plan médiatique de la problématique sur l’esclavage ? Est-elle efficace dans les démarches d’alertes et de pressions qu’elle exerce sur les autorités mauritaniennes dans les affaires liées à l’esclavage ? Le racisme est-il indissociable de l’esclavage ?

 

M.S : L’A.H.M.E est indispensable comme relai et comme complément à l’action que d’autres mènent ici sur le terrain. N’eut été son action, celle de son président Mohamed Yahya Ould Ciré, le monde extérieur n’aurait pas eu l’image exacte de ce qui se passe ici. Certes, les militants des droits de l’homme, notamment ceux qui dénoncent l’esclavage, voyagent et portent la question dans tous les forums mondiaux, mais c’est une action ponctuelle qui a besoin d’être entretenue et valorisée pour maintenir la pression sur le pouvoir et l’amener à aller dans le sens de la mise en œuvre de l’arsenal juridique censé être élaboré pour punir les esclavagistes, et non pas continuer à faire semblant.

 

Avez-vous un message à adresser à nos lecteurs ?

 

M.S : Oui, je leur souhaite bonne fin de Ramadan et qu’Allah les préserve de tout mal pour qu’ils le revivent encore et encore. Je les remercie pour l’attention qu’ils accordent à ce blog qui est l’une des rares vitrines qui donne aux journalistes et intellectuels haratines l’opportunité de parler de nos problèmes et de ceux qui nous tiennent à cœur, en tant que mauritaniens désireux de voir leur pays sortir de toutes ces pratiques (racisme et esclavage) qui ternissent encore son image à l’extérieur. Je vous remercie.

 

L’équipe du Blog au secours des haratine : SOS abolition remercie infiniment Mohamed Sneiba d’avoir accepté de répondre à nos questions.

Propos recueillis par Diko Henoune

1. Le peuple.

2. Trente euros.

3. Parti républicain, démocratique et social, au pouvoir jusqu’à la chute de Taya en 2005.

4. Leaders de la communauté haratine.


Mauritanie : au temps où les fesses, les grosses, avaient encore leur mot à dire

 

Flickr.com
Flickr.com

Au temps où les fesses, les grosses, avaient encore leur mot à dire, dans notre esthétique féminine. Maintenant que les choses vont vite, que les personnes vont vite, qu’il faut sauter, danser, changer, aller partout, être plus léger, plus agile, plus frétillant. Pour cette fois, HS oblige, je veux parler du mensonge.

Ce n’est plus rien en Mauritanie, Dé. C’était à « beau mentir qui vient de loin ». C’est maintenant à « beau mentir qui n’a jamais quitté ». C’était « un mensonge remplissait un sac, mais ne mettait rien dans l’autre ». Maintenant, le mensonge remplit tous les sacs, les magasins et les conteneurs. Le mensonge était l’exception. Maintenant, il est la règle. Les menteurs sont rois.

Les faiseurs et défaiseurs de situation. Les Boss. Les Grands. Les Incontournables. La Mauritanie est malade du mensonge. Des mensongers. Des spécialistes de ce qu’Allah ne lui a jamais dit « sois ! », pour être. Du sommet à la base. De l’opposition à la majorité. Des civils aux militaires. Les femmes.

Les hommes. Les jeunes. Les partis. Les organisations. La presse. Surtout celle-ci. Raconte n’importe quoi. Sans preuve. Des mensonges historiques. Qui finissent en mensonges. Des mensonges qui finissent en mensonges. Il faut au moins un début de preuve, comme disent les juristes. Mais une histoire complètement créée de « saftou » (une partie de la cuisse).

Des gens sans mâchoires. Ou aux mâchoires en caoutchouc, voire démontables. Tous. Sans exception. Du haut en bas. Mensonge en tout. Politique. Economie. Société. Culture. Histoire. Que de mensonges ! Cette histoire de dialogue… Conduis-moi. Retourne-moi. Le problème, c’est le président. Le problème, c’est le FNDU. Le problème, c’est Messoud. Le problème, c’est la majorité. Le problème, c’est l’opposition.

Le problème, c’est la délégation. Le problème, c’est les préalables. Le problème, c’est le BASEP. Le carburant ? Les 400 milliards de la SNIM ? Des milliards sont rentrés par ci. Des milliards sont sortis par là. Notre armée ? C’est la meilleure du monde. Ses équipements ? Depuis Aziz, pardon, depuis 2008 : super équipée comme pas possible.

Les tracts ? Mensonge complet des ennemis du pouvoir. Les nouveaux marchés construits près du Stade olympique, aux abords de l’Ecole de police, vers la route de Soukouk et autres ? Quelque chose comme : c’est pour la première dame. Ou la dernière dame. Mensonge ou vérité ? Confusion totale. Motus et bouche cousue.

Mais ce qui tue tout, c’est qu’en Mauritanie, tout se sait. Les langues des Mauritaniens les mangent. Impossible de taire quelque chose. Des tronçons interurbains qui ont fini en mensonges. Des projets qui ont fini en mensonges. Des promesses qui ont fini en mensonges. Le mensonge est ambiant. Naturel. Normal.

Cette histoire de nouvel aéroport qui desservirait toutes les villes du monde ou presque. Des millions de passagers par an. Fin des travaux en 2014. Avril 2015 ? On ne dit rien. Pas avant de finir la liquidation des terres de l’ancien aéroport, via les intermédiaires. Mensonge culturel. La Mauritanie est un arc-en-ciel. Riche de sa diversité.

C’est du mensonge que de dire autre chose que cela. C’est même de la malhonnêteté, empreinte de complexes et de négationnisme. Mensonge télévisuel. Mensonge radiophonique. Mensonge historique. La Mauritanie contemporaine, c’est depuis le milieu des années quarante.

Ce n’est pas depuis 2008. Accumulations négatives. Oui. Réalisations positives. Non. C’est du mensonge. C’est de l’hypocrisie. C’est de la diversion. Du mensonge envahissant qui remplit tous les espaces. Mensonge, de la Présidence au bourg le plus reclus. Mensonge au Parlement. Mensonge aux ministères. Dans la presse : officielle et privée. A la majorité. A l’opposition. Partout. Pauvres de Nouz’Autres.

Salut.

Sneiba El Kory (Le Calame)

 

 


Oui, où étiez-vous, messieurs ?

Le président Taya décorant Aziz, son futur tombeur (Photo: google)
Le président Taya décorant Aziz, son futur tombeur (Photo: Google)

C’est un autre champ de bataille entre la majorité et l’opposition. Une controverse qui relève de la politique politicienne.

L’appartenance ou non à l’ancien régime. La ligne de démarcation est choisie de commun accord : le 3 août 2005, date du coup d’État conduit par Mohamed Ould Abdel Aziz, alors colonel, contre le président Taya.

Si j’ai choisi de « résonner », à mon tour, sur cette question précise c’est pour tenter de couper court à toutes discussions sur un sujet aussi futile. La place des hommes et femmes dans l’ancien système – ou dans l’actuel – ne relève pas d’un quelconque déterminisme. Personne n’est destiné, à vie, pour le pouvoir ou l’opposition. C’est une affaire de circonstances. D’opportunisme plus que d’opportunité. Si le président fait appel à vous, vous pouvez difficilement refuser l’offre de service politique. S’il vous ignore, vous avez le choix entre rester dans l’antichambre du pouvoir, en attendant que sonne votre heure de gloire, ou aller grossir les rangs de l’opposition. Ceci dit, je ne suis pas d’accord avec les hommes du pouvoir qui accablent l’opposition, en affirmant qu’elle est devenue « le refuge de la plupart des anciens barons du régime de Taya », l’homme qui a régné sur la Mauritanie de 1984 à 2005. Certes, la liste que je livre ci-après est loin d’être exhaustive mais elle donne, clairement, une tendance. Les anciens Premiers ministres, à une exception près, sont tous rangés aujourd’hui du côté du pouvoir. Les hommes d’affaires qui comptent également. Concernant les anciens ministres, la majorité fait également le plein face à une opposition « qui n’a rien à offrir », comme on dit. A peine si on ne laisse pas croire que ceux qui y ont élu domicile aujourd’hui y sont contraints et forcés.

En tout cas, la forte présence des anciens ministres de tous les régimes qui se sont succédé en Mauritanie, de l’indépendance à nos jours, dans le camp de la majorité, justifie bien le rapport actuel des forces, et montre que l’alternance n’est pas pour demain. A moins qu’un énième coup d’Etat ne vienne encore perturber les calculs des politiques.

Maintenant, découvrons, ensemble, ces hommes et femmes, qui ont accompagné Taya vingt ans durant, et qui continuent avec son tombeur, Mohamed Ould Abdel Aziz. Face à cette armada politique, le camp de l’opposition affiche une « pauvreté » déconcertante

 

  1. Le camp du pouvoir

 

  • Les anciens Premiers ministres :

 

  1. Sidi Mohamed Ould Boubacar, ambassadeur
  2. Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna, ambassadeur
  3. Sghair Ould M’Bareck , président du Conseil constitutionnel.
  4. Mohamed Lemine Ould Guig, Inspecteur général d’État.
  5. Sid’Ahmed Ould Bneijara

– Anciens ministres :

  1. Mohamed Ould Boilil (actuel président de l’Assemblée national)
  2. Kaba Ould Elewa
  3. Kane Moustapha
  4. Moudir Ould Bouna
  5. Isselmou Ould Sid’El Moustaph
  6. Sidi Ould Didi
  7. Naha Mint Mouknass
  8. Cheikh Ahmed Ould Zahav
  9. Mohamed El Moctar Ould Zamel
  10. Aichetou Mint M’hayham
  11. Selma Mint Teguedi
  12. Sidi Ould Khliva
  13. Sidney Sokhna
  14. Soumare Oumar
  15. Camara Ali Gueladio
  16. Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed
  17. Ba Bocar Soulé
  18. Ba Houdou

19 . Dah Ould Abdel Jelil

  1. Abdel Kader Ould Mohamed
  2. Cheikh Sid’Ahmed Ould Baba
  3. Hamadi Ould Meimou
  4. Moussa Diagana
  5. Dahmoud Ould Merzoug
  6. Salka Mint Bilal Ould Yamar
  7. Sid’Ahmed Ould El bou
  8. Zeidane Ould Hmeyda
  9. Ba Abdoulaye Mamadou
  10. Noubghouha Mint Tlamid
  11. Mohamed Ould Haymer
  12. Diallo Abou Moussa
  13. Sow Abou Demba
  14. Yahya Ould Sid El moustaph
  15. Mohamed Ould Rzeyzim
  16. Hamoud Ould Ely
  17. Sidi Ould Samba
  18. Dah Ould Abdi
  19. Moustapha Ould Abdalla
  20. Mohamed Mahmoud Ould Javaar
  21. Oumar Ould Matalla
  22. Mohamed Yehdhih Ould Breidelleyl
  23. Moulay Ould Boukhreyss
  24. Ahmedou Ould Sidi Ould Hanenna
  25. Isselmou Ould Mohamed Vall
  26. Taki Ould Sidi
  27. Brahim Ould Alioun N’diaye
  28. Sidi Ould Ahmed Deya
  29. Sow Adama Samba
  30. Seniya Mint Sidi Haiba
  31. Mohamed Mahmoud Ould Abdallahi Ould Boye
  32. Mohamed Mahmoud Ould Valili
  33. Mohamed Vadhel Ould Mohamed Lemine
  34. Zeinebou Mint Mohamed Ould Nahah
  35. Mohamed Sidiya Ould Mohamed Khaled
  36. Mehla Mint Ahmed
  37. Boutrigha Mint Kaber
  38. Mohamed Ghali Ould Chriv Ahmed
  39. Mohamed Lemine Ould Khattri
  40. Deddoud Ould Abdallahi
  41. Memed Ould Ahmed
  42. Ba Amadou Racine
  43. Mintata Mint Hedeid
  44. Diop Abdoul Hamet
  45. Mohamed Heibetna Ould Sidi Haiba
  46. Boullah Ould Mogueya
  47. Moctar Ould Haye
  48. Mariem Mint Ahmed Aicha
  49. Limam Ould Teguedi
  50. Khattar Ould Cheikh Ahmed
  51. Mohamed Lemine Salem Ould Dah
  52. Fatimetou Mint Mohamed Saleck
  53. Hamoud Ould M’hamed
  54. Mahfoud Ould Mohamed Ali
  55. Lemrabott Ould Mohamed Lemine
  56. Sidi Mohamed Ould Taleb Amar
  57. Hacen Ould Mohamed
  1. Hamoud Ould Abdi
  2. Hamma Ould Soueilem
  3. Diallo Abou Moussa
  4. Diabira Bakary
  5. Cheikh Saadbouh Camara
  6. Sidi Mohamed Ould Mohamed Vall
  7. Abdi Ould Horma
  8. Cheikh Ahmed Ould Sid’Ahmed
  9. Bâ Madine
  10. Cheikh El Kebir Ould Chbih
  11. Ahmedou Ould Ahmedou
  12. Cheyakh Ould Ely
  • Les hommes d’affaires
  1. Groupe Noueigued
  2. Groupe MAOA
  3. Groupe Tajidine
  4. Groupe Sahraoui
  5. Groupe Ehel Ghada

 

2. Le camp de l’opposition

 

  • Les anciens Premiers ministres

– Yahya Ould Ahmed Waghef, seul ancien Premier ministre (sous Sidi) qui est aujourd’hui à la tête d’un parti d’opposition.

 

– Les hommes d’affaires

  • Groupe Bouamatou
  • Groupe Abeidna

– Les anciens ministres

  1. Ahmed Ould Daddah (Ancien ministre de son frère, opposant, à Taya de 1992 à 2005)
  2. Messaoud Ould Boulkheir (ancien ministre de Taya auquel il s’est opposé par la suite, et ancien président de l’Assemblée nationale)
  3. Mohamed Abderrahmane Ould Moine
  4. Boidieil Ould Houmeid
  5. Moustapha Ould Abeiderrahman,
  6. Ahmed Ould Sidi Baba
  7. Sow Mohamed Deyna
  8. Louleid Ould Weddad (ancient dircab de Taya)
  9. Ba Mamadou Alassane
  10. Isselmou Ould Abdel Kader
  11. Mohamed Mahmoud Ould Weddady
  12. Fatimetou Mint Khattri
  13. Mohamed Vall Ould Bellal
  14. Mohamed Ould Abed
  15. Mohamed Ould Smail Ould Abeidna
  16. Mohamed Sid’Ahmed Lek’hal
  17. Mohamed Ould Khlil
  18. Ely Ould Allaf
  19. Cheikh Sid’Ahmed Ould Babemine
  20. Mahfoud Ould Bettah
  21. Mohamed Lemine Ould Deidah

 

 

 


Gueyem *?

Le président Aziz (Crédit photo: google)
Le président Aziz (Crédit photo: google)

Kif-Kif, capitale de la province « la Ceinture », a bien accueilli le président Vegrach (1). Un accueil grandiose, quoique dira l’opposition. Des dizaines de milliers d’anonymes qui n’ont pas dérogé à la règle. C’est ainsi qu’ils accueillaient tous les présidents qui ont précédé Vegrach.

On se rappelle encore de ces mobilisations monstre du temps de Lem’abess (2), le prédécesseur de Vegrach. Il avait passé vingt ans au pouvoir et a eu largement le temps de goûter aux délices de ces « vive, vive » qu’on entend scandés par des milliers de personnes ne comprenant rien aux choses de la politique. L’essentiel pour la plèbe est d’accompagner le mouvement. Accompagner tout militaire ou homme politique qui parvient, par n’importe quel moyen, à accéder au pouvoir. Hier c’était Lem’abess, aujourd’hui c’est Vegrach. Et demain ? Demain, il y aura un autre.

Les soutiens du pouvoir, notamment ceux du parti « Union pour rien » (UPR), font semblant de l’ignorer. Ils agissent comme si Vegrach ne devrait jamais quitter le palais brun. Pourtant, il est là depuis dix ans (2005) et devrait, en principe, rendre le tablier en 2019. Alors, pour une fois, je suis d’accord avec l’UPR que ce n’est pas à l’opposition de décréter le « rahil (3) » avant terme de Vegrach. C’est vrai que sa gestion des affaires publiques laisse à désirer, mais il a été quand même élu en 2009 et réélu en 2014. Peu importe la manière. C’est la même chose partout en Afrique. A une exception près.

La chanson « gueyem » (va-t’en) d’un célèbre groupe de hip-hop avait repris le flambeau pour demander le départ de Vegrach. Conséquences : l’un des membres de ce groupe a été jeté dans le gnouf, accusé d’atteinte aux mœurs et de trafic de drogue, et ses deux compères poussés à l’exil ! Pourtant, ces faits qu’on peut qualifier d’atteinte à la liberté d’expression dans la République des Mirages n’ont pas empêché le président Vegrach à dire, à qui veut l’entendre, qu’il n’y a pas de prisonniers d’opinion dans son pays ! Même pas les militants de ce mouvement anti-esclavagiste dénommé IRA, qui croupissent en prison depuis plusieurs mois ! Mais ça, c’est un autre sujet. Passons !

Une poignée de privilégiés accaparent tout, elle racle tout et à ciel ouvert

Kif-Kif a sans aucun doute réussi son accueil mieux que les autres villes du pays déjà visitées. Seulement, l’opposition pense que les gens de « Darja » (4), la capitale politique de la République des Mirages, ont envahi, comme à leur habitude, cette ville du centre et empêché le président de voir le véritable visage de Kif-Kif. Les voitures tout-terrain, les beaux habits et tous ces signes de « tcha’achi’e » (modernité) sont de circonstance. Chaque responsable originaire de la province visitée met un point d’honneur à « s’équiper » pour ce Grand Jour. La « visitation ». Les populations visitées sauront apprécier. Elles seront plus ravies si cette apparence s’accompagne d’amabilités en espèces sonnantes et trébuchantes.

Mais le temps du président Vegrach est loin d’être celui de Lem’abess, dont il était le chef de la garde présidentielle. En ce temps là, l’argent coulait à flots. Les « gabegistes », comme on les appelle ici, étaient légion, mais personne ne s’en offusquait. Il y avait, au moins, dit-on aujourd’hui, une « bonne » redistribution des milliards détournés. Le ministre laisse quelque chose au secrétaire général et aux directeurs ; ceux-ci saupoudrent les chefs de service, chefs de division, agents, plantons et simples parasites, dont les fameux « peshmergas » de la presse.

C’était le temps du « tbowdigh » (l’abondance), disait le griot S.O.G. Tout le monde était content parce que tout le monde passait à la caisse. Une corruption généralisée. Aujourd’hui, disent les mauvaises langues, une poignée de privilégiés accaparent tout. Elle racle tout et à ciel ouvert. Pourtant, Vegrach dit le contraire. A chaque interpellation par la presse, il dit, sans gêne, « où sont vos preuves » ? Il n’a ni amis ni proches bien placés. Seulement des ennemis ? Ceux qui lui lancent « ar’hal », « gueyem » avant la fin de son mandat. Alors qu’on prête à Vegrach de vouloir rester ! L’accueil qu’on a vu à Kik-Kif peut jouer un rôle décisif dans la prise de décision : partir en 2019 ? Rester ? Une seule certitude : ceux, nombreux, qui sont sortis hier à Kif-Kif pour accueillir Vegrach, seront là, demain, dans trois ans, dix ou vingt ans, pour rejouer la même pièce écrite et mise en scène par « l’Union pour rien ». Aux « vive, vive » qu’on entend aujourd’hui succédera « le président est parti, vive le président ».

1. Le brave

2. Le taciturne

3. Départ. Terme qu’une partie de l’opposition a brandi lors du « printemps arabe ».

4. Gloire.

En français, « va-t’en ». Titre d’une chanson du groupe mauritanien de Hip-Hop, « Oulad Leblad » adressée au président Aziz.


Immigration clandestine : mourir aux portes de l’Europe

Carte des flux migratoires (Photo :ina.fr)
Carte des flux migratoires (Photo :ina.fr)

Les consciences s’éveillent en Italie, et plus généralement dans tous les pays d’Europe, que des centaines de migrants prennent d’assaut tous les jours. L’hécatombe enregistrée, à 110 kilomètres des côtes libyennes, dans la nuit du 18 au 19 avril n’est pas la première du genre, mais, à ce jour, la plus catastrophique, avec près de 700 morts. Des personnes qui, poussées par le désespoir, courent le risque d’une mort certaine pour fuir la misère et les guerres qui sévissent dans leurs pays.

Le phénomène fut d’abord asiatique. Wikipédia le décrit ainsi : « Les boat people (terme construit à partir des mots anglais « bateau » et « gens ») sont à l’origine des migrants qui fuyaient le Viêt Nam par voie de mer, pays à économie dirigée et interdisant la liberté du commerce et la liberté d’opinion. Ils fuyaient donc leur pays pour des raisons politiques et économiques sur des embarcations. Souvent en surcharge et sans sécurité, ces embarcations ont fait de très nombreuses victimes pour cause de noyade, famine et froid. »

Ce terme a commencé à être utilisé dans la presse francophone à partir de la chute de Saigon en avril 1975 et l’invasion du Sud-Viêt Nam par le Nord-Viêt Nam communiste.

Il est parfois utilisé dans la presse francophone pour les migrants provenant d’Afrique du Nord traversant la mer Méditerranée, tandis que la presse anglophone a étendu ce terme aux réfugiés économiques d’autres régions.

Le mobile est compréhensible, mais la leçon, passée en Afrique et dans le monde arabe est répréhensible. La mauvaise gouvernance dans certains pays, les conflits armés dans d’autres (Syrie, Libye, Irak) ont accentué cet exode. Face à de tels drames, la solution n’est pas le renforcement des contrôles aux portes de l’Europe. Il faut traiter le mal à la source. Et comprendre que personne ne se sauvera seul. La misère que l’Europe regarde avec indifférence dans ses anciennes colonies lui sera charriée par cette mer que ses navires avaient traversée autrefois pour conquérir le monde. Les conflits que l’Occident a provoqués et probablement entretenus en Libye, en Irak et en Syrie débordent de leur cadre naturel pour créer une atmosphère d’insécurité et de menace planétaire. C’est l’une des lois les plus immuables de la nature. Celle des vases communicants. On cherche un peu de réconfort là où il y a un semblant de bien-être. On fuit la barbarie même quand il s’agit d’un saut vers l’inconnu. Que les preneurs de risques assimilent au monde des possibles.

Les citoyens européens se disent que le désespoir devrait être très grand dans ces pays d’Afrique et du Moyen-Orient que fuient, chaque jour que Dieu fait, des centaines de « fous d’Europe ». Au moins 700 d’entre eux ont probablement péri au large des côtes libyennes. Les secours qui se sont organisés en Italie ressemblent à ce qu’on appelle, communément, le médecin après la mort. Les bateaux qui parcourent les eaux méditerranéennes ont tendance, de plus en plus, à éviter ces boat people des temps modernes parce qu’ils savent ce que cela entraîne comme complications. L’appel lancé par le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, par le pape François et le président français, François Hollande, sort les drames de l’immigration clandestine de la rubrique faits divers et en fait une question qui doit être, maintenant, du ressort de l’ONU.


Mauritanie : Aziz ne partira pas en 2019

Aziz entouré des généraux qui ont mené le putsch de juin 2008 (Photo : google)
Aziz entouré des généraux qui ont mené le putsch de juin 2008 (Photo : Google)

« Celui qui ne voit pas le ciel, il ne faut pas le lui monter », dit un proverbe de chez nous. L’opposition mauritanienne ne se rend pas compte que le président Aziz manœuvre déjà, quatre ans avant la fin de son deuxième mandat, pour rester encore au pouvoir. Comme elle n’avait pas vu, en 2008, que celui qui a perpétré deux coups d’Etat en l’espace de trois ans n’avait aucune intention de lâcher prise en se laissant battre par les urnes.

On connaît la suite. La bataille menée sur le plan international pour pousser l’ONU, l’UE et l’UA à accompagner la « Rectification », c’est-à-dire le fait accompli. L’Accord de Dakar, la présidentielle de juillet 2009, le sacre d’Aziz, la débâcle de l’opposition et le retour insidieux de la crise politique. Une crise qui, cinq ans plus tard, est devenue notre « normalité ».

Le dialogue dont on parle aujourd’hui a des relents de déjà vu, déjà entendu. L’opposition en sera, encore une fois, le dindon de la farce. C’est une énième mise en scène avec les mêmes protagonistes mais dans un ordre de bataille différent. L’opposition qui s’apprête à redescende dans l’arène, est celle qui avait choisi le boycott des dernières élections municipales, législatives et présidentielle. Seuls les islamistes de Tawassoul avaient choisi d’occuper le vide laissé par le RFD et l’UFP au niveau des deux chambres du Parlement. N’empêche que les islamistes, qui occupent aujourd’hui le statut de « chef de file de l’opposition démocratique », ont fini par rejoindre leur place au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU). A ce titre, Tawassoul s’apprête à être un acteur majeur du nouveau dialogue, si dialogue il y a ! Et là, j’en arrive au véritable enjeu des manœuvres politiques actuelles.

Alors que le président Aziz a entamé depuis un mois une tournée qui devrait le conduire dans les 12 provinces du pays, l’opposition est « fixée » à Nouakchott, la capitale, et obligée d’attendre la réponse à ses propositions par le puissant ministère secrétaire général de la présidence, Ould Mohamed Laghdaf, qu’on a vu aux côtés du rais dans les deux wilayas déjà visitées. Ainsi, Aziz occupe l’opposition par un éventuel dialogue alors que lui s’occupe, sous couvert de visites de prise de contact avec les populations, dans une opération de séduction et d’évaluation de ses forces dans cette « Mauritanie profonde » sans le soutien de laquelle aucun leader politique ne peut aspirer à diriger le pays. Sauf s’il a la latitude, comme le fit Aziz, en 2005 et en 2008, de procéder par la voie détournée, mais combien habituelle en Mauritanie, des coups d’Etat.

Le baromètre de la « Mauritanie profonde » n’est cependant pas le seul qui pourrait pousser le président Aziz à vouloir modifier la Constitution pour pouvoir rempiler, en 2019. Dans une démarche méthodique, il s’est sans doute assuré le soutien des forces armées et de sécurité, lors de sa dernière visite à l’état-major général où il s’est entretenu longuement avec les officiers supérieurs qui comptent. Quelques semaines plus tard, il en élevait cinq au grade de général dans une démarche qui n’a pas manqué de susciter des interrogations sur cette volonté de « généralisation » à outrance de l’armée. D’aucuns pensent que c’est pour taire toutes velléités de contestation et pouvoir ainsi se consacrer au front de la politique.

Enfin, la troisième « raison suffisante » qui me pousse à dire qu’Aziz est déjà en campagne pour ne pas quitter le pouvoir en 2019, au terme de ce qui devrait être pourtant son deuxième – et dernier mandat – est ce nouveau clin d’œil qu’il fait à la jeunesse qui, avec la « Mauritanie profonde » et l’armée, constituent le tremplin vers le pouvoir.

Personne ne semble voir le rapport, pourtant évident, entre la mise en place très prochaine d’un Haut conseil de la jeunesse, aux prérogatives très larges (mais surtout aux avantages alléchants) et le lancement, hier à Nouakchott, de ce que le gouvernement qualifie de « larges concertations » avec cette frange de la population constituant un véritable réservoir électoral. N’est-il pas étrange qu’au moment où Aziz parcourt les régions du pays pour battre le rappel des féodalités, son Premier ministre, Yahya Ould Hademine, et la ministre de la Jeunesse et des Sports, Coumba Bâ, qui a fait ses armes à la présidence, comme chargée de mission très spéciale, enclenchent une opération de séduction envers les jeunes devant, elle aussi, toucher toutes les wilayas ? Si Aziz parvient à gagner ce pari, on peut dire adieu au dialogue avec l’opposition. Au meilleur des cas, il peut engager ces concertations avec elle, de manière formelle, comme à Dakar, en 2009, et suivre son propre agenda: amender la Constitution, par voie de référendum, conserver le même système de gouvernement, se représenter ou nous servir une recette à la Poutine. Pour ensuite revenir à son antithèse turque, celle de Recep Tayyip Erdoğan qui est passé de Premier ministre très puissant au poste de président encore plus puissant. Alors, Aziz pourra continuer à appeler ses opposants les plus endurcis de « vieillards » occupés à jouer leurs « mesrah » (théâtre) à Nouakchott. Pendant que lui travaille à rester au pouvoir.


Présidentielle 2016 aux Etats-Unis : un Noir…une femme ?

Barack Obama et Hilary Clinton (Photo : google)
Barack Obama et Hillary Clinton (Photo : Google)

Elle l’a fait, ou plutôt refait. Hillary Clinton a annoncé, hier, sa candidature à la candidature démocrate pour la prochaine présidentielle, en 2016. L’épouse de l’ancien président Bill Clinton se lance, à nouveau, dans la course à la Maison Blanche, après son ratage de 2008, face à l’actuel président Barack Oboma, qui lui avait raflé, contre toute attente, la candidature démocrate. Mais selon bon nombre d’observateurs, elle tient cette fois, sa revanche contre le mauvais sort. Et, contrairement, à ce que beaucoup d’analystes considèrent comme ses principaux atouts (son statut d’ex-Première Dame et d’ancienne secrétaire d’Etat), ce sera la volonté des Américains de montrer au reste du monde leur « singularité » qui donne sa véritable chance à Hillary Clinton.

En effet, après avoir porté à la présidence de la première puissance mondiale un Noir, chose inconcevable il y a encore trois à quatre décennies, l’Amérique voudrait bien se distinguer en portant une femme à la présidence. Certes, plusieurs pays ont déjà franchi ce pas, mais l’Amérique, indépendante depuis 4 juillet 1776, n’avait pas encore osé.

Après avoir entretenu le suspense pendant de longs mois, Hillary Clinton a annoncé ce dimanche sa candidature à l’investiture démocrate en vue de la prochaine présidentielle en 2016. D’après les pronostics, elle a cette fois-ci 60 % de chances d’être la championne du camp de « l’âne ». Mais son choix, déjà approuvé par Barack Obama, qui ne tarit pas d’éloges envers celle qu’il appelle son « amie » n’est que la première étape d’une course qui sera longue et éprouvante. Le camp républicain, celui de l’éléphant, affûte lui aussi ses armes et on peut être sûr que ce ne sont pas les (bons) candidats qui lui manquent. Le futur adversaire républicain d’Hillary Clinton a l’avantage de la situation « idéale » avec un Congrès composé majoritairement des partisans de l’éléphant (233 contre 199, à la Chambre des représentants et 54 contre 44 au sénat). Le poids électoral de ces élus est-il proportionnel à leur nombre ? C’est là toute la question.

La bataille qui s’annonce sera certes influencée fortement par la personnalité des candidats républicain et démocrate, mais aussi par leur pouvoir de persuasion quant à la manière dont ils comptent aborder les problèmes économiques et sociaux qui troublent aujourd’hui le sommeil des Américains. Là, il faudra attendre le démarrage effectif de la campagne pour apprécier les chances de celle qui aspire à devenir non pas la Première Dame américaine, mais la présidente des Etats-Unis d’Amérique.