Bilan à mi-mandat : le soft power gagnant de Ghazouani

30 juillet 2021

Bilan à mi-mandat : le soft power gagnant de Ghazouani

Le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Ghazouani (Crédit photo : Facebook)

Le 1er août 2021, les Mauritaniens fêtent l’An II de l’ère Ghazouani. Pour ceux qui aiment les comparaisons, on dira que l’homme qui préside aux destinées de l’État mauritanien aujourd’hui n’a pas bénéficié des mêmes faveurs que son prédécesseur Mohamed Ould Abdel Aziz : la pandémie du nouveau coronavirus virus (Covid-19), survenue quatre mois après son investiture, l’a obligé à jouer serré pour maintenir à flot une économie menacée de récession par l’impact d’une crise sanitaire d’ampleur mondiale.

Jouons à changer un peu le topo pour imaginer dans quel (mauvais) contexte serait le pays aujourd’hui, si la crise sanitaire était venue se superposer à celle, politique, qu’Aziz a laissée derrière lui et qu’il a cherché à entretenir par sa tentative d’OPA sur le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UPR)! 

La gestion prudente de ce brûlant dossier par les soutiens du président Ghazouani – resté lui-même en dehors de cette « querelle des Anciens et des Modernes » -, compte aujourd’hui parmi les plus grands succès politiques de ce mi-mandat. Succès qui sera conforté par la « pacification », sans coup férir, entre la majorité présidentielle et l’opposition. Cette dernière a très vite compris la différence entre le soft power du président Ghazouani et le « ça passe ou ça casse » de son prédécesseur.

Cette sagesse, ce calme olympien dont ne se départit pas cet ancien général, bien formé aux métiers des armes et à la stratégie telle qu’enseignée par Sun Tzu, qui disait que l’art de la guerre, « c’est de soumettre l’ennemi sans combat », justifie bien les amabilités politiques que l’on constate, depuis le départ d’Aziz, entre la majorité et l’opposition.

On n’en veut, pour preuve, que la réponse que donne l’honorable député Biram Dah Abeid, farouche opposant de la décennie Aziz (2009-2019), à ceux qui s’étonnent de ne plus voir régulièrement les manifestations de rue dont son organisation IRA s’était rendue familière : « on ne peut utiliser les mêmes moyens d’antan avec un président qui a un style différent. Un président qui a le sens de l’écoute et qui est ouvert à la discussion ». Un président qui reçoit banalement (au sens positif du terme) les opposants et des leaders d’opinion qu’Aziz avait soumis, sans raison valable, à la diète. Et même si une certaine opposition renoue de temps en temps avec ses vieux réflexes, comme en ce moment où elle exprime son opposition à un projet de loi (protection des symboles de l’Etat) soumis par le gouvernement à l’assemblée nationale, on reste dans le cadre de l’expression démocratique d’un choix de la majorité et de son refus par une opposition qui est bien dans son rôle.

La diplomatie proactive est un autre domaine où le président Ghazouani a notablement marqué des points par rapport à son prédécesseur. On ne s’offusque plus, sans raison, de décisions prises par les voisins immédiats, on ne joue pas sur la fibre patriotique pour un oui ou pour un non. Pour un article écrit par un journaliste étranger « incontrôlable » ou l’avis – non avisé – d’un analyste maison. Avec  Ghazouani, tout est observé et analysé avec le calme nécessaire pour une prise de décision engageant la responsabilité du pays et préservant ses intérêts. Rien n’est plus personne, comme avant.

Le président Ghazouani a engagé ainsi un processus de « réparation » diplomatique qui rétablit certains équilibres rompus sous le « règne » de son prédécesseur (Maroc/Algérie, Arabie/Qatar). Il permet ainsi à la Mauritanie de recouvrer l’essence d’une diplomatie de proximité culturelle et historique qu’aucune considération économique circonstancielle ne peut aliéner. Encore les bienfaits d’un soft power qui est en train de devenir un label Ghazouanien.

Sneiba Mohamed

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