La Mauritanie dans l’attente du futur gouvernement

Article : La Mauritanie dans l’attente du futur gouvernement
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31 janvier 2014

La Mauritanie dans l’attente du futur gouvernement

Mauritanie : Conseil des ministres (Photo AMI)
Mauritanie : Conseil des ministres (Photo AMI)

Ouf ! La nouvelle Assemblée nationale est née ! Nouvelle-ancienne quoi puisque l’Union pour la République (UPR) – l’Union pour rien – comme écrit souvent un cridémien¹ – reste la principale force politique de la Chambre basse du Parlement mauritanien. Le parti au pouvoir a réussi, sans grandes difficultés, à reconduire la plupart de ses « dibii-te² ». Ceux que les Mauritaniens fâchés contre le pouvoir appellent, méchamment, les « applaudisseurs » sont 77 dans la nouvelle assemblée, contre 34 « dépités » de l’opposition. La « participationniste », s’entend, puisque la Coordination de l’opposition démocratique (COD) a boycotté les dernières élections municipales et législatives, laissant les islamistes du parti « Tawassoul » descendre, seul, comme opposition radicale, pour entretenir les (d)ébats avec les élus de la majorité parlementaire. Les élus de la Coalition pour une alternance pacifique (CAP), dont l’un des leaders ne cesse d’appeler à une opposition « responsable », qui ne recourt « ni aux pierres ni aux bâtons » ne suivront sans doute pas le parti « Tawassoul » dans sa propension à reprendre ses attaques contre le pouvoir.

L’autre grand évènement a sans doute été le départ de Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Alliance populaire progressiste, qui cède la présidence de l’Assemblée nationale à l’ancien ministre de l’Intérieur Mohamed Ould Boïllil de l’UPR. Le pouvoir n’a donc pas voulu « renégocier » avec l’APP, qui n’a que 7 députés, pour des considérations de cohésion interne évidentes. Les dissensions qui avaient secoué le parti au pouvoir lors du choix des candidats aux élections municipales et législatives ont sonné l’alarme sur les risques possibles. On avait même mis le report de la session extraordinaire, finalement ouverte mercredi 29 janvier, sur le compte d’un refus de la majorité d’aller dans le sens de négociations entre Messaoud et Aziz. Ce dernier aurait proposé à son « ami opposant » de se résigner à rejoindre la majorité pour sauver son perchoir à l’Assemblée, mais en vieux baroudeur de la politique le président de l’APP n’est pas tombé dans ce que beaucoup d’observateurs avaient vu comme un suicide politique.  Mais pour empêcher un retour possible de l’APP dans le giron de la COD, à la veille d’une élection présidentielle à plusieurs inconnues, le pouvoir est obligé de faire une proposition sérieuse à Messaoud, mais aussi à ses alliés de la CAP. L’on parle, par exemple, de la création d’un ministère d’Etat (qui regrouperait le Conseil économique et social, l’agence Tadamoun et le commissariat chargé des droits de l’homme et de l’action humanitaire) pour l’offrir à celui qui a présidé l’Assemblée nationale durant sept ans. Toujours est-il qu’il faut attendre le retour du président Aziz d’Addis-Abeba, où il vient d’être porté à la tête de l’Union africaine. Dès dimanche prochain, les Mauritaniens déplaceront leur intérêt vers la formation d’un nouveau gouvernement, mais aussi vers le geste qui sera fait pour l’opposition « participationniste ». Si celle-ci ne participe pas à la nouvelle équipe et si Messaoud n’est pas coopté pour un poste de prestige, les risques sont grands pour le pouvoir de voir son trop- plein d’assurance pousser la CAP dans les bras de la COD.

1. Cridem: site le plus lu en Mauritanie.

2. Prononciation en hassaniya de « député », pluriel de « dibii-te ».

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