Mauritanie : être pauvre et frère d’un ministre
Sous la pression de sa femme, il accepte finalement d’aller solliciter l’aide de son frère, ministre de la République depuis plusieurs années. Son frère n’eut aucune peine à deviner ce qui l’amène tôt le matin dans son bureau, alors que, généralement, c’est au domicile qu’il le trouvait presque chaque samedi ou dimanche.
Le ministre fait signe à son frère de s’asseoir, lui ordonne de garder le silence quand il commencera à parler au téléphone. Il appela l’un des nombreux fournisseurs du ministère et lui dit:
– Le marché dont je t’ai parlé dernièrement a été octroyé malheureusement à un autre fournisseur.
– Comment, ne m’avez-vous pas assuré que c’est moi qui l’obtiendrais ? rétorque le malheureux fournisseur, à l’autre bout du fil. Je comptais beaucoup sur cette offre pour redresser la situation de ma société. N’y a-t-il rien à faire ?
Le ministre laisse passer une dizaine de secondes avant de répondre.
– Je ne sais. Le fournisseur qui a gagné le marché est encore dans mon bureau. Viens t’entretenir avec lui; peut-être qu’il y a encore une chance pour que tu parviennes à le convaincre de te laisser l’offre.
Le fournisseur ne mît que quelques minutes pour parcourir les 3 kilomètres qui séparent sa société de l’Immeuble du gouvernement ouvrant sur l’état-major général des armées. Sans saluer le ministre, il s’adressa directement à l’homme qu’il trouva dans son bureau.
– Combien demandez-vous pour renoncer au marché ?
Le frère du ministre resta de marbre se rappelant l’ordre de son frère : « ne parle pas » !
C’est le ministre qui fixa le prix : – donne-lui trois millions et le marché est à toi.
Le fournisseur sort alors trois millions en grosses coupures de 1000 MRU, les dépose sur le bureau et sort précipitamment parce qu’il avait un autre rendez-vous tout aussi important.
Le ministre s’empare de deux millions qu’il rangea soigneusement dans son coffre et remet un million à son frère.
De retour à la maison, l’homme se retrouve devant sa femme pressée de savoir comment les choses se sont passées.
– Alors, ça va ? Il t’a donné combien ?
– Mon frère m’a volé deux millions !!!