Mohamed SNEIBA

Autour d’un thé : Le président a toujours raison

Le président Aziz (Crédit photo: google)
Le président Aziz (Crédit photo: google)

Selon un adage populaire bien de chez nous, « le grand dit sa parole et le petit se tait ». Même chez les civils. Devant un président, on ne parle pas n’importe comment. On se lève. On lève le doigt. On parle poliment. Et l’on se tait, quand on nous le demande.

C’est ça, la discipline. Pourtant, c’était facile. Regardez ce que faisaient les ministres. C’était comme si des oiseaux nichaient sur leur tête. Bras croisés. Têtes baissées. Dossiers sur les genoux. Hochements mécaniques de la tête. Non, non, Vous n’avez pas demandé aux gens des Hodhs de mobiliser chevaux et chameaux.

Oui, oui, la ligne budgétaire de la SONIMEX, c’est vers le million de dollars. Voilà pourquoi le choix des journalistes qui doivent rencontrer le Président est difficile. Un seul mauvais met tout en l’air. Heureusement, le courage historique du Président a sauvé la situation. Eteins la télévision ! Déguerpis ! Foutez tous le camp ! La Mauritanie, c’est moi. Je suis chez moi.

C’est mon territoire. Tu fais le malin ? Sors d’ici ! Demandez à Sidioca¹ et à son gouvernement. Ici, on marque le pas. On ne dit pas non, ici. C’est quoi, ça ? Ici, c’est la Présidence. Ce n’est pas le siège du FNDU² ni de Tawassoul³.

Celui qui veut dire non n’a qu’à aller là-bas ou dans la rue, avec les ex-travailleurs de Pizzorno, les parents des détenus, les expropriés des gazras (bidonvilles), les « Ana Ilmi » (je suis scientifique) ou autres. Ici, c’est : « oui, Président ! » ou dehors. Il faut savoir choisir.

La parole est à son Excellence Monsieur le Président, comme le dit si bien le fantaisiste journaliste qui dirigeait la conférence de presse. Bon, c’est bon. Passons. Celui qui ne se fâche pas est un âne. Celui qui ne pardonne pas est un satan.

Revoilà le Président et ses invités visiblement réconciliés. Les ténèbres portent conseil. On peut recommencer. Vous savez, dans la mise en scène d’un scénario, les acteurs peuvent reprendre la séquence plusieurs fois. L’incident a permis, au Président, de devancer les journalistes à leurs esprits.

Un carnaval, c’est quoi ? Des chameaux et des ânes. Venus d’eux-mêmes. Suivant. Dialogue ? L’opposition veut mettre la charrue avant les bœufs. Les résultats du dialogue d’abord, le dialogue ensuite. Suivant. Consultation juridique ? Les juristes ont menti.

Suivant. Détenus politiques ou d’opinion ? Peut-être dans ta république. Dans la mienne, tout le monde est libre. Suivant. La SNIM ? Entre deux : la direction générale et les travailleurs. La SNIM est une vague qui ne mène à rien. Les vagues dans le Tiris ! Ça doit faire très solide. Les quatre cent milliards sont allés dans une bretelle, entre Adel Bagrou et Amourj entre autres. Les biens d’untel ? C’est pas moi.

C’est avant moi. Les responsables de la surveillance maritime avaient droit à 60%. Nous les avons diminué en enlevant 40% reste 30%. C’est du calcul mental fait précipitamment. Et puis, l’erreur est humaine. Ensuite, tout ce que les journalistes détiennent comme information, c’est faux.

Chiffres sur la SNIM ? Faux. Les histoires sur la politique ? Fausses. Affaire Ould Mogueya ou détenus nouvellement transférés vers El Bir ? Faux. Maurisbank, Birame, Dialogue, Opposition ? Que du faux. Référendum ? Troisième mandat ? Tout ça, c’est complètement faux. Ce sont des vagues que certains veulent monter et qui ne les mèneront à rien.

En tout cas, pas à la Présidence. Maintenant, s’ils veulent aller ailleurs, bon voyage. Guinée. Sénégal. Nigéria. La démocratie avance en Afrique. Mamane disait que Goodluck Jonathan est devenu Good Bye Jonathan. Remplacé, par voie des urnes, par un ancien putschiste redevenu démocrate.

Ça existe. Entre visite et visitation, il y a nuance. Visite, c’est voyager en hélico, en changeant de tenue à chaque étape, en entrant dans une salle de classe ou un dispensaire de brousse préalablement visités par l’un ou l’autre des ministres de tutelle. Deux cent mille par-ci, un puits par-là, une promesse là-bas. Visitation, c’est de longues veillées agrémentées de poésie, de folklore et de danses… Visite, c’est bon. Visitation, ça ne bon pas.

Salut.

Sneiba Elkory (Le Calame)

1. Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, président « putsché » par Aziz le août 2008

2. Forum national pour la démocratie et l’unité.

3. Parti d’obédience islamiste, actuel chef de file de l’opposition en Mauritanie.


Lettre à mon double

Moi (Crédit photo: Sneiba)
Moi (Crédit photo: Sneiba)

C’est ta faute si je ne suis rien aujourd’hui. Rien ? Pas tout à fait. Peut-être que j’exagère un peu. Disons que je pouvais être « quelque chose », comme disait un vieux griot de chez moi, au temps du président Taya. Ministre, pourquoi pas ? En tant que hartani, j’ai besoin d’être seulement un grand « safagh », un applaudisseur « déchaîné », comme on en voit à toutes sorties du président. C’est l’unique voie aujourd’hui. Le grand militant qui s’impose par son combat, cela ne court plus les rues. Malheureusement. Les Messaoud et autres Biram, il n’y en a pas mille.

Donc « safagh » c’était ma voie toute tracée pour réussir mais toi, mon cher double, tu m’en as empêché. Je n’avais pas besoin d’un grand diplôme pour être ce que je ne suis pas aujourd’hui. Un DEUG ou une licence, même usurpés, même cachetés avec le fond d’un verre à thé, auraient suffit.

Je n’aurais pas également besoin d’être né fils d’une « grande tente ». Pourtant, l’honorable Boydiel nous dit qu’il en existe – aussi – parmi les « hratin » alors qu’on pensait que c’était un label « beydan » (blanc) ou propre à la noblesse négro-africaine. Dans ce dernier cas, je devais parler plutôt de fils de « grande case » car mes frères noirs ne veulent pas être assimilés par mes anciens maîtres blancs. Mais ceci est une autre histoire.

Je disais donc que j’ai raté une belle carrière de « safagh » (applaudisseur) et que c’est ta faute à toi mon cher double. Je me rappelle encore les propos de ce très haut responsable qui me disait : je peux te nommer à n’importe quel poste mais tu ne m’inspires pas confiance ! Je n’ai pas répliqué parce que je saisissais parfaitement le sens de ce propos. Je suis probablement un piètre « safagh » mais pas un lâche. Je dis ce que je pense. Très haut et tout de go.

Le reproche que me fait cette personnalité très importante du régime actuel en Mauritanie est pour toi. Toi qui es un autre moi-même, incapable de se taire quand il faut dénoncer. Alors que moi, je veux être normal. Prendre les choses comme elles se présentent. continuer à dire « non », quand il le faut, mais dire « oui » quand c’est nécessaire.

Il me rappelle aussi ce que me disait un ami, ayant réussi lui à grimper les plus hautes marches du Makhzen : « il y a deux personnes en toi. Une, raisonnable, sympa et tout, et une autre qu’on pourrait qualifier de « casse-carrière ». Eh oui, cet ami voulait me dire que je ne fais aucun effort pour intégrer la classe très prisée des « gens du pouvoir », ces hommes et femmes qui passent du jour au lendemain de rien à « responsable » de quelque chose. En voyant ces « moudir » (directeurs), ces vizirs, ces « dibites » (députés) et ces « oumda » (maires), je me dis que rien n’est impossible dans la « Mauritanie Nouvelle ». La plupart n’étaient rien, avant la « Rectification » de 2008, ils sont devenus « quelque chose » aujourd’hui. Ils ont compris qu’il suffit seulement de savoir jouer le jeu. Être ce que vous n’êtes pas.


Mauritanie : ni « printemps arabe » ni « printemps africain »

Grève des travailleurs de la SNIM (Crédit photo: medseib)
Grève des travailleurs de la SNIM (Crédit photo: medseib)

Je commence à croire sérieusement que le pouvoir a mille et une raisons de dire que la Mauritanie n’est ni la Tunisie ni la Libye. J’ajouterai moi : ni le Burkina ! Elle n’est même pas ce « trait d’union » entre le monde arabe et le monde noir. Elle n’est qu’elle-même : une terre de frustrations tues, un vrai « bilad esseyba » (jungle), terre d’hypocrisie et de faiblesse. Elle peut être gouvernée par Aziz comme elle l’a été par Sidi, Ely, Maaouiya, Haidalla ou Moctar. Rien n’arrivera. De mieux ou de pire. Même quand on acceptera de porter au pouvoir Samba ou Demba¹. Ou Messaoud² ! Des types de Mauritaniens qu’on tient encore à l’écart de la présidence. Au motif fallacieux qu’il faut « donner le temps au temps ».

Pourtant, la Mauritanie n’est pas plus conservatrice que les Etats-Unis d’Amérique où Barack Obama, issu d’une communauté noire d’à peine 15 % de la population américaine, a été élu à la tête de la première puissance du monde et même, réélu ! Je vous le dis, n’importe quel bougre, de n’importe quelle tribu, ou région, peut nous gouverner.

Aucune bête ne donnera des coups de corne à une autre pour cela. Nous sommes un peuple de soumis, de commis, de ni… ni. Nous sommes forts en paroles, nuls en actes. On veut changer le monde alors qu’on est incapable de changer notre pays ! Une année de présidence de l’Union africaine est vue par les thuriféraires du régime en place comme le retour à « l’âge d’or » de la diplomatie mauritanienne, au temps du « Père fondateur », Moktar Ould Daddah. Une escapade présidentielle de dix jours à l’intérieur du pays, qui a eu pour effet de vider la capitale de sa population et d’enclencher la touche « pause » de l’administration, est présentée comme une « première » parce qu’Aziz n’a pas été chanté comme Taya dans des soirées sous la tente. Le président l’a dit, lors de sa fameuse conférence de presse, et ses soutiens « engagés » l’ont répété jusqu’à en faire l’attitude qui changera la face de la Mauritanie ! Ce ne sera ni « printemps arabe » ni « printemps africain ».

Nous, on n’est pas de cette étoffe, je vous l’ai dit. Chacun vous dira que la tranquillité n’a pas de prix. Certes, mais il s’agit ici, sans qu’on se le dise, de la tranquillité de chacun, car les bobos que rencontrent autrui ne comptent pas. C’est une hypocrisie de dire que c’est au nom de « l’unité nationale », de « la paix et de la stabilité » du pays, de la « cohésion sociale », de ceci ou de cela.

Que l’Etat affame plus de 3 000 travailleurs et leurs familles, cela ne regarde personne. Pourquoi, diable, sont-ils allés en grève. « Au mauvais moment », à dit notre raïs ; les prix du fer passant de 172 USD à seulement 55 USD. Reprenez vos postes et on verra après, quand le cours du minerai remontera. Demain ou dans dix ans. L’opposition dénonce, mollement, cette attitude désinvolte du pouvoir, la majorité applaudit. Comme d’habitude. Le Chef a toujours raison, surtout quand il s’agit d’un général reconverti par accident en politique.

Que l’Etat jette en prison des militants de droits de l’homme, comme ceux d’IRA, c’est chose ordinaire. Très ordinaire même puisque dans la conférence de presse devenue « historique », le président Aziz a dit qu’il s’agit d’une affaire de justice ! Oui, oui, ils ont marché, sur plus de deux cents kilomètres, pacifiquement, pour dénoncer l’esclavage foncier, et ont été arrêtés aux portes de la ville frontalière de Rosso, « pour manifestation non autorisée » et « résistance aux forces de l’ordre », ou quelque chose de ce genre. La même stratégie qui a été adoptée pour freiner l’élan des « marcheurs de Boghé », accueillis, au carrefour Madrid, par des policiers, gardes et gendarmes déchaînés, et accusés d’avoir été manipulés par l’opposition.

Qu’un jeune homme soit tué par balle, à Maghama, parce qu’il manifestait, avec plusieurs autres, contre des pratiques scélérates qui divisent les citoyens en Mauritaniens et mauritaniens, cela ne sort pas de l’ordinaire. Je vous l’ai dit, la Mauritanie n’est pas la Tunisie et Lamine Mangane n’est pas Bouazizi. On est seulement réconforté qu’il soit Ould Ahmed Machdhouf, tué à Akjoujt par des éléments de la garde nationale, lors d’une manifestation des travailleurs de la MCM. Dans de telles bavures, les citoyens sont au moins égaux. Que la victime soit blanche ou noire, l’auteur de la bavure sera toujours absous. Le pouvoir a toujours raison. Même quand il décidera de nous entraîner dans un suicide collectif. Car il semble avoir fait sienne cette sentence : « Après moi, le déluge ».

1. Prénoms généralement négro-africains.

2. Messaoud, nom du leader haratine, président de l’Alliance populaire progressiste (APP), ancien président de l’Assemblée nationale et actuel président du Conseil économique et social.


Peshmerga : La pratique mauritanienne du journalisme « alimentaire »

Corruption (Photo: google)
Corruption (Photo: google)

En Mauritanie, le phénomène fait tâche d’huile : les journalistes peshmerga ! Ceux que j’ai pour habitude aussi d’appeler les « journulistes », nom qui, j’avoue, est loin de rendre compte de tous les aspects que revêt cette pratique du journalisme alimentaire.

L’appellation « peshmerga » (en référence aux combattants kurdes) vient sans doute de cette absence de règle. Absence de formation aussi. On peut être manœuvre, boucher, ou chamelier et décider, sans crier gare, de devenir « journaliste ». Cela ne demande rien du tout: constituer un statut d’entreprise de presse, le faire légaliser et nous voilà dans un monde sans foi ni loi où tout ce qui compte c’est le profit. Un journaliste peshmerga ne refuse rien. Ne recule devant rien. Il a le courage – la témérité plutôt – de dire « merde » à la déontologie ou à toutes règles qui se dressent entre lui et le gain. Je vous l’ai déjà dit, il ne refuse rien. Il vous laissera tranquille si vous lui filez 2000 UM (5 euros) mais pas quand vous lui promettez 100000 UM. Il sait, par expérience, que la promesse d’un responsable mauritanien n’est pas une dette, mais une manière de se tirer des griffes d’un peshmerga.

D’aucuns pensent, à tort ou à raison, que les peshmerga sont une création de l’État. Le fait d’autoriser n’importe qui à devenir « journuliste », au temps du président Taya, était une manière de décrédibiliser la presse. Pour ceux qui voient les agissements des peshmerga lors des déplacements du président à l’intérieur du pays ou à l’occasion de l’organisation d’un séminaire, c’est ça le vrai visage de la presse. Les journaux et sites sont un moyen non une fin.

Les peshmerga s’organisent en groupe, quand il y a opportunité de passer à l’action, désignent un chef qui parlera en leur nom et servira de trésorier. Le partage peut se faire après chaque « donation » ou attendre la fin de la « mission ». Avec le risque de voir le chef disparaître avec le pactole. Pourtant, les peshmerga sont connus pour être très solidaires. Attaquez l’un d’eux et vous les aurez tous sur le dos. Ils ont l’avantage de pouvoir dire ce qu’ils pensent. Et même de le présenter comme la vérité. Leur Vérité. Celle qui fait de la presse le reflet de la société. Puisqu’il y a de faux docteurs ès n’importe quoi, eux incarneront cette presse qui ose. Cette presse qui demande aux voleurs de la République sa part du gâteau. De crainte de provoquer un scandale, le responsable sollicité est souvent obligé de se soumettre à leur injonction : « libérez-nous ». Le verbe « libérer » est même devenu le plus usité dans la terminologie peshmerga. Vous les entendrez souvent dire: Le port « li-beu-re » (le port a libéré. Entendez: a distribué des abonnements). Toutes les administrations, publiques ou privées, y passent. Les ministres, les hommes d’affaires, les directeurs, les chefs de projets subissent le diktat des journalistes peshmerga. Une loi non écrite qu’on a même essayé d’appliquer à certaines chancelleries étrangères mais avec moins de réussite. Le harcèlement, individuel ou par groupe, n’épargne aucun lieu: bureau, domicile et même mosquée! J’ai même été témoin une fois, et malgré moi, d’une scène de filature. Un très haut responsable militaire poursuivi de l’État-major à son domicile, « coincé » juste à la descente de sa voiture et obligé de donner numéro de téléphone et rendez-vous. C’est ce jour là que j’ai compris que pour être un journaliste connu, il ne suffit pas de signer dans les plus grands journaux de la place mais  de se mettre à l’école du « peshmerguisme ».

PS : Il faut tout de même souligner que des journalistes « respectables » s’adonnent, à leur manière, au « peshmerguisme ». Ils le font seulement avec art et finesse.


Mauritanie : Réviser la Constitution, pourquoi pas ?

Le président Aziz lors de la conférence de presse (Photo: ami.mr)
Le président Aziz lors de la conférence de presse (Photo: ami.mr)

Le président mauritanien était devant la presse, quelques heures seulement après son retour d’une harassante tournée (10 jours) dans les régions orientales du pays. On s’attendait à ce que l’entretien, exclusivement réservé aux médias nationaux, traitent des dossiers brûlants de l’actualité. Bien, sûr, celui du dialogue, qui tarde à être enclenché, mais aussi la grève de la SNIM, deuxième employeur après l’Etat, qui entre dans son second mois, la lutte contre la gabegie, les plaintes et complaintes des populations visitées – même si les médias officiels n’ont souvent mis en avant que « l’enthousiasme »  populaire et l’importance des soutiens du Rais, mais surtout cette question récurrente de la probable révision de la constitution pour permettre à Ould Abdel Aziz de briguer un troisième mandat.

D’emblée, le président entretient un flou artistique à propos de cette question. Il laissera entendre qu’il n’a jamais évoqué cette possibilité, qu’il s’en tiendra à son second mandat (qu’il vient tout juste d’entamer, tient-il à préciser) mais que cela n’empêche pas d’autres personnes, de l’opposition ou de la majorité, de parler de ce sujet ou même de faire des propositions dans ce sens ! Autant dire que la révision de la constitution mauritanienne, pour « ouvrir » les mandats présidentiels ou passer d’un régime présidentiel à un régime parlementaire permettant à Ould Abdel Aziz de manœuvrer à la Poutine, reste une probabilité très forte. Déjà, lors de la visite, des voix (autorisées ?) ont abondé dans ce sens. Un homme d’affaires se propose de récolter 1500000 signatures favorables à un amendement de la constitution permettant à l’actuel président de rempiler autant de fois que possible. Tout le long de l’accueil, des notables ont demandé au président Aziz de « ne pas partir avant de parachever les grands chantiers » qu’il a mis en œuvre.

Concernant, l’autre problème, celui de la Société nationale industrielle et minière (SNIM), dont plus de 3000 travailleurs sont en grève depuis près de deux mois, le président mauritanien, épouse le point de vue de la direction de l’entreprise : les prix du fer ont chuté de 173 dollars US à 57 dollars US et aucune augmentation ne peut être envisagée pour l’instant. Ould Abdel Aziz indique que les prix des hydrocarbures ne peuvent pas être revus à la baisse « parce que l’Etat a, durant des années, subventionné ces prix à hauteur de 80 UM le litre ! Une mentalité de commerçant qui explique l’entêtement du pouvoir à laisser la direction de la SNIM compromettre, dangereusement, l’avenir de l’entreprise en refusant de dialoguer avec les travailleurs.


Départementales : la France vire à droite

Sarkozy, Le Pen et Valls (photomontage M6)
Sarkozy, Le Pen et Valls (photomontage M6)

Les résultats du premier tour des départementales françaises viennent de tomber et, comme attendu par les pronostics, le Parti socialiste, et plus généralement la gauche, cède encore plus une parcelle de son pouvoir. Les grands gagnants de ce scrutin ont pour noms UMP-UDI (coalition de droite) et FN. Certes, il faut attendre les résultats du deuxième tour, prévu dimanche prochain, pour avoir une idée plus précise du nouveau rapport de forces entre la droite et la gauche. D’ores et déjà, il est certain que le PS est hors sujet, à deux ans de la présidentielle à laquelle l’ancien président Nicolas Sarkozy sera certainement candidat. Revenu au-devant de la scène il y a quelques mois, en menant ce que d’aucuns considèrent comme une OPA sur l’UMP, Sarkozy s’était beaucoup investi dans ces départementales qui ont valeur de test pour lui.

Mais ce qui inquiète, c’est certainement cette percée remarquable du Front national qui pointe en deuxième position avec 26, 3 % et certains de ses responsables dénoncent cette sorte « d’amalgame » mettant dans la même escarcelle UMP, UDI et Modem qui pointent en tête avec 29, 2 % des voix !

Face à cette nouvelle défaite, certains députés du PS n’hésitent pas à appeler carrément à un changement de politique. Car, comme le dit un responsable du FN, « la leçon principale de ces résultats, c’est la grogne des Français ». On peut aussi retenir, comme autre leçon, que l’effet « Charlie » qui avait permis à François Hollande de remonter légèrement dans les sondages s’est vite estompé face aux vraies préoccupations des Français : l’emploi, la baisse des impôts et la santé.

 


La Mauritanie malade de ses élites

Cadres du parti au pouvoir (Crédit photo: Alakhbar)
Cadres du parti au pouvoir (Crédit photo: Alakhbar)

Je crois que nous faisons du tort à nos dirigeants. Je veux dire ceux qui nous gouvernent, le président de la République en premier. Je le dis parce que ce que j’ai vu au cours de cette « tour-ne¹ » du rais dans la wilaya du Hodh Chargui a fini par me convaincre, définitivement, que la Mauritanie est malade de ses élites.

Il suffit que la présidence annonce une visite à l’intérieur du pays pour que le branle-bas commence. Une sorte de « weylemak yal warrani » (gare au dernier) qui occupe tous les (ir) responsables de la République. Plus rien ne compte pour eux, à part les préparatifs de ce que feu Habib Ould Mahfoud appelle une « visitation ». Les responsables, les chefs tribaux, les hommes d’affaires et tous ceux qui croient détenir une parcelle du pouvoir entrent ainsi dans une compétition effrénée pour paraître. La règle est simple, simpliste même : j’accueille « bien », donc j’existe. Voilà : je décide d’abandonner mon poste une ou deux semaines avant la visite du président, je réunis mes « gens » (ma tribu) et j’appelle un organe de presse pour que l’œuvre de cette djemaa arrive jusqu’aux portes de la présidence. Je collecte une importante somme, car personne n’ignore qu’en matière de « bolletig² », au sens artisanal du terme, l’argent est le nerf de la guerre. Il faut être le premier à louer les services d’une télévision « peshmerga³ » qui sera en mesure de consacrer une heure d’antenne à notre rassemblement sous la tente, nos discours vantant les « réalisations grandioses » de notre guide éclairé et montrant, dans les moindres détails, la logistique tribale mise en œuvre pour réserver hystérique historique au rais.

On ne peut pas reprocher au premier des Mauritaniens de se prêter à ce jeu. Même s’il sait que c’est du cinéma, du théâtre qui a déjà été servi à d’autres avant lui. Par la même élite qui trouve son compte à tromper le peuple en lui faisant croire que tout nouveau est beau. Jusqu’au prochain changement. Un changement qui, depuis 1978, a toujours pris la forme d’une révolution de palais, si l’on excepte l’intermède « démocratique » de 2007.

C’est pour dire que si l’armée se sert toujours de l’élite politique pour faire accepter son OPA sur le pouvoir, la tribu, l’argent et le savoir se liguent pour se servir sans servir. Toute erreur, toutes difficultés rencontrées par le pouvoir seront alors la faute du président et de son Premier ministre ! Un confort politique qui permet à l’élite de botter en touche parce qu’en Mauritanie l’on fait porter la responsabilité de tout échec non pas au « responsable » (ministre, wali, directeur) mais à celui qui l’a nommé ! Même quand c’est cette élite-là qui, à l’occasion d’une visite présidentielle à l’intérieur du pays, empêche le rais de voir la misère du peuple.

 

1. Tournée, visite présidentielle à l’intérieur du pays.

2. Politique au sens de tromperie, ruse.

3. Nom donné par les journalistes filous en Mauritanie


SNIM : Les dessous de la plus longue grève dans l’histoire de la société

Travailleurs de la SNIM en grève (Photo : google)
Travailleurs de la SNIM en grève (Photo : google)

Qu’est-ce qui se passe, réellement, à la Société nationale industrielle et minière (SNIM) ? Je n’évoque pas ici le fait factuel de la grève de milliers de travailleurs, repris en long et en large, par des dizaines de journalistes et de commentateurs, mais de ce que cache le jeu d’un pouvoir qui laisse pourrir une situation des plus dangereuse pour l’économie nationale. Car, ne l’oublions pas, la SNIM est détenue à 78% par l’Etat mauritanien. Elle verse, bon an mal an, 90 milliards d’ouguiyas (285 millions USD) au Trésor public, soit 25% du budget de l’Etat !

Elle a également été souvent mise à contribution pour la réalisation de grands projets du gouvernement : hôpital régional de Nouadhibou (3 milliards d’UM), hôpital hépato-viral de Nouakchott (1,6 milliard d’UM), aéroport international de Zouerate (3 milliards d’UM), prêt de 15 milliards d’ouguiyas à la société Najah chargé de la construction du nouvel aéroport international de Nouakchott, sans oublier l’implication récurrente de la société dans le financement de la Mauritania Ailines (achat d’avions) de travaux routiers (par l’entremise de sa filiale ATTM, aujourd’hui au bord de la faillite) et de contribution au plan d’urgence EMEL (achat d’aliments de bétail).

Tous ces décaissements ont fini par éloigner la SNIM de sa raison d’être. Une action sociale qu’elle pouvait certes supporter quand les prix du fer sur le marché mondial étaient à leur plus haut niveau mais pas maintenant où ils suffisent à peine pour permettre à l’entreprise de ne pas succomber. La grande erreur de la direction de la direction de la SNIM est d’avoir pris des engagements, en 2014, sans tenir compte du fait que les prix des matières premières sont fluctuants. Et qu’ils ne dépendent surtout pas du vendeur mais de l’acheteur !

Maintenant la réalité est là. Que fallait-il faire ? La direction de la SNIM a-t-elle choisi la bonne option ? Les travailleurs ont-ils pris le bon risque ?

Je pense, sincèrement, que la direction (donc le pouvoir) ne nous dit pas tout sur la situation financière actuelle de la SNIM. On sait déjà qu’elle était mal partie pour réaliser, dans les délais, son fameux programme stratégique NOUHOUD par lequel elle visait une production de 40 millions de tonnes à l’horizon 2025 lui permettant de faire son entrée dans le top 5 des plus grands producteurs mondiaux de fer. Un plan de développement qui misait surtout, tout comme pour la promesse faite aux travailleurs aujourd’hui en grève, sur la bonne santé des prix du fer générant des ressources financières considérables. Une première alerte a pourtant été donnée avec le désistement de la société Xtrata renonçant à la location, pour un milliard de dollars US/an de la ligne ferroviaire de la SNIM pour acheminer sa propre production de Zouerate vers le port minéralier de Nouadhibou.

Ce sont donc les mauvaises prévisions qui ont amené la SNIM dans la situation de précarité dans laquelle elle se trouve aujourd’hui. Et la crainte de devoir reconnaitre ces erreurs d’appréciations peuvent bien pousser le pouvoir à laisser pourrir la situation pour mettre tout sur le dos de la grève. Une grève dont l’incidence est certes considérable en termes de pertes pour la société mais qui est loin d’égaler les financements que la SNIM a consentis à l’Etat depuis 2009.

 

La vente ou la privatisation de la SNIM est-elle envisageable ?

 

Le train de la SNIM, le plus long au monde (Photo: google)
Le train de la SNIM, le plus long au monde (Photo: google)

Maintenant que la crise est consommée, et que personne ne sait réellement où elle peut mener, les mauritaniens commencent à envisager le pire pour cette société créée en 1974 par la nationalisation des Mines de Fer de la Mauritanie (créées en 1952 par la France pour exploiter les gisements de minerais de fer dans la région de la « montagne de fer » Kedia d’Idjil, près de Zouerate).

La meilleure solution serait, sans aucun doute, la reprise rapide des activités de la société. Mais, pour cela, il faut que la direction de la SNIM soit contrainte par le gouvernement à s’asseoir à la table des négociations avec les grévistes pour trouver un compromis. Qui prendra l’allure de ni vainqueurs ni vaincus. C’est-à-dire reconnaitre aux travailleurs leurs droits, en vertu de l’accord signé en 2014, et s’engager à mettre en œuvre les clauses possibles, ici et maintenant, en fonction de la situation financière de la SNIM.

Mais le pire, c’est cette rumeur persistante, comme en 2007, d’une vente possible – ou d’une privatisation – de la SNIM. Du temps du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, qui n’a jamais fait cas, ouvertement, de la volonté de vendre la SNIM, cette « arme » a été retournée contre lui. Et l’on continue encore aujourd’hui à dire, à chaque occasion qui se présente, que c’est l’actuel président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui s’était opposé à cette liquidation. Alors peut-il se permettre ce qu’il aurait refusé à son prédécesseur alors qu’il n’était à l’époque que son chef d’état-major particulier ?

Si le Gouvernement qui possède actuellement 78 % de la SNIM (le reste appartenant à cinq organisations financières et minières arabes (dont le FADES et la BID) privilégie cette option, il devra avoir de solides arguments pour convaincre les mauritaniens sentimentalement liés à cette société qui représente 15 % du PIB de la Mauritanie et emploie environ 5 000 personnes.

Céder une bonne partie du capital de la SNIM, qui occupe le second rang des producteurs africains de minerai de fer avec une capacité annuelle de 13 millions de tonnes, à un partenaire stratégique équivaut à en faire une société commune comme Tasisat (propriété de Kinross) ou MCM (First Quantum) dont la maîtrise échappe totalement au gouvernement mauritanien.

Cette solution (de facilité) permettra au pouvoir d’avoir d’importantes ressources financières pour renflouer les caisses du Trésor public – et pouvoir financer de grands projets de développement aujourd’hui quasiment à l’arrêt – mais rencontrera, sans aucun doute, une forte résistance populaire, politique et syndicale aux conséquences imprévisibles.

 

Le train de la SNIM, le plus long au monde (Photo: google)


Mauritanie: la force de la rumeur

Indécision (Crédit photo ! google)
Indécision (Crédit photo ! google)

En Mauritanie, la parole est reine. Ce n’est pas qui ne dit mot consent. C’est qui ne dit mot n’est rien. La rumeur et l’informel font bon ménage. C’est bien ici qu’autrefois, du temps, aime à dire mon ami Alioune Sow, l’avenant patron en chef de la cuisine du journal, du temps, vous dira-t-il, où les ânes avaient encore des cornes, un vieil homme se glissa au fond d’un puits, après avoir pris le soin de s’assurer que personne ne l’avait vu, pour, vous allez rire, déguster un pou qu’il avait déniché dans sa blanche chevelure. De retour au campement, le vieillard trouva que la nouvelle s’y était déjà répandue aux quatre coins.

Ici, ne te fatigue pas, tout se sait ; ou par celle-là, ou par celle-ci. Les petites combines, avec n’importe qui, du chef d’arrondissement de Fassala, de Touil ou de Lekcheb se racontent aussitôt à Nouakchott.

Les indélicatesses de l’instituteur de la petite école de Galb Ejmel, à quelques dizaines de kilomètres au sud-ouest d’Oualata – à ne pas confondre avec Elb Ejmel, près d’Aleg – sont un secret de polichinelle pour les quatre tentes dressées à quelques encablures de Touajil. Les mesures individuelles, prises en conseil des ministres, sont connues la veille.

Certains connaissent bien à qui est revenue chaque ouguiya des trente millions que la Cour des Comptes réclame à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Ce n’est pas pour rien que la première parole d’un mauritanien BCBG est « Echtari ? ». On vous a dit. Il paraît. Qu’est-ce que tu as entendu ? Mon père, ma mère, mon frère… ensuite, une rumeur, une histoire, une extravagance. Trop parler, en Mauritanie, ne gâte rien.

C’est ne rien dire qui gâte tout. Il faut « ouvrir ». Avoir l’information. La rapporter. La colporter même. Mettre son nez partout. Etre le troisième des deux. Etre une « ville » d’information, comme qui dirait. Au point de tout savoir. Les femmes secrètes des responsables, dans les gazras. Leurs commissionnaires. Le nombre et les effectifs de leurs troupeaux. Leur lieu de transhumance. Les immatriculations de leurs voitures.

Qui a donné quoi à qui ? Qui a étranglé qui, dans son bureau ? Quelles femmes ont trompé quels maris ? Avec qui ? Où ? Pourquoi ? La provenance des mobiliers des maisons et ses prix. Le secret des nominations. Quels civils ? Quels militaires ? Les mariages ? Sont-ils de raison ou de désamour ? Qui est gendre de qui ? Pourquoi, après presque un mois de grève à la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM), le directeur général n’a pas été relevé ?

Qui le couvre ? De quelle confiance jouit-il ? Pourquoi les cheveux de certains responsables, surtout de l’UPR, sont tout noirs, alors qu’à leur âge, ils devraient avoir un ou deux cheveux blancs ou tendant vers la blancheur ? Pourquoi le siège de l’UPR n’est-il pas loin de celui de la Mauritanienne (TV nationale) ? Pourquoi y a-t-il deux oppositions ? Une souple. Une rigide. Une bombe. Une bouffée de sauvetage. Tout circule.

Les langues tournent. Et il y a une chose qui se dit en Mauritanie : tout ce qui se dit est fondé sur quelque chose. Pas de fumée sans feu. L’histoire de cet ancien haut fonctionnaire retraité qui propose ses services, dans les travées d’un ministère de souveraineté occupé par son beau-fils, serait, comme nous sommes, assis comme ça !

Les trois cent douze terrains de Soukouk que vendent, comme des petits pains, les samsaras¹, appartiendraient, racontent les gens, aux affaires, très nombreuses, d’une très grande dame de cette République. Pour les rapprocher du goudron, afin de les valoriser, le plan officiel a été tripatouillé.

La rumeur (fondée sur du béton) raconte qu’un ancien propriétaire d’un de ces lots « s’est noué la tête »², lorsqu’il découvrit que son terrain avait décidé de se déplacer à plusieurs centaines de mètres à l’ouest du goudron, alors qu’il était à cinquante mètres à l’est de celui-ci ! Les légendaires colères du Président.

Ses diatribes, publiques, contre ses ministres. Les oreilles spécialisées du colportage étaient bien là, bien accrochées au mur de la grande salle du conseil, pour tout entendre : oui, il y aura bien le dialogue. Pas de lignes rouges. Aucune. Y a rien entre nous et l’opposition. Si vous voulez devenir opposant, rien ne vous en empêche. Astaghfiroullahi. Astaghfiroullahi³.

 

Sneiba El Kory (Le Calame)

 

1.Courtiers

2.Perdre les repères

3.Pardonne-moi mon Dieu

 

 

 


César : « Timbuktu » fait beaucoup d’heureux « gagnants »: la Mauritanie, la France, le Mali, l’Afrique

Le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako
Le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako (Crédit photo : Reuters)

Timbukti, le film d’Abderrahmane Sissako rafle 7 César sur 8 possibles : meilleur film, meilleur scénario, meilleur montage, meilleure photo, meilleure musique, meilleur réalisateur, meilleur son.

C’est d’abord un véritable triomphe pour l’auteur de ce que les critiques qualifient de « fable » inspirée de la réalité : l’occupation de la ville malienne de Tombouctou par les groupes extrémistes islamiques. Bravo donc à Abderrahmane Sissako pour ce coup de génie. Il permet à la Mauritanie d’être citée aujourd’hui comme le pays de l’auteur à succès dans le domaine du cinéma, alors que, dans l’histoire récente, elle a toujours figuré dans l’actualité comme le pays des crises, des coups d’Etat à répétition.

Sans doute aussi que c’est une aubaine pour les médias publics mauritaniens qui trouvent là matière à prolonger la propagande profitant au pouvoir en place à Nouakchott. Après le succès à la tête de l’Union africaine, la Mauritanie va également surfer, plusieurs semaines durant, sur les lumières que projettent les César à un pays en crise.

Et je commence à croire, comme beaucoup de mauritaniens, que le président Mohamed Ould Abdel Aziz est béni. Surtout qu’il a apporté un précieux soutien à Abderrahmane Sissako  – son conseiller culturel à la Présidence – dans la réalisation de Timbuktu, en lui permettant de faire le tournage à Oualata, ville de l’est mauritanien et en lui assurant la protection d’une unité de l’armée mauritanienne.

On peut dire donc, que, sans ce soutien, Abderrahmane Sissako, aurait eu des difficultés certaines à réaliser son film dans la ville même théâtre des évènements qu’il cite dans son œuvre. Pour le reste, disons aussi que Timbuktu, en course aussi pour les Oscars, est un succès pour l’Afrique tout entière. Car jamais un film africain n’a eu de tels succès sur le plan international.

C’est également une fierté pour le Mali, pays d’origine du père d’Abderrahmane Sissako, qui y a passé une partie de sa jeunesse et en a fait le cadre de son autre film à succès « Bamako ». Timbuktu, c’est le triomphe de la France, patrie d’accueil d’Abderrahmane Sissako, sans laquelle il ne serait probablement  pas devenu le grand cinéaste qu’il est aujourd’hui.

Ce film est, enfin, le triomphe de l’humanité car il dit, avec de beaux mots et de belles images, « Non » à l’extrémisme  et à une image dégradé de l’Islam.