Mohamed SNEIBA

Mauritanie : Le Grand Cirque des Villes Anciennes

Arrivé du président Aziz à Atar, en route pour Chinguetti (Crédit photo: AMI)
Arrivé du président Aziz à Atar, en route pour Chinguetti (Crédit photo: AMI)

La cité historique de Chinguetti accueille cette année, du 04 au 10 janvier, la cinquième édition du Festival des Villes Anciennes qui concerne, outre cette ville, les autres cités historiques de Ouadane, Oualata et Tichit.

C’est le président Mohamed Ould Abdel Aziz qui avait « décrété » en 2010 que ces villes qui ont sérieusement pâti de la désaffection de la Mauritanie par les touristes occidentaux depuis 2007, suite aux attaques terroristes de Lemghaïty, Ghallaouy et Tourine, vont accueillir cette manifestation qui draine vers elles tous les décideurs politiques et économiques du pays. Car là où va le Rais, la Mauritanie va. Elle l’a fait avec Haidalla, Taya et Sidi¹ et elle estime avoir mille et une raisons de le faire avec Aziz. Lutte contre la gabegie, réforme agricole, santé, éducation et maintenant retour au terroir. Même forcé. Même pour quelques jours. Chinguetti, localité de moins de cinq mille habitants, perdue dans le désert de l’Adrar mauritanien, va devenir, le temps d’une visite présidentielle, la capitale du pays. « Ministrés », notables des autres wilayas, élus, gradés de l’armée, hommes d’affaires, artistes et intellectuels de premier, deuxième ou troisième degré, vont rivaliser d’adresse dans tout, sauf la culture censée pourtant être la raison d’être de ce festival qui a plutôt l’allure d’un Grand Cirque. Le président de la Fédération mauritanienne de tir à la cible, Mohamed Salem Ould Ely Vall, l’a bien dit, sur une chaîne locale, et à la veille du lancement de cette cinquième édition du festival des villes anciennes : « Les personnalités qui viennent resteront à peine deux jours, le temps de la visite du Raïs, et s’empresseront de rentrer à Nouakchott, sans attendre la fin des activités culturelles et artistiques ». A croire que leur seul objectif était d’être venus et…d’être vus.

Cité  historique de Chinguetti (Photo: google)
Cité historique de Chinguetti (Photo: Arnaud Bernard)

Pourtant, ce Grand Cirque rapporte beaucoup. Il est l’occasion rêvée pour beaucoup de « se sucrer ²» sur le dos du pauvre contribuable. L’Etant engage des montants énormes pour favoriser, le temps d’un festival, le développement local mais les prélèvements, à tous les niveaux de la chaîne des intervenants, diminuent considérablement le profit que les habitants de la localité visitée tirent de ce festival. Seules les réhabilitations de vieux bâtiments et l’argent (40 millions d’ouguiyas) versé aux familles qui reçoivent les hôtes, leur arrivent directement. Les préparatifs en amont, au niveau de Nouakchott, profitent plutôt à ces fonctionnaires véreux qui, sevrés par Ould Abdel Aziz et ne pouvant plus dilapider comme avant leurs budgets de fonctionnement, trouvent là l’occasion de se servir au lieu de servir. Ils auront seulement réussi, dix jours sur 360, à donner l’illusion à ces pauvres populations que l’Etat veille sur eux, que le développement est en marche, alors que, dans la réalité, c’est une manifestation folklorique qui ne rime à rien. On aura chanté et dansé nuit et jour pour transcender la réalité d’un vécu des plus durs. Mais le rêve prend toujours fin. En attendant le prochain festival.

1. Trois anciens présidents mauritaniens.

 2. Détourner


Affaires d’apostasie en Mauritanie : gains et pertes pour le pouvoir

Ould M'khaytir, condamné à mort en Mauritanie pout apostasie (Photo: google)
Ould M’khaytir, condamné à mort en Mauritanie pout apostasie (Photo: google)

Ould M’Khaytir a finalement été jugé, un an après son arrestation pour apostasie. Jugé et condamné à mort comme attendu également. Une condamnation à la peine capitale qui restera tout de même symbolique devant servir seulement à apaiser les esprits dans un pays qui se présente au monde comme une « République islamique ». Ould M’Khaytir ira grossir les rangs des dizaines d’autres Mauritaniens condamnés à mort, mais qui, en réalité, purgent une peine à perpète. En attendant une grâce présidentielle, un changement de régime, peut-être par putsch, comme cela a souvent été considéré en Mauritanie comme la voie « normale » ou par révision de leur procès.

En examinant les gains et pertes de ce procès où le pouvoir a joué à « qui perd gagne », on se rend compte que la condamnation à mort d’Ould M’Khaytir a fait gagner des points au président Mohamed Ould Abdel Aziz. Le célèbre prêcheur, Mohamed Ould Sidi Yahya, a sorti une nouvelle cassette dans laquelle il félicite le pouvoir mauritanien pour avoir appliqué la chari’a. Par la même occasion, il rend hommage à une justice « qui a fait preuve d’indépendance » ! Il s’est quand même repris pour atténuer ce jugement en disant « aleykoum bi adhawahir » (du moins à partir de ce qu’on voit). Les milliers d’adeptes du cheikh, généralement pas tendre avec le (s) pouvoir (s) en Mauritanie, vont sans doute se sentir redevables au président Ould Abdel Aziz d’avoir exaucé leurs vœux de voir Ould M’Khaytir condamné à mort. C’est donc une exploitation politique d’une affaire judiciaire qui vient à point nommée pour détourner les Mauritaniens des difficultés économiques qui commencent à pointer à l’horizon : retard dans l’exécution de grands projets, chute du prix du fer, non- reconduction de l’accord de pêche avec l’Union européenne mais surtout, une série de scandales qui portent sur le détournement de près de 6 milliards d’ouguiyas (15 millions d’euros) au ministère des Finances et à la Somelec (Société mauritanienne d’électricité). Ce n’est qu’un répit certes, mais une période de grâce qui permet au gouvernement actuel de voir venir. Surtout qu’il y a également l’autre procès, celui de Biram Ould Dah Ould Abeid, engagé presque en même temps que celui d’Ould M’Khaytir. Le président de l’Initiative pour la Résurgence d’un mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA) et ses compagnons encourent une peine beaucoup plus clémente (3 à 5 ans de prison ferme) mais la tension est tout aussi grande. Biram évoque la question très sensible de l’esclavage, et de façon générale, des droits de l’homme en Mauritanie. Un combat qui a permis à l’homme d’acquérir une renommée internationale (lauréat du Prix des droits de l’homme de l’ONU, en 2013) et de pouvoir compter sur une mobilisation internationale en cas de bras de fer avec le pouvoir. Déjà, l’Union européenne a rendu publique une résolution non contraignante demandant à Nouakchott de libérer les militants d’IRA. Nouakchott s’en est offusqué et le président Aziz a même lié cette prise de position de l’UE avec le « désaccord » de pêche qui pousse les navires de l’Union à quitter la ZEE mauritanienne et prive la Mauritanie de plus de 100 millions d’euros sur deux ans.

On comprend donc très bien pourquoi le pouvoir n’a pas voulu juger Biram sur « l’autre affaire », c’est-à-dire, l’incinération des livres du rite malékite et rapprocher son cas de celui d’Ould M’Khaytir. Cela lui aurait créé une situation inextricable à l’extérieur du pays avec un homme dont le réseau de relations va de la France aux Etats-Unis en passant par l’Italie, l’Allemagne et la Belgique. Rien à voir avec un Ould M’Khaytir, surgi du néant pour venir alimenter un débat (celui des inégalités sociales en Mauritanie) qui divise depuis la nuit des temps.

Car il ne faut pas croire que cette affaire est seulement d’essence religieuse. La chari’a, au nom de laquelle on condamne Ould M’Khaytir, n’est pas appliquée dans tous les cas. Allah recommande de ne pas tuer, de ne pas voler, de ne pas boire du vin, de s’éloigner de l’adultère et du mensonge. Et pourtant, le meurtre, le vol, le viol et la fornication alimentent les pages « faits divers » des journaux en Mauritanie. Pour certains de ces crimes, la chari’a exige la peine de mort, mais l’on feint de l’ignorer en appliquant plutôt la loi des hommes.


Autour d’un thé : Le passé, c’est le passé

Aziz lors de la signature de l'accord mettant fin à la crise politique, en 2008.
Aziz lors de la signature de l’accord mettant fin à la crise politique, en 2008.

« N’est jamais content celui qui se remémore », nous enseigne un adage populaire. Une invitation claire à ne jamais prendre le risque de revenir en arrière, comme on aime à dire en Mauritanie. Il faut regarder l’avenir en face. Aller en avant, quoi. Pas aller en arrière. A reculons, c’est, dit-on, la marche des gens de l’enfer.

Le passé, c’est le passé. Simple ou compliqué. Laissons le passé dormir tranquillement. Les choses du passé, c’est pas la peine de les défaire. Seul le présent vaut la peine d’être vécu. Commençons par le commencement. Le passé des présidents du monde. Les plus grands.

Les plus illustres. Entre l’Obama, étudiant noir timide et Obama puissant président des Etats-Unis, y a pas photo. Si l’on va plus loin dans le passé, on va remonter à la traite négrière et ce n’est pas bon. François Hollande des années quatre-vingt, anonyme, petit militant PS, fonctionnaire ordinaire. C’est pas comme maintenant, président d’une puissance mondiale, séducteur chevronné et homme politique de renom.

Le passé, c’est une chose. Le présent, c’en est une autre. Evidemment, évidemment que le temps passe, comme dit Maxime le Forestier. Ou Francis Cabrel ? En tout cas, si ce n’est l’un, c’est donc l’autre, comme dit Miché Kankan ou mon ami Gohou.

Certains présidents étaient, par le passé, des chaudronniers, des amuseurs publics, des joueurs de cauris, des danseurs de Sabar (danse wolof), de simples agents publics, des envoyés spéciaux, des empêcheurs de tourner en rond. Mais, aujourd’hui, ils sont présidents en bonne et indue forme.

Allah fasse que nos connaisseurs meurent ou oublient ! C’est pas seulement les anciens présidents qui ont un passé. Même les gens de l’opposition ont le leur. Pouvoir/Opposition puis pouvoir puis opposition puis COD puis FNDD puis CAP puis FNDU puis pouvoir puis rien puis quelque chose de peu clair puis dialogue puis élections puis boycott puis institution de l’opposition puis éclipse totale puis un pied ici et un pied là.

Les ministres aussi ont un passé. Pas maintenant. D’anciens peshmergas¹. D’anciens commissionnaires. Détenteurs de bourses de voitures. Vendeurs de terrains. Squatteurs chevronnés de places publiques. Patrons de bureaux de change. Intermédiaires. Facilitateurs. Mais ça, c’est le passé. Heureusement d’ailleurs anciens « gabegistes ». Vive la prescription. Vive la non-rétroactivité. Vive le passé. N’insultons pas le temps. Ne le provoquons surtout pas. Il est capable de tout dévoiler, le temps. Il n’est le sac de personne². Les personnes sont les gardiens des autres. Leurs bergers. Leurs chevriers.

Quelles relations, entre les droits de l’homme et le poisson ? Génial président. Birame et la convention de pêche entre l’Union Européenne et la Mauritanie. Pour bien négocier sa convention, l’Union Européenne vote une résolution contre la Mauritanie. Quel génie ! Quelle trouvaille ! Et les condamnations pleuvent. Souveraineté.

Ingérence. Indépendance. Autonomie. Quelle logique ! Union Européenne, Union Africaine, Nations Unies interviennent pour faire endosser un coup d’Etat, à travers des résolutions, des communiqués, des pressions et des interférences avérées, c’est bon, c’est pas une ingérence, c’est de bons offices, pour faire revenir la légalité et la constitutionnalité.

 Personne ne pipe mot. Ni le Parlement, ni aucune institution. L’Union Européenne demande la libération d’un militant de droits de l’homme. Indignation présidentielle. Condamnations spontanées de toutes les institutions. Appel au respect de la souveraineté nationale. Ingérence étrangère dans les affaires d’un pays indépendant.

Aberrante logique. Poisson. Birame. Dialogue. Convention. Paix sociale. Crise. Le président sait distinguer le bon grain de l’ivraie. Entre le bon moment et le mauvais moment.

Le bon militant des droits humains et le mauvais, au passé douteux et aux pratiques reprochables. Le bon chef de file de l’opposition et le mauvais. Le président sait faire et défaire. Sait promettre au bon moment. Puisque, juste après, tout sera du passé. Et le passé, vaut mieux ne pas trop en parler.

Sneiba El kory (Le Calame)

COD: Coordination de l’opposition démocratique

FNDD :Front national pour la démocratie et le développement

CAP: Coalition pour une Alternance Pacifique

FNDU ; Front national pour le développement et l’unité

1. Nom donné en Mauritanie aux « journalistes » non professionnels.

2. Se dit d’une personne qui ne sait pas garder un secret


Lettre à mon ami BBR : on emprisonne un homme mais pas ses idées

Brahim Bilal Ramdane, vice-président d'IRA en prison à Rosso (Photo: google)
Brahim Bilal Ramdane, vice-président d’IRA en prison à Rosso (Photo: Google)

Triste de te savoir en prison depuis plus d’un mois déjà. Pourquoi ? On m’a dit – ou plutôt j’ai lu dans notre « presse pressée » alors que je me trouvais à Tunis – que tu participais à une marche dénonçant l’esclavage foncier en Mauritanie. Rien que ça ? On t’a arrêté pour rien. Tu as fait pire, dans la défense de tes frères haratines, je pense, mais les autorités t’ont toujours laissé libre de tes mouvements. Et de ta parole qui impressionnait même ceux qui s’affichaient comme tes contradicteurs les plus farouches. C’est pourquoi je pense que ton arrestation et celle de Biram ont été planifiées de longue date. Pour servir d’autres desseins. Ton discours – qui est également celui d’IRA – a toujours été choquant. Oui, choquant, mais juste. Il disait une vérité que beaucoup ne voulaient pas entendre pour ne pas avoir à lui chercher la bonne solution. Une solution qui ne peut venir que de nous tous. Ça aussi tu le dis en filigrane dans ton discours, mais ceux qui ne veulent pas t’entendre (te comprendre), ne retiennent de ton Verbe que ce qui arrange leur propagande ségrégationniste.

Je sais que ta révolte contre le Système est largement justifiée. C’est une lutte contre l’injustice qui a fait qu’un bon professeur comme toi, expérimenté, parce que bien formé à la vieille ENS de Mme Bâ, est encore obligé de « manger la craie » alors que d’autres, qui avaient mille et un problème pour « tenir une classe », ont été catapultés inspecteurs, directeurs, conseillers et même, comble de l’ironie, « ministrés ». C’est le lot des perfectionnistes comme toi, maîtrisant trois langues (arabe, français, anglais) que d’être marginalisés quand ils ne sont pas fils d’une « grande tente ». Ou d’une « grande case », c’est selon.

Ce n’est pas la faute d’un pouvoir (celui-là ou un autre) mais du Système que tu dénonces depuis le temps d’El HOR, du FDUC et de l’UFD. Tu as toujours dénoncé avec conviction les tares sociales qui font que certains pensent qu’il y a Mauritaniens et mauritaniens. La prison dans laquelle tu croupis avec tes compagnons ne te forcera pas à renoncer à ces principes qui, souvent, mènent de la révolte à la révolution. Quand ils seront partagés par tous les opprimés du Système. Qu’ils soient blancs ou noirs. De l’est à l’ouest et du nord au sud. Quand les Mauritaniens retrouveront cette fraternité perdue qui les poussait, naguère, à défendre les causes justes.

El Hor : Mouvement de libération et d’émancipation des Haratines

FDUC : Front démocratique uni pour le changement

UFD : Union des forces démocratiques

IRA : Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste 


Autour d’un thé : Variations sur le rire

L'illusion et la réalité (Photo : google)
L’illusion et la réalité (Photo : google)

Les histoires à faire mourir de rire en Mauritanie ne manquent pas. C’est d’ailleurs tout ce qui ne manque pas. Le rire, chez nous, occupe une place spéciale dans le quotidien. Il fait rire. J’ai envie de rire. C’est à faire mourir de rire. C’est peut-être pourquoi tout est rire.

Rien n’est sérieux. Rien ne vaut la peine, surtout si ça ne fait pas rire. Au moins ça fait rire, entend-on dire souvent. Mes frères, quelque chose où il n’y a pas de rire ne vaut pas la peine. Il est mort de rire. Le groupe a éclaté de rire.

Les dernières se racontent à chaque coin de rue. On se les passe. On se les repasse. Certains sont devenus des spécialistes du faire rire. Quasiment tout le monde fait rire, en Mauritanie. C’est la règle. C’est la vertu. C’est la thérapie même.

Il paraît, selon les Mauritaniens, que le rire allonge la vie, soigne les maladies, règle les problèmes. Les émirs avaient leurs bouffons. Les marabouts, leurs clowns. Le peuple, ses baladins.

C’est la culture du rire. Elle est restée. C’est pourquoi, chez nous, rien n’est plus grand que cela. Tout est ordinaire. Seul le rire compte. Tout le monde fait rire en Mauritanie.

Il y a juste quelques jours, un parlementaire a fait rire tout le monde, en déclarant que nos médecins sont mieux formés que les médecins français, grâce à notre prestigieuse Faculté de médecine et à nos ô combien brillants professeurs. Selon lui, la raison en est toute simple : nos médecins testent sur les humains.

Leurs cobayes sont les citoyens. Alors que les autres expérimentent sur des poupées. A mourir de rire. Guinness des bêtises. Prix Nobel des bourdes. L’essentiel est que ça fasse rire. Les actes et les paroles qui font rire sont légion, dans l’histoire du pays.

Paroles célèbres, du style « A tel pays, telle armée », « Si tu manges ce riz avarié, je te libère¹ », « C’est toi qui m’as dit de faire un coup d’Etat² » ou encore « Le BASEP, c’est nous ». Ça fait rire, tout ça. L’année 2015 : Année de l’enseignement.

Pour cela, construction d’une trentaine d’établissements secondaires. Quelques bureaux pour l’inspecteur départemental d’El Mina. Des portes pour certaines écoles de Nouakchott.

A faire mourir de rire. Donc, l’année 2015, Année de l’enseignement. Eradication des séquelles de l’esclavage. Mille sermons. Il n’y aurait même pas eu la moitié. Les imams semblent rebelles. Il paraît qu’ils réclamaient des perdium ou perdia, comme curriculum, curricula.

Constructions de salles de classes. Diguettes de rétention. Mosquées. Mahadras. Mission de toute l’équipe de Tadamoun. Frais de mission obligent. Cérémonies officielles de réception des édifices, sur fond de folklore, entre esclaves tout joyeux et responsables en saharienne, comme accoutrement du président. Pour faire comme le chef, quoi.

C’est bon, c’est réglé, c’est rigolo. Enseignement, c’est ok, puisque l’année 2015 a été déclarée Année de l’enseignement. L’esclavage, c’est ok, puisque Tadamoun a construit des classes, des mosquées et des digues dans les adwabas.

 Le passif humanitaire, c’est ok, puisque le Président a prié à Kaédi. L’unité nationale, c’est ok, puisque nous sommes comme l’œil : son noir a besoin de son blanc, nous racontent certains plaisantins de la cour. La démocratie, c’est ok, puisque le Président a reçu le chef de file de l’opposition.

La santé, c’est ok, puisque nos médecins sont mieux formés que leurs homologues français. L’argent, c’est ok, puisqu’il y a de nouveaux billets. Les conditions des fonctionnaires, c’est ok, puisque les augmentations de salaire, c’est pour janvier prochain.

La diplomatie, c’est ok, puisque Mohamed Ould Abdel Aziz est président de l’Union africaine. La presse, c’est ok, puisque son fonds de soutien est sorti. Etat civil, ok, puisque tout le monde s’enrôle maintenant. Passeport en cinq à six jours : tarif normal de trente mille, plus frais de gardien et du planton (entre trois à quatre mille).

Passeport « dioni dioni³ », maximum vingt-quatre heures : Ce sur quoi deux se sont entendus : Parfois cent mille, parfois soixante mille. Ah, qu’est-ce qu’on rigole ! A mourir de rire. En ce bas monde, il n’y a que le rire.

Sneiba El Kory (Le Calame)

1. Le président Aziz l’avez dit à un ancien Premier ministre accusé, à tort ou à raison, dans une histoire dite du « riz avarié ».

2. Réplique du président Aziz à un célèbre opposant.

3. Tout de suite, en pulaar.


Autour d’un thé : Vous avez dit augmentation des salaires ? « qu’Allah fasse les vies devant » !

Liasses de billets ouguiyas (Photo : google)
Liasses de billets ouguiyas (Photo : google)

La Mauritanie serait classée, dit-on, à la 146ème place des pays les plus indélicats. Là où, si tu déposes un avis, on te le vole et où tout devient œil blanc, aussitôt qu’on le voit. Au pays de la lutte contre la gabegie, à la chasse des prévaricateurs, de la recherche des fourbes et des Juda, c’est le branle bas.

Surtout depuis maintenant deux semaines que des scandales éclatent quasiment de partout. La Somelec, avec la dilapidation de plus de quatre cents millions d’ouguiyas. Et ce n’est, semble-t-il, que la partie apparente d’un iceberg de plusieurs milliards.

Mais c’est ça, la technique du camouflage. Manger sans laisser de traces. S’effacer soigneusement la bouche. Et laisser « mourir » de pauvres mesquins, en attendant de bien « nettoyer les carreaux »¹ et de suivre, doucement, les petites informations qui viennent du côté de la forteresse.

Pas la peine de revenir sur cette fastidieuse histoire de gabegie, de détournement, de vol. Si la Chari’a n’était pas en panne, la Mauritanie ne serait pas certainement ce qu’elle est aujourd’hui. Pourquoi ? D’abord, peut être que ceux qui ont fait, refait et défait son histoire, durant ces toutes dernières années, se seraient retrouvés manchots des deux mains ; moins un pied, peut-être même.

Donc, civils ou militaires, ils allaient être reformés et reversés à la retraite. Impossibilité totale de bouger. Les autres, camouflés comme des jujubes dans des acacias, pour ne pas être reconnus.

Les autres, les anciens des anciens systèmes qui « blatèrent » injures, blasphèmes et méchancetés sur les prévaricateurs, nouvelle version, en « ruminant » tranquillement les restes de leurs butins.

Ceux-là seront inévitablement rattrapés par leur histoire. Les agresseurs d’un sénateur viennent d’écoper d’une peine de dix ans de prison ferme, assortie d’une amende de plusieurs centaines de milliers d’ouguiyettes.

Des prisonniers anonymes sont oubliés dans les tréfonds de certaines prisons, pour de petits larcins sans valeur : un téléphone « Nebeykouh » (2 à 3000 UM), un âne, un pneu, une jante ou une clé USB. Des fonctionnaires sont « tombés », pour avoir acheté quelques balais, quelques sceaux, quelques serviettes.

Sans justificatifs. Sans avis d’appel d’offres. Sans commissions de marché. Une véritable histoire des animaux malades de la peste. Les auteurs du crime d’esclavage, dans l’affaire Yarg et Saïd par exemple, n’ont écopé que de deux ans et d’une amende. Puis liberté provisoire, après trois à quatre mois de détention.

En haut ? Ça vient d’en-haut, entend-on souvent dire. Un en-haut très clément envers les forts. Un en-haut qui n’écoute pas les pauvres. Un en-haut sans logique, sans référentiel raisonnable, sans envers, sans un droit.

A les répéter, les choses deviennent fades. Mais que faire d’autre ? Laisser tomber ? De si haut ? D’en Haut ? C’est de là que nous venons. Il ne sert à rien de tourner en rond. Sortons de l’auberge. Avançons. Comme toujours, depuis six à sept ans. L’histoire commence par là.

Puisque l’histoire commence par là, les gros scandales, qui brassent des milliards, on en parle sans les voir. Comme le diamant rouge. Beaucoup de bruit pour rien. Nous entendons un bruit, sans apercevoir de farine.

Ah, si ! Il y aura, de la farine, d’ici quelques semaines, en janvier 2015 ! Le président de la Mauritanie, président en exercice de l’Union Africaine (ce que les organisateurs du dernier Sommet de la Francophonie ne semblent pas savoir), l’a annoncé, au cours de son discours, à l’occasion du cinquante-quatrième anniversaire de l’indépendance.

L’augmentation des salaires, ça, c’est une bonne poignée de farine ou de poudre aux yeux ! Les fonctionnaires seront saupoudrés, pour la énième fois. Allah fasse que cela ne les aveugle pas. Pas de pessimisme. Non, mais « qu’Allah fasse les vies devant »² ! Pour voir de combien elle sera, cette augmentation.

Vous savez, elles ont un nom, les augmentations : l’augmentation de Haïdalla, l’augmentation de Maouiya, l’augmentation d’Ely. Vivement l’augmentation d’Aziz. Allah fasse les vies devant ! Mais attention, « ne portez pas de dettes » sur cette augmentation : attendez de savoir. C’est un conseil d’ami.

Sneiba El Kory (Le Calame)

1. Tout voler.

2. Veut dire: qui vivra verra


Lettre ouverte au président Aziz : Pour ne pas compliquer « l’affaire Biram »

Biram Dah Abeid, président d'IRA (Photo: google)
Biram Dah Abeid, président d’IRA (Photo: google)

Monsieur le président,

Beaucoup ont déjà écrit dans ce qui est devenu aujourd’hui « l’affaire Biram » mais à des fins uniquement partisanes. Pour ou contre l’incarcération du président de l’Initiative pour la résurgence d’un mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA) et ses camarades. Certes, ce n’est pas la première fois que cet homme, qui dit défendre la cause des Haratines en Mauritanie et dénonce l’esclavage dont certains continuent encore à subir les affres, goûte aux incommodités de la prison, mais son arrestation d’il y a un mois risque d’avoir des conséquences très lourdes pour le pays.

Monsieur le président,

Si l’on s’achemine, véritablement, vers un procès l’on risque de faire à la Mauritanie une mauvaise publicité dont elle n’a pas besoin. Vos conseillers vous ont-ils dit, réellement, ce que cela fera comme tintamarres à l’extérieur, dans des contrées qui ignorent tout de la Mauritanie, et qui apprendront, par voie de presse, qu’un procès d’un autre âge a cours dans notre pays ?

Biram a toujours parlé de l’esclavage. Il a toujours dénoncé et même menacé mais votre pouvoir a toujours eu la sagesse d’inscrire ses écarts de langage dans le cadre de cette liberté d’expression qui vous est chère. C’était incontestablement l’un des points forts de votre politique : laisser les hommes politiques et les défenseurs des droits de l’homme dire ce qu’ils pensent mais ne pas faire ce qu’ils veulent.

Monsieur le président,

Il faut que cesse, une fois pour toutes, l’exploitation dans tous les sens de la question de l’esclavage. Il faut surtout que cesse cette implication intéressée des Haratines rangés du côté du pouvoir, qui n’interviennent dans ce genre de débat que pour des faire-valoir. A la radio, à la télévision, dans les sites et les journaux, ils se ridiculisent en niant une réalité que vous-mêmes avez reconnue en créant l’agence Tadamoun (Solidarité) et les tribunaux chargés de juger les cas d’esclavage, justement pour que cessent ces pratiques d’un autre âge et pour que leurs victimes retrouvent un semblant de dignité.

Monsieur le président,

Biram et son organisation ne constituent pas un danger, contrairement à ce que l’on essaie de vous faire croire. Tout simplement, parce que la majorité des Haratines, pour ne pas dire des mauritaniens tout court, ne partagent pas son approche. Les questions d’intérêt national ne peuvent être réglées que par les mauritaniens dans leur ensemble et l’on doit se réjouir de voir que la question de la lutte contre l’esclavage, ou de ses séquelles, pour ne pas ne pas verser dans une querelle de terminologies, est en train d’être assumée par tous.

Monsieur le président,

Maintenir Biram en prison, le condamner ou le tuer même ne constitue pas LA solution, comme certains essaient, vainement, à vous le faire croire. Vous risquez, tout au plus, de donner plus de poids à son combat sur le plan international. Et je ne sais si vos conseillers vous ont dit qu’il fait aujourd’hui la Une du Foreign Policy, aux USA, de l’Obs en France et de Jeune Afrique. Le meilleur moyen de le « contenir » est de le laisser libre de ses mouvements et de continuer à agir dans le sens de la « réparation » de préjudices subis par une communauté mais dont vous n’êtes nullement responsables. Toutes autres actions sont faites contre vous, dans l’unique objectif de travestir votre parcours, exactement comme cela a été le cas pour Taya, avec l’arrestation de Cheikh Deddew, le 25 avril 2005. Avec les conséquences que l’on sait.

Sneiba Mohamed

Journaliste free lance


Le discours de la Baule revisité par François II

François Hollande et ses pairs africains, Dakar 2014 (Photo : google)
François Hollande et ses pairs africains, Dakar 2014 (Photo : google)

La sommation faite le 29 novembre 2014 par François Hollande à ses pairs africains nous ramène un quart de siècle en arrière. Le 20 juin 1990, quand François Mitterrand avait poussé, dans son célèbre discours de la Baule, la quasi-totalité des autocrates africains de l’époque à s’essayer à la démocratie. Je dis bien « s’essayer », car 25 ans plus tard, l’Afrique donne encore l’impression de faire du surplace.

Certes, la plupart de ceux qui étaient là quand « François 1er » avait ordonné : « Démocratisez pour pouvoir continuer à bénéficier de l’assistance de la France » ne sont plus là, mais les systèmes, les « démogachis » qu’ils ont mis en place pour ne pas se soumettre à ce néocolonialisme sans détour n’ont pas consacré la chute du « mur africain » après celle deux ans plutôt du Mur de Berlin. La preuve est sans doute en cette difficulté pour les oppositions africaines de provoquer l’alternance de manière pacifique. A chaque fois, c’est l’armée ou la rue qui balaie un pouvoir qui avait un « habillage » démocratique que les pays occidentaux les plus regardants traitaient pourtant comme des régimes normaux. Ce fut le cas en Mauritanie (en 2005 et 2008), en Guinée (2008), à Madagascar (2009), en Tunisie (2011), au Mali (2012)et récemment au Burkina Faso.

Une telle situation, une telle résistance à aller à la vraie démocratie, me pousse à donner raison à François II, même si on peut considérer que la manière était un peu… gauche. « Ne manipulez pas vos Constitutions pour vous maintenir au pouvoir » n’est certes pas différent de « démocratisez sinon », mais c’est une différence de contextes. François Hollande est un président qui, chaque jour, perd un peu plus le contrôle politique de son pays, atteignant le plus bas taux de popularité selon les sondages. Pourrait-il alors se faire entendre dans une Afrique où le pouvoir rend fou? A tel point qu’après 42 ans de règne sans partage, Kadhafi avait pris les armes pour ne pas « dégager », finissant tout de même comme on sait, et que Blaise Compaoré, après 27 ans de pouvoir s’entête à faire fi de la preuve de défiance qu’un million de Burkinabè lui ont démontrée en sortant dans la rue.

En réalité, la France peut tout et ne peut rien. Elle peut cesser de s’adapter aux situations, bonnes ou mauvaises pour elle, pour faire comprendre à nos dirigeants que rester au pouvoir est une affaire de mérite. Que la stabilité de leurs systèmes est inhérente non pas à la perception de la France mais à la manière dont ils gouvernent. Elle ne peut rien contre la folie des hommes, la passion satanique du pouvoir qui habite chaque dirigeant africain une fois arrivé au sommet de l’Etat. Elle ne peut rien contre la corruption des élites de ces pays qui s’accommodent de tous pouvoirs et entretiennent les peuples dans leurs illusions de démocratie, de liberté, de justice et de développement.

 

 

 


Nouakchott : Une ville, trois gouvernorats

Nouakchott, capitale politique de la Mauritanie (Photo: google)
Nouakchott, capitale politique de la Mauritanie (Photo: google)

Héhéhé, Aziz, notre président, a encore frappé fort, très fort même. Nouakchott, notre chère « capitaal » (en hassaniya) sera désormais…trois Nouakchott ! Oui, oui, vous avez bien entendu. Trois Nouakchott, c’est-à-dire trois wilayas (gouvernorats).

Expliquant cette mesure « his-to-ri-que », le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ould Ahmed Raare, indique que c’est pour rapprocher l’administration des populations. On veut bien, mais ce n’est pas la première déclaration d’intention de l’un de nos dirigeants. Mais nous qui avons l’habitude des défaillances de notre administration, depuis qu’on est livré à nous-mêmes (y’a bon colonisation), on se demande si ce qu’un wali n’a pas pu faire, trois vont devoir le défaire.

Pour bon nombre d’observateurs, pour les détracteurs de notre « Direction éclairée », une telle mesure prise à la veille de la commémoration du 54ème anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie, n’a d’autre objectif que de faire entrer Ould Abdel Aziz encore plus dans l’histoire. A n’importe quel prix. Nouakchott, ville symbole de la naissance de la Mauritanie, reste attaché au nom du premier président de ce pays, Moctar Ould Daddah, qui l’a fait surgir du néant, entre l’océan et les dunes de sable, en 1957, alors qu’auparavant la capitale était Saint-Louis du Sénégal.  Que restera-t-il de ce symbole si l’on commence à lui coller des étiquettes comme « Nouakchott nord » (Tevragh-Zeina, Ksar, Sebkha), Nouakchott sud (Arafat, El Mina et Riad) ou Nouakchott est (Toujounine, Dar Naim, Teyarett), ou Nouakchott ouest, ou centre, ou « tout-droit » vers la pagaille et les conflits d’intérêts et de compétence ?

Trois gouverneurs pour une population de 800000 habitants. D’accord, mais il ne faut pas nous « vendre » ce découpage, à visée électoraliste visible à l’œil nu, comme une volonté de rapprocher l’administration des citoyens. Dakar, compte bien 3 millions d’habitants (autant que la population de la Mauritanie) mais n’a qu’un seul gouverneur. Bamako, deux millions d’habitants, Rabat, 1,5 millions d’habitants n’ont pas encoure découvert cette idée « lumineuse » made in Mauritanie. Et puis, si un président peut bien s’occuper des caprices de trois millions de mauritaniens, un wali est-il si incompétent pour ne pouvoir exécuter les ordres d’en-haut ? Car tout le monde le sait : Le Raïs est à la fois le président, le premier ministre, tous les ministres réunis, les walis, les hakems, chefs militaires et élus du peuple. Il ordonne et les autres exécutent. Un wali ou trois ou vingt, ce sera toujours kif-kif.


Education : Excellence oui, mais injustice aussi

Le président mauritanien visitant une classe du l'un des lycées d'Excellence (Photo: AMI)
Le président mauritanien visitant une classe du l’un des lycées d’Excellence (Photo: AMI)

C’est hier seulement que j’ai découvert vraiment ce que signifie une éducation « d’excellence » en Mauritanie. De la fenêtre du secrétaire particulier du ministre de l’Enseignement et de la recherche scientifique, j’observe les élèves du Lycée d’Excellence 1 de Nouakchott, le premier établissement créé par l’ancien ministre d’Etat chargé de l’Education, Ahmed Ould Bahiya, aujourd’hui directeur de cabinet du président de la République, pour inaugurer un enseignement de qualité en Mauritanie. L’idée était bonne dans son essence, vue la piètre qualité de l’enseignement public par rapport à celui des établissements privés, notamment ceux dispensant des programmes français, turc ou autres, mais à voir ces élèves dans la cour, on ne peut qu’éprouver un certain étonnement : où sont les « autres » ? Où est la diversité qui fait la fierté de la Mauritanie ? Les blouses blanches qui distinguent les élèves du lycée d’Excellence sont portées presque exclusivement par les enfants issus d’une seule communauté, ceux qu’on désigne abusivement de « Beydanes » (blancs), alors qu’une foule noire est formée par les élèves du lycée de Garçon 1, le plus ancien établissement d’enseignement secondaire de Nouakchott (ancien lycée national). En fait, une sorte de « ghettoïsation » de l’enseignement qui ne dit pas son nom. Et il ne pouvait pas en être autrement.

Les établissements « d’Excellence » ne forment pas, ils déforment. Certes, les élèves sont les meilleurs de Mauritanie parce qu’ils sont le fruit d’une sélection. Chaque année, le ministère organise un concours d’entrée dans ces écoles qui disposent, il est vrai, des meilleurs locaux, des meilleurs équipements et des meilleurs professeurs. Ces derniers ont une indemnité de 30000 ouguiyas (100 USD/mois) pour faire preuve de plus d’abnégation. Comme pour dire aux milliers d’autres profs qu’ils sont des vaut-rien, et qu’ils peuvent continuer à foutre la merde dans des établissements que ne fréquentent plus que la « racaille ».

Concernant la sélection qui recréé une école mauritanienne à deux vitesses, comme le faisait le système « filière arabe/filière bilingue), il faut dire que la nouvelle réforme y est bien pour quelque chose. Ceux qui refusaient un enseignement globalement en langue arabe n’ont finalement pas fleuré le piège de la réforme de 1999 qui fait qu’aujourd’hui toutes les matières en rapport avec la culture (philosophie, histoire-géographie, instruction civique, etc) ne sont plus enseignées en français. Pour les élèves négro-mauritaniens qui faisaient de la « résistance » à l’arabe, c’est un blocage certain quand il s’agit de se présenter au concours de « l’excellence ». De l’injustice, devrais-je dire plutôt. Et, à moyen ou long termes, d’une crise de l’éducation pire que celle de la baisse généralisée des niveaux.