Mauritanie : le dialogue de cour
Quand tout le monde dit être prêt pour le dialogue, moi je vous dis que tout le monde joue.
La Mauritanie va comme elle peut. Les chameaux de la visite de 1985 que le putschiste de l’époque, Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya, fit à Néma ressemblent, étrangement, aux chameaux que les gens de Cheggar ont mobilisés pour la visite que le rectificateur Mohamed Ould Abdel Aziz vient d’achever au Brakna. Trente ans plus tard, on en est encore aux visitations. De quoi allons-nous parler ? Tout autour, c’est rien que…
C'est un autre champ de bataille entre la majorité et l’opposition. Une controverse qui relève de la politique politicienne. L’appartenance ou non à l’ancien régime. La ligne de démarcation est choisie de commun accord : le 3 août 2005, date du coup d’État conduit par Mohamed Ould Abdel Aziz, alors colonel, contre le président Taya.
Je commence à croire sérieusement que le pouvoir a mille et une raisons de dire que la Mauritanie n’est ni la Tunisie ni la Libye. J’ajouterai moi : ni le Burkina ! Elle n’est même pas ce "trait d’union" entre le monde arabe et le monde noir. Elle n’est qu’elle-même : une terre de frustrations tues, un vrai "bilad esseyba" (jungle), terre d'hypocrisie et de faiblesse.
Dialogue, dialogue, dialogue. Crise, pas crise. Les Mauritaniens sont bien dans leurs éléments. Leurs paradoxes. Reprendre tout à partir de zéro. Élections donc en vue. Mais quand? Kham¹? Il faut d’abord que le dialogue soit. Le pouvoir qui vient de renvoyer à nouveau aux calendes grecques le renouvellement des deux tiers du Sénat a bien une idée derrière la tête. Un gage de bonne volonté dit le ministre de l’Intérieur…
« N’est jamais content celui qui se remémore », nous enseigne un adage populaire. Une invitation claire à ne jamais prendre le risque de revenir en arrière, comme on aime à dire en Mauritanie. Il faut regarder l’avenir en face. Aller en avant, quoi. Pas aller en arrière. A reculons, c’est, dit-on, la marche des gens de l’enfer. Le passé, c’est le passé. Simple ou compliqué. Laissons le passé dormir…
Public. Privé. Affaires publiques. Choses privées. Deniers publics. Vie privée. Un vrai jonglage. Et, du coup, l’antithèse privé/public perd de sa superbe et ne signifie plus rien, tellement les éléments du couple ont été galvaudés. Or, que je sache, quelque chose de privé est quelque chose qui appartient à quelqu’un, nommément désigné, qui peut en faire ce qu’il veut. En user selon sa volonté. Pas en abuser, puisque tout excès…
Un bulletin de salaire libellé en arabe et un autre en français ! Quelle différence ? Les cinquante mille et poussières des jeunes recrues resteront, toujours, cinquante mille et poussières, même exprimés en chinois, mandarin ou patois.