« Cultures » sur les deux rives

Article : « Cultures » sur les deux rives
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7 octobre 2012

« Cultures » sur les deux rives

Culture de cannes à sucre, à la sortie de Rosso-Sénégal

Le mauritanien qui traverse le fleuve Sénégal n’a pas à aller très loin pour constater la différence notoire qui existe entre ici et là-bas.  A cinq cents mètres du débarcadère, les champs de canne à sucre s’étalent à perte de vue, donnant la preuve que le fleuve qui constitue pourtant la frontière naturelle entre la Mauritanie et le Sénégal porte bien son nom. Et ce sera ainsi tout le long de la route qui vous amène jusqu’à Dakar. La terre et l’eau offrent bien leurs richesses à des populations qui mettent à profit ces dons de la nature pour améliorer leurs conditions de vie : des « montagnes » de melons attendent sur les abords de la route à être chargées dans des camions, à destination de la Mauritanie, justement, et peut être aussi des marchés d’Europe. Des vendeuses de fruits traquent les voyageurs et les « forcent » à acheter arachides, bananes, mangues et autres fruits « made in Sénégal », alors que sur l’axe Nouakchott – Rosso c’est la désolation totale. On me dira que les conditions naturelles ne sont pas les mêmes ! Oui, peut être, mais pas aux abords du fleuve où la Mauritanie dispose des mêmes conditions que son voisin sénégalais mais manque de stratégie – et de  volonté de ses populations – pour en tirer le même profit.

C’est vraiment dommage que l’on n’accepte pas encore d’ôter notre habit de « pays au million de poètes » pour porter celui du « million d’agriculteurs ». Ça rapporte infiniment plus que cette notoriété qui ne nourrit pas son homme et qui exaspère, de plus en plus, des pouvoirs publics qui veulent changer la donne sans savoir comment.

En attendant de repenser l’ensemble du système éducatif national, pour passer d’un enseignement théorique – et plutôt humaniste – vers un enseignement pratique (technique), l’Etat doit orienter tous ses efforts vers la valorisation des ressources agricoles et animales du pays. Comment comprendre que la Mauritanie qui dispose de près de 20 millions de têtes de bétail, toutes espèces confondues, continuent encore à importer une bonne partie du lait que consomment ses habitants, tout comme elle le fait encore pour le riz, le blé et le sucre ? On comprend que l’on ne soit pas en mesure de produire des machines-outils mais pas que l’on puisse passer à un élevage de qualité (intensif et non extensif), aménager des terres pour y cultiver ce dont on a besoin pour notre consommation de tous les jours et transformer notre poisson sur place. On n’en demande pas plus à ceux qui nous gouvernent et à ceux qui ont eu la chance – ou la malchance – d’accaparer une bonne partie des richesses de ce pays. Et qui sont aujourd’hui les premiers visés par toutes les critiques qui dénoncent le mal-développement de la Mauritanie.

Sneiba

 

 

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