Autour d’un thé : « La chronique de mon frère » fait le parallèle entre la destitution de Morsi et la « Rectification » de 2008 en Mauritanie

12 juillet 2013

Autour d’un thé : « La chronique de mon frère » fait le parallèle entre la destitution de Morsi et la « Rectification » de 2008 en Mauritanie

Crédit photo: Google.com
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Que s’est-il passé en Egypte ? Allez-y, répondez, SVP ! C’est la question casse-tête qu’un de mes amis m’a posée. Coup d’Etat militaire ou coup d’Etat… populaire ? Rectification. Restructuration. Réorientation. Redéploiement. Réajustement. Appelez-le comme vous voudrez. Quand l’armée adresse un ultimatum à un Président démocratiquement élu, ça s’appelle quoi ? Après tout, la légitimité émane du peuple. Et c’est ce peuple qui est sorti dans la rue. C’est ce peuple qui a signé une pétition à plus de vingt-deux millions de paraphes. Mouvement de redressement national. Comité de salut populaire. Quand un Président déconne, il faut le ramener à la raison. Et ça, il n’y a que l’armée qui peut le faire. A dictateur, dictateur et demi. Morsi s’est autoproclamé roi. Larges prérogatives présidentielles. Juges inamovibles. Stricte application des lois restrictives. Panne du tourisme. Parfois, on a bien besoin de quelques centilitres pour se rafraîchir la mémoire. Et d’une bonne compagnie, pour voir plus clair. Entre Sidi et Morsi, il n’y a pas grande différence. Deux paisibles musulmans. Tous deux élus, à presque 52%. Cependant, Morsi n’a pas attendu à démettre ses militaires. A ses risques et périls. Revanche. Ils l’ont démis. Sidi a attendu pour le faire et lorsqu’il l’a fait, c’était trop tard. Qu’est-ce que les militaires « voient sur Sidi et Morsi » ? Véritablement, je veux dire. Pas les justificatifs officiels que tout le monde connaît. Bon, récapitulons : Sidi voyage trop. Sidi prie trop. Sidi a trop dit qu’il ne peut pas faire venir la pluie. Sidi a trop découragé les pauvres. Sidi va trop à la mosquée saoudienne et dans les hôpitaux, à l’insu du Président – heu, non, président – de son cabinet militaire. Et, pour finir, il se réveille en pleine nuit et procède au limogeage de quatre chefs militaires, comme ça, pfuitt, d’un trait, d’une seule balle. Si, au moins, il avait attendu le jour et hop, d’un ! Hop, de deux ! Hop, de trois et hop, de quatre ! Alors il « n’a rien à voir que sur sa tête ». Les militaires sont les mêmes à travers le monde. Ils ont les mêmes arguments pour justifier leurs affaires louches. En Egypte, Morsi doit se plier à la volonté du peuple .Sinon, bye, bye ! En 1978, la guerre du Sahara a tué le peuple. Stop. En 1984, la dictature a tué le peuple. Ça va, ça va. En 2005, vingt-et-un ans de pouvoir sans partage. C’est trop. Vive le peuple ! En 2008, aucun espoir pour le peuple. Nous revoilà au garde-à-vous, cher peuple. Finalement, quelle légitimité ? Quelques heures après le limogeage de Morsi, Barak Obama commence à verser des larmes de crocodile. Certains pays de l’Union Européenne demandent à sauvegarder la paix sociale. L’Arabie Saoudite et le Qatar jubilent. Et les autres font profil bas. Finalement, suffrages, démocratie, votes, urnes, scrutins, majorité, opposition, valeurs démocratiques et patati et patata ne sont que des concepts qui ne renvoient pas à grand-chose. Coup d’Etat démocratique ? Y en a. Volonté populaire via la rue, égale intervention militaire pour déboulonner un Président légitime. Alors, présidents élus, faites attention ! Diminuez le prix du riz, du sucre, de l’huile, des dattes – on est à la veille du Ramadan ou même dedans – des boubous, des tiayas, des bananes, du carburant. Augmentez les salaires. Laissez tranquilles les maisons closes (ouvertes serait plus convenable, selon mon ami). Fermez les yeux sur tout genre de trafic et d’incommodités. Sinon, le peuple sortira dans la rue, pour demander à ce que sa volonté soit respectée. Et c’est suffisant pour que l’armée vous boute dehors. Vous, au moins, vous aurez juste quelques mois à réclamer. Qu’Allah préserve la Mauritanie du mauvais œil, des mauvaises langues et des mauvais esprits ! La Mauritanie est, incha Allah, du côté des saufs. Jusqu’à qu’elle organise ses élections. Toutes ses élections. Sans accrocs et sans défauts. Et puis, un Président ne peut être que de deux choses l’une : ou un militaire, ou un civil. Ou « la vierge de la mer » (sirène) : tenue civile et esprit militaire. Chassez le naturel…

SNEIBA El Kory (Le Calame)

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