Nouakchott : Ventes à « tous » prix

Article : Nouakchott : Ventes à « tous » prix
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5 décembre 2012

Nouakchott : Ventes à « tous » prix

Grand Marché de Nouakchott (Photo: Sahara médias)

Un phénomène de bonne santé économique bat son plein aujourd’hui dans tout Nouakchott. Le très pop « miyé miyé » (100 UM) est en train de dépasser le simple cadre de boutiques disséminées à l’intérieur des marchés du 5ème et du 6ème arrondissements pour s’étendre aux autres « places fortes » du commerce nouakchottois, à savoir le Grand marché de la Capitale, le Marché du charbon, devenu le marché des produits alimentaires par excellence, et les autres marchés de la périphérie (Arafat, Toujounine, Teyaret).

Partout où vous passez, vos oreilles bourdonnent de cris et d’appels pour ne pas « rater l’occasion ». Des chaussures, à l’origine douteuse, proposées à 1000 UM alors qu’elles coûteraient 4000 UM en « vente normale », des vêtements (chemises, robes, pantalons, tee-shirts, maillots, débardeurs, deux-pièces, bikinis, monokinis, tricots, chandails) venant de France ou d’ailleurs, usés à l’extrême ou en bon état, que l’heureux acquéreur utilisera comme bon lui semble, sont proposés à des prix homologués (100 ou même 40 UM).

Des parfums, des shampoings sans étiquettes (et parfois sans odeur) vendus à des prix qui font grincer les dents des vendeurs des produits de luxe ayant pignon sur rue au marché de la Capitale.

Pourtant, ce commerce ne semble déranger personne. Les Mairies et la police qui, habituellement, harcèlent ces commerçants de temps en temps pour les pousser à se fixer en louant des échoppes, semblent débordées à présent par ce phénomène qui prend une ampleur dépassant apparemment le simple cadre des ventes épisodiques à la veille des fêtes. Les vendeurs qui ne sont en fait que des sous-traitants écoulent ces marchandises dont ils ignorent jusqu’à l’origine.

Importateurs « informels »

Ce commerce qui concurrence sérieusement les circuits d’importation habituels, même en étant salutaire pour les ménages pauvres, du point de vue prix, et pour l’emploi, constitue un énorme manque à gagner pour le fisc et pour les mairies. Il semblerait que derrière ce commerce se cachent des filières de petits importateurs qui, une fois la marchandise sur place se chargent de l’éparpiller pour en diminuer les frais de dédouanement.

Ils peuvent ainsi casser les prix et vendre facilement et rapidement. De temps à autres, les colonnes des journaux et des sites évoquent des « prises » de la douane et de la police qui réussissent à démanteler quelques-unes de ces filières qui risquent, à la longue, de semer l’anarchie au lieu de déréguler le marché.

L’alimentaire concerné aussi

Cette dérégulation des prix touche tous les produits y compris ceux de l’alimentation générale. Aux abords des marchés, des hommes, souvent jeunes, exposent des produits alimentaires identiques à tous ceux que vend la boutique du coin. Ce qui amène à s’interroger. Souvent, il faut attendre de goûter à ces produits, achetés à moitié prix, pour se rendre compte de la supercherie. Il s’agit de pâtes, huiles, savons, boissons, et d’autres denrées arrivés à péremption mais qui trouvent acquéreur à cause de la cherté de ceux vendus dans les commerces ordinaires.

Eh oui, le riz, l’huile, le blé causent des frayeurs aux pères de familles qui ne savent plus où donner de la tête. Cette situation, qui voit les prix des produits alimentaires grimper au gré des commerçants, relèvent d’une tactique fort simple: tout ce qui est nécessaire est cher. Le consommateur n’a pas le choix, se dit le commerçant.

Cette filière n’accepte apparemment pas la concurrence. A croire qu’il y a une entente parfaite entre importateurs et distributeurs pour maintenir le cap.

Serait-ce parce qu’il s’agit de denrées périssables ou tout simplement parce que le consommateur est obligé de se démener pour manger? La libéralisation ne jouera vraiment à fond que quand les produits alimentaires pourront, eux aussi, être vendus à la criée (miyé miyé).

 

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