Sommet de la Ligue arabe : coups gagnants pour Aziz

25 juillet 2016

Sommet de la Ligue arabe : coups gagnants pour Aziz

Le président Aziz, à l'ouverture du 27ème Sommet de la Ligue arabe (Photo : AMI)
Le président Aziz, à l’ouverture du 27ème Sommet de la Ligue arabe (Photo : AMI)

La force du président Aziz, c’est sa témérité. Son courage, diront ses admirateurs. Sa « folie » (des grandeurs), rétorqueront ses opposants.

Qu’on l’aime ou pas, il faut reconnaître que l’homme tire un grand bénéfice de sa propension à agir. A ses collaborateurs, il dit : faites et puis on verra après !

J’étais de ceux qui pensaient qu’organiser un sommet de la Ligue arabe à Nouakchott était une folie. A plusieurs égards. Mes raisons ?

Nouakchott n’est pas une ville au sens où l’entendent nos frères du Machrek et du Maghreb. Les premiers ont converti (enfoui) leurs pétrodollars en villes qui concurrencent, du point de vue de l’architecture, des équipements, des loisirs et du plaisir, les plus grandes cités d’Europe et d’Amérique. Les seconds (Marocains, Algériens, Tunisiens) se confondent, à nos yeux, avec nos « ancêtres les Gaulois ». Comment alors penser inviter tout ce beau monde à Nouakchott et, sans peser le pour et le contre, passer à l’acte ? Aziz l’a fait.

A voir le déroulement du 27ème sommet de la Ligue arabe, on voit bien que c’est un coup gagnant. « Nous organiserons ce sommet, même sous la tente », avait dit le président Aziz. Et, effectivement, une tente gigantesque a été dressée dans l’enceinte du Palais des congrès de Nouakchott pour accueillir les réunions du « sommeil » de la Ligue arabe.

Cette infrastructure de fortune a coûté une fortune : 700 millions d’ouvrages (2,5 millions de dollars US), rapportent certains médias. Mais qu’importe ! Organiser le premier sommet de la Ligue arabe à Nouakchott dans l’histoire du pays n’a pas de prix. Les 22 pays membres sont là. Si les Mauritaniens déplorent l’absence de plusieurs têtes couronnées (Salman d’Arabie saoudite, Mohamed VI du Maroc, Qabous d’Oman, Abdalla II de Jordanie, etc.) et de présidents qui comptent (Egypte, Tunisie), d’autres ont tenu à honorer leur hôte mauritanien (l’émir Temim du Qatar, l’émir du Koweït). C’est un succès diplomatique notoire. Et certainement une bonne perspective pour les investissements en Mauritanie. Ces deux pays comptent en effet beaucoup pour Nouakchott, puisqu’ils sont de ceux qui, avec l’Arabie saoudite, ont permis à la Mauritanie de faire face à la crise économique consécutive à la chute des prix des matières premières (fer, or, cuivre) depuis 2014.

Autre coup gagnant : l’ouverture, un mois avant ce sommet, du nouvel aéroport international de Nouakchott « Oumtounsi ». C’est l’occasion pour le gouvernement de couper court à toutes les critiques sur la réalisation de cette infrastructure qui aurait coûté, selon certaines estimations, près de 300 millions de dollars US. Si la Mauritanie ne disposait pas d’un tel aéroport, elle devait attendre encore longtemps avant d’envisager l’accueil d’un tel sommet.

Le dernier coup gagnant du président Aziz est d’avoir profité de l’organisation de ce sommet pour mettre à niveau certaines infrastructures de la capitale.

Certes, on ne sait quelles sommes ont été engagées dans cette opération, également suspectée de forts relents de gabegie, mais les Nouakchottois sont contents que leur ville ressemble enfin, dans sa partie « utile », à quelque chose. Ce travail « dans l’urgence » a été mitraillé par une opposition qui, faute de dialogue, ne manque aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur un pouvoir qui lui rend « au double » sa monnaie.

Globalement donc, le sommet de Nouakchott est une réussite. La Mauritanie aura eu son « tour » et prouvé qu’elle peut organiser une grande rencontre. Les « frères » arabes sont venus, ont vu et l’on espère qu’ils reviendront pour investir. Enfin, Aziz a joué et gagné : jusqu’au prochain sommet, il se présentera comme le « chef » des Arabes, comme il l’a été, en 2014, pour les Africains.

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