Pour un troisième mandat

6 avril 2016

Pour un troisième mandat

« En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les (individus qui le composent) ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes. Et lorqu’Allah veut infliger un mal à un peuple, nul ne peut le repousser et ils n’ont en dehors de Lui aucun protecteur. » (sourate Ar Ra’d verset 11)

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz (Photo : AMI)
Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz (Photo : AMI)

Je vous étonnerais peut-être en vous avouant que je suis pour un troisième mandat du président Mohamed Ould Abdel Aziz ! Et j’ai mes raisons. Certes différentes de celles qu’ont avancées trois de ses « ministrés ».

Je pense, moi, que si nous voulons que la Mauritanie change (en bien), il faut qu’elle soit encore confrontée avec plus de problèmes. Je choque peut-être. Je dis même des bêtises. Je passe pour un sadique qui jouit de la souffrance des autres. Je suis condamnable donc.

Nos vingt ans de souffrance avec Taya n’ont pas fini de nous transformer. On avait pourtant dit, au lendemain du changement du 03 août 2005, « plus jamais ça ». C’est-à-dire que nous n’accepterions plus de dictature, d’injustice, de dilapidation de nos ressources, de clientélisme, de règne de la médiocrité, de dosages tribalo-régionalistes, de menaces qui pèse sur notre unité nationale, d’immixtion de l’armée dans les affaires politiques. De « démogâchis ».  les anciens soutiens de Taya retournés contre lui, comme par miracle, avaient œuvré avec ses opposants pour mettre en place de nouvelles institutions censées nous garantir une démocratie qui, si elle n’était pas parfaite, se devait d’être « acceptable » à l’aune de ce qui se vit dans des pays comme le Sénégal et le Bénin. On était loin de penser que tout ce beau monde ne faisait qu’entrer dans un nouveau jeu, dans notre chère « bolletig » pour régénérer le Système.

La corruption de notre élite politique est à l’origine de nos problèmes depuis que les militaires ont pris goût au pouvoir un certain 10 juillet 1978. Leur complicité est évidente, même si les politiques tentent à chaque fois de rendre l’armée responsable d’une gestion économique dont l’instrument de planification et d’exécution se trouve être cette élite qui s’adapte à toutes les situations.

La corruption de l’élite politique a aussi resurgi sur le peuple qui ne comprend plus que le langage du pouvoir, du rapport de force. Tribus, régions, et personnalités qui comptent acceptent rarement le sacrifice pour l’intérêt général. Chacun évite d’être du « mauvais » côté (opposition). On entre même en compétition pour gagner sur tous les plans, être aux meilleures loges (nominations, marchés, privilèges, etc).

Dans un tel contexte, il faut que nos maux atteignent leur apogée pour que nous nous décidions à changer. Je dis souvent que le pauvre n’appréhendera la nécessité de s’opposer à un pouvoir qui le tue à petit feu que le jour où le riz, l’huile, la viande et le poisson seront hors de portée. Aujourd’hui, on est sur la « bonne » voie pour atteindre ce seuil critique mais il faudrait peut-être prolonger le règne du Roi Aziz pour que la nécessité de mettre un terme aux pouvoirs dictatoriaux se fasse sentir non pas chez l’opposition et une certaine élite mais au niveau du peuple. Non pas de façon circonstancielle mais pour toujours. Un troisième mandat est donc nécessaire pour arriver à cette « maturité » dans la réflexion conduisant à chasser un pouvoir par les urnes (comme les Sénégalais l’avaient fait pour Wade) ou, à défaut, par la rue, comme cela est arrivé en 2011 en Tunisie.

 

 

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