Bamako, Ouagadougou, Abidjan : du terrorisme à la terreur ?

14 mars 2016

Bamako, Ouagadougou, Abidjan : du terrorisme à la terreur ?

Moctar Belmoctar, chef d'Aqmi (photo : google)
Moctar Belmoctar, chef d’Aqmi (photo : google)

L’attaque sur la plage de Grand Bassam fait au moins 16 morts. Elle a été revendiquée par Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) qui, de ce fait, signe un tiercé macabre avec trois attentats dans trois capitales ouest-africaines : Bamako (21 morts), Ouagadougou (30 personnes) et Grand Bassam, station balnéaire près d’Abidjan (16 morts). La stratégie des djihadistes est maintenant très claire : passer du terrorisme à la terreur. De la crainte qu’AQMI (ou Boko Haram) suscite chez les gouvernements visés à celle qui trouble la quiétude des populations dans ces pays. L’effet est là : certains d’avoir perdu la bataille militaire, les djihadistes veulent occuper le terrain médiatique. Un gain médiatique énorme qui permet à l’organisation terroriste de maintenir un semblant de vie par le nouveau règne de la terreur.

Avec l’échec de son idéologie de guerre « djihadiste », en Afghanistan, en Irak et en Algérie, à la fin des années 90, Al qaeda passe du terrorisme à la terreur alors que, historiquement, c’est la dernière qui a été conceptualisée, en politique, pour aboutir au premier.  La distinction qu’en donne Zeinab Abdelaziz est admirable.

« Car, du point de vue étymologique, le mot terreur, emprunté au latin classique terror, vers 1356, veut dire « effroi, épouvante » et par métonymie, « objet inspirant de l’effroi ». Il est employé pour le sentiment de peur intense, d’où terreur panique (1625), et pour l’objet qui l’inspire. Depuis 1789, le mot désigne l’ensemble de moyens de contrainte politique, maintenant les opposants dans l’état de contrainte. La Terreur est le nom donné au régime instauré en France entre juin 1793 et juillet 1794, pendant lequel des mesures d’exception furent en vigueur, obligeant les citoyens à obéir aux ordres du gouvernement révolutionnaire. Les quelques dérivés de Terreur datent de cette époque révolutionnaire. Terrorisme, emploi attesté depuis 1794 au sens de régime de terreur politique, parallèlement à terroriste, celui qui maintient ou opte pour ce régime.

Du point de vue historique, le terme de Terreur désigne tout régime politique ou mode de gouvernement basé sur cette grande peur, généralement entretenu par des mesures despotiques et par des violences. Viennent ensuite les variantes de Terreur rouge, pour un système véritable d’État, méthodique, qui prend l’habitude du sang. Et Terreur Blanche, pour désigner les journées qui firent régner les royalistes, en France, dans le Sud-Est, au printemps et en été 1795, contre les bonapartistes.

Tel qu’on vient de le voir, le mot Terreur et tous les dérivés qui en découlent, sont intimement liés à la politique.

Car « le Jihād en Islam, même dans le sens limité au combat ou guerre, prohibe de commencer l’attaque, précise de ne point porter atteinte aux vieillards et aux enfants, de ne combattre qu’avec les combattants en état de mener la lutte, de ne point démolir, saccager ou incendier. C’est un code d’honneur, de vraie Chevalerie, dans le profond sens du terme. Un code d’honneur qui précise : la réplique ne doit jamais dépasser le niveau de l’attaque ; le combat ne doit jamais être mené que dans l’optique de la défense : la défense de soi, de la patrie ou de la religion. »

 

 

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