« COP du monde » : Rien ne se perd, rien ne se gagne, tout se transforme

7 décembre 2015

« COP du monde » : Rien ne se perd, rien ne se gagne, tout se transforme

Les chefs d'Etat et de gouvernement à la COP21 (crédit photo: google)
Les chefs d’Etat et de gouvernement à la COP21 (crédit photo: google)

Une coupe du monde à 195 pays et sur un seul stade, le Bourget, ne connaitra pas de dénouement. Je veux dire, pas de vainqueur ni de vaincu. La COP21, qui est la « coupe » du monde sur le climat, cela me rappelle la fameuse phrase de Lavoisier : « rien ne se perd, rien ne se gagne, se crée, tout se transforme ».

 

Au 11 décembre 2015, le monde restera le monde. Les participants à la COP21 rentreront dans leurs pays respectifs avec l’illusion d’avoir travaillé, deux semaines durant, pour sauver la planète Terre d’une menace écologique qui, elle, est certaine. Ils oublient, le temps d’une conférence, que cela fait près de quarante ans que la première sonnette d’alarme a été déclenchée sans que les grandes puissances qui gèrent le monde en fonction de leurs intérêts prennent la mesure des risques. Les décisions prises sont plus théoriques que pratiques. Revisitons ce long processus de négociations sur le site : www.cop21.gouv.fr :

« Un Programme de recherche climatologique mondial lancé, sous la responsabilité de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et du Conseil international des unions scientifiques (CIUS), en 1979.

En 1988, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est créé par l’OMM et le PNUE pour procéder, à intervalles réguliers, à une évaluation de l’état des connaissances sur les changements climatiques. Son premier rapport en 1990 reconnaît la responsabilité humaine dans le dérèglement climatique. Il sert de base à l’élaboration de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Le sommet de la Terre à Rio de Janeiro (Brésil) en 1992 est une étape cruciale dans les négociations climatiques internationale avec la signature de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Elle reconnaît officiellement l’existence du dérèglement climatique et la responsabilité humaine dans ce phénomène. Son objectif est de stabiliser les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre à un niveau qui empêche toute perturbation humaine dangereuse du système climatique. La Convention-cadre, entrée en vigueur le 21 mars 1994, a été ratifiée par 195 pays, appelés « parties », plus l’Union européenne.

L’adoption du protocole de Kyoto en 1997 fixe pour la première fois aux pays développés des engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Entré en vigueur en 2005, le protocole devait couvrir la période 2008-2012.

Une vision à plus long terme s’est ensuite imposée avec le plan de Bali en 2007 qui a établi un calendrier de négociations pour parvenir à un nouvel accord devant prendre le relais du protocole de Kyoto dont l’échéance a été fixée à 2012. La conclusion d’un accord devait se réaliser au plus tard en décembre 2009.

Si Copenhague (Danemark) n’a pas permis l’adoption d’un nouvel accord, la COP15/CMP5 a validé l’objectif commun visant à contenir le réchauffement climatique en-deçà de 2°C. Les pays développés se sont également engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 en faveur des pays en développement à faire face au dérèglement climatique. Cancun (Mexique) en 2010 a permis la concrétisation de l’objectif des 2°C par la création d’institutions dédiées sur des points clés comme le Fonds vert pour le climat.

La volonté d’agir collectivement s’est traduite par la création, en 2011, de la plate-forme de Durban pour une action renforcée (ADP), qui a pour mandat de rassembler autour de la table tous les pays, développés et en développement, afin de travailler à un «protocole, à un instrument juridique ou à un résultat ayant force de loi » applicable à toutes les parties à la Convention climat de l’ONU. Cet accord devra être adopté en 2015 et mis en œuvre à partir de 2020.

Afin de pallier le vide juridique, la conférence de Doha (Qatar) en 2012 a entériné l’engagement de plusieurs pays industrialisés dans une seconde période d’engagement du protocole de Kyoto (2013/2020) et a mis fin au mandat de Bali.

Les conférences de Varsovie (Pologne) en 2013 et de Lima (Pérou) en 2014 ont permis de franchir des étapes indispensables pour préparer la COP21 de Paris en 2015. Ainsi, tous les États ont été invités à communiquer leur contribution (INDC) en matière de réduction de gaz à effet de serre en amont de la COP21. »

 

La finale à Paris ?

 

isParis ne devrait pas connaitre le dénouement de cette longue « COP du monde ». Elle portera seulement le numéro 21 pour dire qu’en 2015, les matchs entre les vrais décideurs (les USA, la Chine et l’Europe) se sont déroulés sur les terrains français. Il sera utopique, répétons-le, de penser qu’un nouvel accord universel sur le climat, applicable à tous, sera trouvé par les délégués des 195 pays-parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Parce que la décision ne dépend tout simplement pas d’eux. Comme au niveau du Conseil de sécurité, le véto existe de facto, en matière de climat, pour que la Chine ou les USA, remettent tout en cause. La recherche de compromis, à partir des négociations précédentes (du 8 au 13 février à Genève 2014), à la COP20 de Lima (Pérou), du 1er au 14 décembre 2014, et lors de la dernière session qui a eu lieu du 19 au 23 octobre 2014 à Bonn (Allemagne), siège de la CCNUCC, n’assure pas le succès de la COP21.

Car le climat est aussi et surtout une affaire d’argent. Les pays développés se sont engagés, à Copenhague en 2009 et à Cancun en 2010, à mobiliser conjointement 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour aider les pays en développement à faire face au dérèglement climatique. Ces pays n’oublient pas, pour autant, que réduire les émissions de gaz à effets de serre (GES) c’est prendre un risque de récession économique dans un « climat » de rude concurrence entre les USA, la Chine et l’Europe. On ne se soucie guère du dicton qui dit « personne ne se sauvera seul » qui est vu plutôt comme une sorte d’assurance, voire de cynisme, pour éviter une apocalypse d’ampleur planétaire. Car, en plus du volet financier, l’autre temps fort a été la publication du rapport de synthèse de la CCNUCC sur les contributions nationales le 30 octobre. La CCNUCC a étudié l’impact de 146 contributions nationales. En l’état, la trajectoire mondiale des émissions de GES dessinée par les contributions publiées nous situeraient en 2030 sur une trajectoire menant à environ 3°C à la fin du siècle, comprise entre 2,7 et 3,5°C. Le scénario du pire, avec un réchauffement proche des 4,5 voire 6°C, qui correspond aux trajectoires actuelles d’émissions et jusqu’ici considéré par les scientifiques comme le plus probable, s’éloigne. Grâce à ces contributions, l’objectif des 2°C d’ici 2100 peut être atteint, à condition d’accélérer la dynamique. Un des enjeux de l’accord de Paris sera de mettre en place un mécanisme de révision périodique, idéalement tous les cinq ans, pour relever l’ambition de chacun et d’améliorer progressivement la trajectoire collective.

 

Partagez