Mauritanie : la campagne contre mon ami Yarba a des relents de racisme

13 octobre 2015

Mauritanie : la campagne contre mon ami Yarba a des relents de racisme

Capture d'écran du site de l'AMI (Photo Google)
Capture d’écran du site de l’AMI (Photo Google)

Je ne pouvais pas parler de cette histoire vieille de cinq ans, mais je ne peux pas me taire quand il s’agit de s’engager, comme le voulait Camus de défendre « la liberté et la vérité ».

Et il s’agit bien de cela dans le cas de mon « ancien ami », Yarba Ould Sghair, directeur général de l’Agence mauritanienne d’information (AMI), victime ces derniers jours d’une véritable cabale.

Je commence par ce qui aurait dû, en bon Mauritanien, m’empêcher de prendre la défense de cet « ancien ami » de l’ENS de Nouakchott et du lycée de Boghé.

A sa nomination à la tête de l’AMI, il y a cinq ans, j’étais correcteur au journal Horizons (officiel), avec une pige conséquente à l’époque (80.000 UM) pour un travail d’à peine deux heures, et 40000 UM pour le carburant. Je ne vous cache pas qu’à l’arrivée de cet ami et « cousin », dans le jargon communautaire mauritanien, j’ai vu tout de suite (en pensée) ma pige passer du simple au double. C’est le prix de « l’amitié » à la mauritanienne. J’en connais même qui vous accorde un salaire alors que vous ne venez au siège de la société qu’à la fin du mois!

Quand vers 22 heures, le nouveau directeur téléphone à la rédaction pour voir la Une du journal, je m’empresse de la lui apporter. C’était l’occasion de le féliciter et discuter avec un ami perdu de vue depuis un certain temps. Il me reçut très convenablement (en vieil ami) et me demanda ce que je faisais à Horizons. Après m’avoir écouté, il me signifia que les 40 000 UM de carburant ne pouvaient être maintenus « parce qu’il y a des chefs de services et de division qui ne les ont pas ». Premier acte de redressement pris à l’encontre d’un ami et qui signifie que l’homme était venu pour appliquer, à la lettre, les instructions présidentielles de lutte contre la gabegie. Je considérais sa décision d’injuste et d’inamicale, car le travail que j’accomplissais, pour qui connaît la presse, était sans prix. Ce fut ma dernière nuit de correcteur à l’AMI de l’ami Yarba.

Cet acte fondateur et ma profonde connaissance de l’homme me poussent à considérer la présente campagne menée contre lui dans certains médias arabophones comme une cabale destinée à libérer ce poste stratégique de directeur général de l’AMI pour un autre. C’est d’autant plus vrai que la dénonciation dont parlent ces médias serait venue du directeur général adjoint (qui a vu passer 3 autres DG avant Yarba) et qui commence à s’impatienter. Une sorte de « pousse-toi que-je-me-place ».

Peut-être aussi que Yarba Ould Sghair gêne au niveau du parti au pouvoir, l’Union pour la République où il est l’un des rares intellectuels haratines « engagés » et non embarqués. Je le connais de longue date et je ne partage pas avec lui certaines idées sur la « cohabitation » (« lui est plutôt partisan de l’assimilation »), mais je sais qu’il assume (et s’assume) ses choix politiques contrairement à beaucoup d’autres qui sont « majoritants » le jour et opposants la nuit. Et puis pourquoi ne pas évoquer le cas de Radio Mauritanie où il y a fête (des soi-disant émissions-débat) 360 jours sur 360 jours ? Pourquoi ce sont des journaux et sites arabes qui mènent la campagne contre Yarba ? Il y a, de ce point de vue anguille sous roche.

 

 

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