Lettre à celui qui n’est plus président de l’UA

1 février 2015

Lettre à celui qui n’est plus président de l’UA

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz (Photo : google)
Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz (Photo : google)

Monsieur le président,

Je suis content, très content, de voir que vous n’êtes plus, depuis hier, le « président de l’Union africaine ». Je sais que je vais choquer, et même provoquer des réactions de mépris, mais je parle sérieusement. Une année à la tête de l’UA a causé plus de dégâts à la Mauritanie qu’elle n’a apporté de « bienfaits » à la pauvre Afrique.

Monsieur le président

Vos « occupations africaines » vous ont fait oublier vos devoirs nationaux. J’espère que les mauritaniens vont retrouver, enfin, leur « président des pauvres ». La télévision de Mauritanie, qui s’est ingéniée à revenir, en long et en large, sur la dizaine de voyages que vous avez effectués, en 2014, voulait-elle rappeler aux mauritaniens que leur Rais s’était mis au service de toute l’Afrique et oublié qu’ici on souffre. La crise politique persiste. L’économie vole en lambeaux, malgré ce qu’en disent le FMI et la Banque mondiale. D’ailleurs comment justifier, qu’à la veille la tenue du XXIVème sommet de l’UA qui vous verra remettre votre mandat au sinistre Mugabe, vous ayez mis fin coup sur coup aux fonctions du gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie, de l’Inspecteur général d’Etat (IGE), du ministre des Finances et du directeur général de la Caisse des dépôts et de développement (CDD) ? Tout simplement parce qu’alors que vous vous occupiez des Africains, les principaux responsables mauritaniens « s’occupaient » de nos finances pensant le pouvoir en…vacance !

Monsieur le président,

Je crains fort que la mystification continue. Si vous avez vu l’empressement avec lequel la TVM a confié à ses meilleurs « journulistes » le soin d’immortaliser votre passage à la tête de l’UA par la réalisation d’un documentaire qu’elle nous resserre à longueur de journées et de nuits, vous comprendrez qu’on veut que le futile soit pris pour l’utile.

Monsieur le président, la Société nationale industrielle et minière (SNIM), celle qui vous a permis de réaliser la plupart de vos grands projets, se meurt. Je ne suis même pas sûr qu’elle puisse supporter le coup de la baisse vertigineuse des prix du fer sur les marchés mondiaux, conséquence des problèmes qui l’opposent aujourd’hui à ces travailleurs, pour qu’elle continue à assurer le financement des projets en cours.

Monsieur le président,

Le spectre d’une sécheresse, comme celle de 2008, se profile à l’horizon. Avoir créé pour la première fois un ministère de l’Elevage est certes une bonne initiative mais cela rend encore plus grande l’attente des milliers d’éleveurs qui ont opté, depuis la nuit des temps, pour un élevage extensif qui est aujourd’hui à combattre pour rationaliser « l’existant ».

Monsieur le président,

Le dialogue politique est vraiment nécessaire. Ceux qui vous disent le contraire protègent des intérêts particuliers. Car si l’on peut insinuer, qu’à chaque fois que l’opposition réclame le dialogue, elle cherche à marquer des points, il faut aussi reconnaître que la prédisposition à dialoguer de ceux qui n’ont pas le pouvoir fait peur à ceux qui le détiennent. J’ai souvent dit que la majorité n’a d’importance qu’en présence d’une opposition « récalcitrante ». C’est comme si la majorité dit « opposez-vous et nous on profite ».

Monsieur le président,

Vous entamez votre second mandat – le dernier – et vous devez avoir comme objectif de le finir en beauté. Les mauritaniens ne garderont de vous que cet instant. Avoir bien commencé pour mal finir est la chose vraiment à éviter. L’histoire politique de notre pays en est le témoin. De feu Moktar Ould Daddah à Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi en passant par Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya et Mohamed Khouna Ould Haidalla. Chacun de ces hommes d’Etat a été applaudi à son arrivée et critiqué à son départ. Pour ne pas subir le même sort, il vous faudra inverser la tendance : partir de votre propre gré et travailler, dès à présent, pour laisser aux mauritaniens une scène politique apaisée.

Partagez