Mauritanie : une présidentielle à plusieurs inconnues

27 avril 2014

Mauritanie : une présidentielle à plusieurs inconnues

Le Président Aziz dans un bureau de vote (Photo: Google)
Le Président Aziz dans un bureau de vote (Photo: Google)

Biram Ould Dah Abeid, président de l’Initiative pour la résurgence d’un mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA), Mohamed Ould Abdel Aziz, président de la République, et Ibrahima Moctar Sarr, député et président de l’Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la rénovation (AJD/MR) sont les premiers candidats déclarés à la présidentielle de juin prochain.

 

Sans doute que d’autres candidats, issus de partis politiques ou se présentant comme « indépendants » vont se lancer dans l’arène avant la fin du dépôt des dossiers auprès du Conseil constitutionnel, mais l’on s’achemine probablement vers une réédition des élections municipales et législatives de décembre 2013. Sans une bonne partie des formations politiques qui comptent. Le dialogue politique entamé il y a quelques semaines entre le pouvoir et les deux tendances de l’opposition (la Coalition pour une Alternance pacifique et le Forum national pour la démocratie et l’unité) ressemble, à n’en pas douter, à une partie de poker menteur.  Tout est fait pour que ce dialogue-là suive les mêmes traces que celui qui n’a pu aboutir depuis deux ans entre le pouvoir et la Coordination de l’opposition démocratique (COD).  Le pouvoir qui dispose d’une majorité confortable au Parlement (avec un peu plus de 100 députés sur 147) n’est pas soumis, véritablement, à une pression populaire pour satisfaire les exigences d’une opposition diminuée. Son souci se trouve ailleurs : préserver l’image «démocratique » d’un Etat dont le chef assure, pour un an, la présidence tournante de l’Union africaine. Parce que les symboles comptent aussi, comme le montre l’insistance quasi névrotique des médias officiels à présenter Ould Abdel Aziz comme le « président de l’Union africaine » pour en faire une consécration à l’international.

 

Cependant, l’échec du dialogue risque de brouiller les cartes du pouvoir. Certes, le président Aziz a toutes les chances de rempiler pour un second mandat de cinq ans, mais le boycott du scrutin par les partis qui se réclament de la « vraie » opposition discrédite une démocratie mauritanienne qui se cherche encore.

 

Candidatures « communautaires »

 « Je ne serai pas un figurant. J’irai jusqu’au bout de notre programme présidentiel », a déclaré M. Sarr, qui a été investi par acclamation à l’issue d’un congrès extraordinaire de sa formation.

 

« Le combat de notre parti a pour fer de lance l’unité nationale et la cohésion des ethnies de la Mauritanie, mais surtout le recouvrement par la population négro-africaine-mauritanienne de ses droits à l’égalité et à la justice », a-t-il affirmé. Le ton est donné. Si la candidature d’Ibrahima Moctar Sarr, sexagénaire, journaliste de formation et écrivain, qui se présente pour la troisième fois à la présidentielle en Mauritanie après 2007 (obtenant 7, 95 % des voix) et 2009 (4, 57 % des voix) et celle du président d’IRA, Biram Ould Dah Ould Abeid, sont validées par le Conseil constitutionnel, les Mauritaniens auront, une fois encore, droit à des candidatures « communautaires ». Les deux hommes savent pertinemment qu’ils ne peuvent compter que sur le vote des Noirs de Mauritanie qui ont conscience que le système de gouvernance mis en place depuis l’indépendance du pays, en 1960, doit changer pour un meilleur partage du pouvoir.

 

Côté pouvoir, la machine est déjà en marche. Alors que le  gouvernement et la majorité divertissent l’opposition dans un dialogue sans issue, le président Ould Abdel Aziz est déjà en campagne. Son périple dans les différentes wilayas du pays pour des « poses de premières pierres » et des « inaugurations » est mis à profit pour renouer contact avec ces grands électeurs que sont les chefs de tribus, les hommes d’affaires et les notables.

 

Le président mauritanien qui a dit et redit que le scrutin ne sera pas reporté au-delà du 21 juin prochain avait annoncé, le 23 avril dernier, qu’il était candidat à sa propre succession. Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien général arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en août 2008, avait été élu un an après pour un mandat de cinq ans lors d’un scrutin contesté par l’opposition. Cette même opposition qui, aujourd’hui divisée, risque également d’être obligée de choisir entre le mal et le pire : Aller à une élection perdue d’avance ou boycotter avec le mince espoir que la communauté internationale ne reconnaîtra pas une élection à l’allure de plébiscite d’un autre âge. Sauf si, comme cela se murmure déjà, Aziz parvient à pousser dans l’arène politique un candidat « indépendant » de poids pour atténuer l’impact de la désertion du FNDU.

                                                                                                                                                                                      

 

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