Mauritanie : le renouvellement de la classe politique ne se décrète pas, il faut le provoquer

1 octobre 2013

Mauritanie : le renouvellement de la classe politique ne se décrète pas, il faut le provoquer

Les militants des quatre partis de jeunes réunis au palais des congrès (photo: AMI)
Les militants des quatre partis de jeunes réunis au palais des congrès (photo: AMI)

Ça bouge du côté de la majorité présidentielle à la veille des élections municipales et législatives. Quatre formations politiques dirigées par des jeunes ont constitué, dimanche 29 septembre, au Palais des Congrès de Nouakchott, une coalition au sein de la majorité présidentielle. Un regroupement auquel les partis « Unité et développement », « Sursaut de la jeunesse pour la nation », « Pensée nouvelle » et « Mauritanie nouvelle » ont donné le nom de « Coalition pour le changement constructif ». Tout un programme ! Quand on sait que c’est là le slogan de campagne du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz à la présidentielle de juillet 2009.
Si tout le monde s’accorde à reconnaître aujourd’hui qu’il y a effectivement un changement notoire dans le mode de gestion des affaires de l’Etat – ce qui a permis la réalisation de 70% du programme électoral du président Aziz, soulignent ses soutiens – il est clair, cependant, que l’on assiste, sur le plan politique, à un retour insidieux des barons de l’Ancien Régime. Notamment au sein de l’Union pour la République (UPR), parti au pouvoir en Mauritanie. Un parti qu’on accuse, au sein de la majorité présidentielle, de « résister » au changement et de refuser même de faire de la place, dans le gouvernement, à ses alliés politiques, à part un ministère de la Jeunesse et des Sports, confié à la présidente du Sursaut, Lalla Aïcha Mint Chriv, et un ministère Secrétariat de la présidence aux mains du vice-président de l’UDP, Sy Adama. Dans les autres sphères du pouvoir, les cadres de la soixantaine de partis qui gravitent autour de l’UPR, et dont certains, comme les partis des jeunes soutiennent fermement la politique du président de la République, ne récoltent que des miettes.

Au centre, Mohamed Baro,  président de la nouvelle coalition (photo: Sneiba)
Au centre, Mohamed Baro, président de la nouvelle coalition (photo : Sneiba)

C’est dans ce contexte particulièrement tendu de précampagne électorale, de reprise du dialogue entre le pouvoir et l’opposition qui réclamait le « rahil » (départ) du président Aziz que les partis des jeunes membres de la majorité présidentielle ont décidé de bouger pour exister. Comprenant sans doute que le renouvellement de la classe politique auquel a appelé le président Aziz, dès son arrivée au pouvoir, ne se décrète pas, mais s’impose par la mobilisation des jeunes pour la défense des acquis et le refus d’un retour en arrière. Le discours-programme de Mohamed Barro, président du parti « Unité et Développement », porté à la tête de cette coalition qui comprend également « le Sursaut de la jeunesse pour la nation », le parti « le courant de la pensée nouvelle » et le parti « la Mauritanie nouvelle », annonce donc les revendications politiques, économiques et sociales d’une jeunesse qui se refuse à jouer le rôle de « roue de secours » alors qu’elle estime avoir largement les moyens de passer devant. Son atout majeur semble être cette profession de foi que le président de la nouvelle coalition a prononcée devant une salle du Palais des Congrès pleine à craquer : « Dans son discours politique, le président Mohamed Abdel Aziz prône le changement, nous le soutenons à bras le corps. Il a dit que ça peut changer et que ça doit changer et à nous de confirmer que ça va changer. »

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