Top 10 des présidents de partis les plus en vue en Mauritanie

14 août 2013

Top 10 des présidents de partis les plus en vue en Mauritanie

Ben, ce n’est pas vraiment le top 10 que j’avais promis. Le croustillant – déjà entamé- a finalement été abandonné. J’ai jugé que puisqu’il ne s’agissait pas seulement de moi, je devais m’interdire de parler de la vie privée des autres. Oui, il s’agissait d’un échantillon d’échanges sur les réseaux sociaux avec des amies ! Et bien que j’aie pris soin de supprimer tous les indices pouvant mener à l’identité de ces braves dames, j’ai finalement renoncé pour vous parler, en fin de compte, d’un sujet qui est plutôt dans mes cordes : la politique. Avec le top 10 des chefs de partis les plus en vue en Mauritanie.

1-     1 Messaoud Ould Boulkheir comme tête de liste de ce top 10, pourquoi pas ? C’est un choix. Mon choix. C’est forcément subjectif. Mais je trouve quand même qu’un homme comme l’actuel président de l’Assemblée nationale, avec un demi-siècle de lutte pour l’émancipation des Haratines (plus de 45% de la population mauritanienne), l’égalité entre toutes les communautés nationales et la promotion de la démocratie, mérite bien des égards. Aujourd’hui, une partie de ses anciens compagnons d’armes pensent qu’il a trahi la « cause », parce qu’il a tout simplement pris de la hauteur, en s’inscrivant non plus dans l’optique de revendications « particularistes » mais nationales. Homme de consensus, il pilote aujourd’hui une initiative qui cherche à concilier entre les positions d’une Coordination de l’opposition démocratique (COD) faisant du départ du président Aziz, l’essentiel de son agenda politique, et un pouvoir sûr de son fait.

2-      2Le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz : Constitutionnellement, il n’est à la tête d’aucun parti politique, mais, dans les faits, il est le véritable boss de l’Union pour la République (UPR), parti au pouvoir en Mauritanie. Ceci dit, on peut ne pas aimer l’homme qui préside actuellement à nos destinées mais reconnaissons lui quand même certains mérites : son franc-parler et mépris, non feint, qu’il a pour ceux qui prennent la politique pour un jeu d’intérêts ; même si on lui reproche d’avoir réhabilités certains anciens « valets » de Taya. Par nécessité de services (élections), ils sont là sans être là, confinés dans des postes d’ambassadeurs, de présidents de Conseils d’administration ou de conseillers. C’est l’un de ses échecs face au Système qui trouve toujours les ressources nécessaires pour rebondir de plus belle.

3-      3Mohamed Ould Maouloud : Le président de l’Union des forces de progrès (UFP) est, à l’image de sa formation de gauche, la politique personnifiée. Ils donnent un sens à l’Idéologie et à l’action que tout parti doit mener pour « vendre » ses idées aux électeurs dans une démocratie apaisée. La seule formation qui fonctionne comme une « machine » et non le parti d’un tel.

4-     4 Boidiel Ould Houmeid : Ancien syndicaliste, ancien ministre des Finances du président Taya, l’actuel président du parti d’Al Wiam (Entente), est l’un des principaux animateurs de la Coalition pour une alternance pacifique (CAP), l’aile modérée de l’opposition mauritanienne. Considéré comme l’alter ego de Messaoud Ould Boulkheir, il se refuse, depuis plusieurs années à suivre le discours d’un El Hor autonome, c’est-à-dire d’une communauté arabe scindée en deux. Une position qui dérange au sein de la communauté haratine mais fait gagner des points à Ould Houmeid au sein des anciens maîtres.

5-     5 Ahmed Ould Daddah : Frère cadet du premier président Mauritanien, Moctar Ould Daddah, Ahmed est rentrée d’exil, en 1992, à la faveur de l’ouverture démocratique en Afrique décrétée à la Baule par le président François Mitterrand.  Il se présente, à l’arraché, comme candidat de l’opposition contre Taya et obtient, malgré la fraude massive, 32% des voix à la Présidentielle. Ne s’entendant pas bien avec Messaoud Ould Boulkheir, alors secrétaire général de l’Union des forces démocratiques (UFD), Ahmed Ould Daddah manœuvre avec son groupe pour pousser leurs adversaires politiques à sortir de cette formation et à créer leur propre parti, Action pour le Changement (AC). Depuis, Ahmed Ould Daddah qui s’est séparé également de plusieurs autres groupes (islamistes de l’actuel Tawassoul et maoïstes de l’UFP), a recomposé ses militants au sein du RFD (Rassemblement des forces démocratiques) qui lui assure aujourd’hui d’être le chef de file de l’opposition démocratique.

6-      6Ely Ould Mohamed Vall : colonel de l’armée, président de la transition militaire 2005-2007, Ely Ould Mohamed Vall fut directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) vingt ans durant sous le régime de l’ancien président Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya. Admiré pour avoir cédé le pouvoir au bout d’une transition de 19 mois, il voit son image se dégrader en 2009 quand il arrive largement derrière avec 3% à la présidentielle. Le pouvoir actuel a sans doute manœuvré pour qu’il en soit ainsi, le colonel Ely étant l’un des plus farouches adversaires du président Aziz, qu’il accuse d’avoir trahi son serment d’officier en renversant, le 6 août 2008, le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi faisant revenir le pays à la case départ.

7-      7Kane Hamidou Baba : Le président  du Mouvement pour la Rénovation (MPR) est un ancien du RFD dont il était l’un des vice-présidents. Elu député, en 2006, au nom de ce part, il le quittera lors de la crise de 2008, quand Ahmed Ould Daddah revient sur son soutien aux militaires putschistes. Il crée alors son propre parti, intègre la majorité présidentielle mais n’hésite pas à la quitter quand il se rend compte que le pouvoir n’a de considérations que pour l’Union pour la République (UPR) et considère tous les autres comme de simples satellites. Aujourd’hui, Kane Hamidou Baba fait partie de l’opposition « dialoguiste » (modérée) et critique de plus en plus les choix politiques et économiques d’un gouvernement accusé d’avoir choisi la fuite en avant plutôt que de faire face à une crise dont la solution nécessite que tous les pôles politiques reviennent à la table des négociations.

8-      8Yahya Ould Ahmed Waghef : Le président du parti Adil, et ancien Premier ministre de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi (2007-2008) est aujourd’hui, comme Kane Hamidou Baba, un déçu de la Majorité. Sa formation, bien que principale victime du coup d’Etat du 6 août 2008, a longuement hésité avant d’intégrer la majorité présidentielle. D’aucuns avaient considéré, à l’époque, que c’était une condition pour que cessent les poursuites engagées par le pouvoir contre Ould Waghf dans le cadre de ce que les Mauritaniens avaient appelé « l’affaire du riz avarié » et qui avait conduit l’ancien Premier ministre en prison. Mais même au sein de la Majorité, Ould Waghef n’avait pas cessé de critique la gestion du pays et à appeler à un dialogue avec la COD. Une attitude qui a provoqué une scission au sein de son parti, quand il avait pris la décision de sortir de la majorité, avec le PMR et le RD, pour former la Convergence démocratique (CP) et fusionner par la suite avec la CAP (APP, al Wiam et Sawab).

9-      9Naha Mint Mouknass : La Présidente de l’Union pour la démocratie et le progrès (UDP) a déserté la scène politique nationale depuis qu’elle a été débarquée de son poste de ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, au moment où son « protecteur », Kadhafi, se démenait pour rester au pouvoir. Fille du plus illustre des ministres mauritaniens des Affaires étrangères, Hamdi Ould Mouknass, Naha a hérité du parti créé par son père mais aussi de ses relations à travers le monde. Au sein de la majorité (même du temps de Taya), l’UDP est toujours le parti refuge de tous ceux qui expriment leur mécontentement par rapport au  pouvoir, sans avoir le courage d’aller à l’opposition.

10-   10Ibrahima Moctar Sarr : Le président de l’AJD/MR (Action pour la justice et la démocratie/mouvement pour la rénovation) a un parcours atypique. Ancien des FLAM (Front pour la libération des Africains de Mauritanie), journaliste et poète de renommée, il a longtemps milité avec l’actuel président de l’Assemblée nationale, au sein du parti AC dont il était secrétaire général. Taxé d’extrémiste, IMS continue toujours à réclamer un meilleur partage du pouvoir, une reconnaissance véritable des langues nationales (pulaar, wolof, soninké) et une reconsidération de certains attributs de la République (nom du pays, hymne et drapeau). Après un flirt avec le pouvoir actuel, il a préféré renoué avec l’opposition modérée sans aller jusqu’à intégrer officiellement la CP-CAP.

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