La démocratie est « l’opium du peuple »

18 juillet 2013

La démocratie est « l’opium du peuple »

Manifestation populaire en Mauritanie (photo : facebook)
Manifestation populaire en Mauritanie (photo : facebook)

On devrait pouvoir organiser un référendum, dans tous les pays où la démocratie flanche, pour savoir si le peuple ne préfère pas, en fin de compte, le retour à la dictature. Militaire ou civil. Celle en Guinée équatoriale dirigée par Teodoro Obiang ou plus feutrée comme en Chine.

Je le dis parce que ce qui se passe actuellement dans la plupart des pays en voie de (sous) développement ne milite pas en faveur d’un concept que les pays occidentaux ont adapté, depuis des lustres, mais que les Africains n’arrivent pas encore à adopter. La démocratie pour nous est un simple jeu. Un paraître qu’on accepte comme tel. Voyez un peu ce qui se passe dans un pays comme la Mauritanie ou la Guinée. Une crise qu’on entretient oubliant qu’il suffit d’un peu de bonne volonté, de part et d’autre, pour pouvoir la transcender. On fait croire au peuple que cela fait partie intégrante de la démocratie, que majorité et opposition sont condamnées à ne jamais s’entendre sur les règles de ce jeu qui, ailleurs, ont été fixées une fois pour toutes pour permettre aux partis politiques d’utiliser le langage des programmes politiques, économiques et sociaux pour arriver au pouvoir. Mais pas seulement. Accepter aussi qu’un président « démocratiquement élu » achève son mandat. On imagine mal qu’un scénario comme celui arrivé en Mauritanie, en août 2008, avec la « Rectification » du pouvoir du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, ou la destitution du président Morsi en Egypte se passe dans un pays comme la France, où pourtant François Hollande est au plus bas des sondages ! Les Français l’ont élu ; ils se sont peut être trompés mais ils ne peuvent plus changer le cours des évènements. Sauf en cas de force majeure et suivant un mécanisme constitutionnel connu d’avance. Sans ces garde-fous mis en place par les démocraties dignes de ce nom, on pourrait revivre à répétitions ces « coups de têtes » qui soumettent les peuples du « second monde » à un éternel recommencement. Avec la possibilité de deux à trois putschs par an. Si une majorité n’est plus d’accord avec un président élu. Quand un puissant général n’est plus en phase avec un Raïs « élu » grâce au pouvoir de persuasion de ses soutiens militaires. Ou encore si les foules occupent la rue en très grand nombre et persuadent l’Occident, garant de notre « démogâchis » que ce pouvoir là n’est pas le « modèle » qu’il veut pour nous.

L’instabilité démocratique que connait l’Afrique est donc, véritablement, une remise en cause d’un concept et d’une pratique du pouvoir qui dénote de l’imperfection de notre classe politique. Celle-ci, s’appuyant sur l’ignorance de nos peuples mais aussi sur le manque de fermeté d’une communauté internationale régie par les puissants de ce monde (USA, France, Angleterre, Russie, Chine, Allemagne) tire sa force de sa parfaite connaissance du système d’opposition et de ses lois. Rien ne peut se faire contre la Syrie de Bachar Al-Assad sans l’aval de la Russie et de la Chine. Deux pays qui acceptent la destitution de Morsi en Egypte parce que les autres « partenaires » stratégiques dans la gouvernance collégiale du monde l’ont, peut être, favorisée ! Un « coup d’état démocratique » contre un dictateur « démocratique » cela donne la confusion générale qui empêche aujourd’hui de voir clair dans ce qui se passe en Egypte. Et qui risque de faire jurisprudence dans les pays où la force fait encore la loi.

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