TVM : Dialogue…indirect

13 juin 2013

TVM : Dialogue…indirect

Cérémonie de lancement du dialogue nationale, octobre 2011 (crédit photo: Google.com)
Cérémonie de lancement du dialogue nationale, septembre 2011 (crédit photo: Google.com)

Il existe bien, chez les linguistes, un discours direct et un discours indirect. La Télévision de Mauritanie (TVM) vient d’inventer un nouveau concept : Le dialogue indirect ! En réussissant à convaincre les leaders de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) à défiler, les uns après les autres, dans l’émission « El Hiwar » (le dialogue) de notre confrère Takiyoullah El Edhem, doublé, pour les francophones, de l’émission, tous les quinze jours, « le débat », d’un autre journaliste vedette de la TVM, Yedali Fall. Pour une fois, la TVM ouvre, tout de même, un débat sur les questions de l’heure. Et permet à l’opposition, dans ses deux composantes, de donner la réplique au pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz.

Dans ce dialogue indirect donc, la prouesse de la TVM n’est pas d’avoir permis à ceux qui trouvent encore le temps de la regarder d’entendre le discours de l’opposition – puisque celle-ci n’a pas attendu cette « ouverture » pour aller dire ce qu’elle pense sur les places publiques – mais d’avoir montrer que la Majorité et la COD peuvent bien se parler. Même si elles ne s’entendent jamais.

Il est louable donc à la TVM d’avoir tout fait pour « entraîner » la COD dans les débats sérieux, ceux qui sortent la classe politique de ses…ébats. Le temps d’antenne consacré à chaque leader politique, qu’il soit de la majorité ou de l’opposition, est largement suffisant pour lui permettre de donner sa vision des choses, d’expliquer aux mauritaniens ce qu’il considère être la vérité sur une situation politique, économique et sociale donnée.

Pour une fois, la TVM ne verse pas dans la discrimination. En permettant à tous les Mauritaniens d’entendre ce que disent leurs responsables dans les deux langues utilisées au pays. Et même si certains s’en offusquent à tort, voulant priver les francophones de cette ouverture qui ne fait, tout de même, de mal à personne.

Le passage de la TVM d’un média très partisan à une chaine qui essaie de mettre les formes dans ce qu’elle fait n’étant pas si évident que ça, il faut donner le temps au temps, comme on dit.

Mais, d’un autre côté, les débats de la TVM constituent une occasion, pour la classe politique, de continuer, hors antenne, son jeu favori : les réactions aux propos de l’adversaire dans une démarche dont l’objectif semble être d’entretenir la crise ! Jusqu’à quand ?

Il faut dire que l’on est loin encore de cet idéal démocratique qui a permis à d’autres, comme nos voisins sénégalais, par exemple, d’éviter le pire. De pouvoir laisser de côté tout ce qui a embrasé les rues de Dakar au premier tour de la Présidentielle pour rivaliser, démocratiquement, au second et « dégager » un vieux président qui, jusqu’au dernier moment, croyait encore à ses chances de rester au pouvoir.

Inutile de dire ici que c’est le peuple souverain qui décide. Du choix des armes : descendre dans la rue, comme en Tunisie, en Egypte, en Libye, au Yémen et en Syrie, avec des in(fortunes) diverses, ou se fier aux urnes, comme au Sénégal. La Mauritanie, pays aux équilibres fragiles, doit résolument se tourner vers ce dernier exemple. Il en va de sa survie.

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