Crise politique en Mauritanie : L’heure de vérité

Article : Crise politique en Mauritanie : L’heure de vérité
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16 février 2013

Crise politique en Mauritanie : L’heure de vérité

Messaoud Ould Boulkheir, président de l'Assemblée nationale (crédit photo: Elhourriya.net)
Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Assemblée nationale (crédit photo: Elhourriya.net)

C’est lundi dernier que la classe politique mauritanienne a commencé à plancher, véritablement, sur l’initiative du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, pour voir dans quelle mesure elle peut constituer le compromis tant recherché susceptible de sortir le pays de la crise politique qu’il traverse depuis juillet 2009.

Pour bon nombre d’observateurs, c’est l’heure de vérité à tous points de vue. Pour le président de l’Assemblée nationale, et de l’Alliance populaire progressiste (APP) et ses alliés de la Coalition pour une Alternance Pacifique (CAP) qui se présentent à l’opinion publique nationale comme une opposition modérée ayant tout fait pour éviter au pays les dérives d’un « printemps arabe » toujours en cours, notamment dans des pays (Tunisie, Egypte) où l’on croyait pourtant que le pire était passé. Pour la Coordination de l’opposition démocratique (COD) qui mise beaucoup sur cette initiative pour faire plier le pouvoir à sa volonté, en lui faisant accepter certaines concessions qu’elles jugent nécessaires pour envisager d’aller aux élections municipales et législatives. Pour le pouvoir qui doit se prononcer, officiellement, sur l’initiative, en l’acceptant ou en la refusant. Ce qui signifie un retour à la case départ ou plutôt le statu quo qui prévaut depuis l’élection de Mohamed Ould Abdel Aziz, rendue possible par l’Accord de Dakar de juin 2009 et l’entrée dans un nouveau cycle de contestations en rien différent de celui qui avait suivi le coup d’Etat contre Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, et qu’on avait appelé, à l’époque, la Fronde des parlementaires de la Majorité.

Toutes choses qui rappellent aux Mauritaniens cette triste vérité : chaque fois que l’on pense être proche d’une solution pour la crise politique, de nouvelles contraintes apparaissent au grand jour et remettent les compteurs à zéro.

Un long processus  de faux-fuyants

Alors qu’Aziz se trouvait en convalescence à Paris, Messaoud Ould Boulkheir avait alors mis en branle son initiative pour que l’opinion publique nationale en prenne connaissance. Il en avait remis une copie à la présidence tournante de la COD. Un timing qui avait alors posé moult interrogations, certains pensant que le président de l’Assemblée nationale voulait exploiter cette carte pour mettre la pression sur le pouvoir et connaître de la sorte le sort du président de la République; chose qu’il a  obtenue quand Ould Abdel Aziz lui a  téléphoné, avant que l’opposition ne se réunisse pour discuter de l’initiative de Messaoud.

Puis, Ould Abdel Aziz a recouvert la santé, après quarante jours passés en France, et est revenu à Nouakchott où la majorité avait réussi la plus grande mobilisation populaire (peu importe les moyens utilisés) dans l’histoire politique de la Mauritanie. Il a très vite fait de « condamner à mort » l’initiative de Messaoud, en déclarant, lors d’une conférence de presse, tenue au palais présidentielle le lendemain de la commémoration du 52ème anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie, que le pays n’est pas en crise et qu’on n’a  pas besoin d’un gouvernement d’union nationale. Hors, ce dernier comptait, pourtant, comme le principal point de l’initiative de Messaoud ! Cette prise de position du président de la République – contre l’initiative du président de l’Assemblée nationale – a certainement poussé la COD à lui prêter une oreille attentive. Après avoir désespéré de pouvoir obtenir ce qu’elle veut (le départ d’Aziz), en multipliant les manifestations, elle cherche maintenant à le pousser à commettre l’erreur de trop : refuser la proposition du président de l’Assemblée nationale… et prendre le risque de voir celui-ci revenir dans le giron de la COD. Un retour à la case départ en quelque sorte.

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