Convention de pêche entre la Mauritanie et la société chinoise Poly-Hondong : Prémices d’un nouveau scandale

Article : Convention de pêche entre la Mauritanie et la société chinoise Poly-Hondong : Prémices d’un nouveau scandale
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12 janvier 2013

Convention de pêche entre la Mauritanie et la société chinoise Poly-Hondong : Prémices d’un nouveau scandale

Embarquement au port de pêche de Nouadhibou (Photo: Sneiba Mohamed)
Embarquement au port de pêche de Nouadhibou (Photo: Sneiba Mohamed)

La société chinoise de pêche Poly-Hondone, qui a fait irruption dans l’actualité nationale, il y a deux ans, par la signature avec le gouvernement du Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf, d’une convention très controversée, fait reparler d’elle. Depuis lundi, elle a signifié aux autorités mauritaniennes la suspension de ses activités de pêche à Nouadhibou où, au terme de ladite convention, elle devait construire un complexe de pêche traitant sur place les captures de ses navires et employant quelque 2500 personnes. A l’époque, de telles promesses nécessitant un investissement de 100 millions de dollars US avaient servi d’argument massue pour le ministre des Affaires économiques et du Développement, Sidi Ould Tah, qui avait balayé d’un revers de la main les protestations des armateurs nationaux et des députés de l’opposition qui dénonçaient un accord léonin parce qu’il donne une large accessibilité aux ressources halieutiques nationales et coure sur une période de 25 ans ! Du jamais vu dans toute l’histoire du secteur et peut être même dans celle des accords et conventions que la Mauritanie a eu à signer avec ses partenaires économiques et financiers, notamment l’Union européenne.

Il s’agit donc, véritablement, d’un retournement de situation qui ne sert pas le gouvernement dans sa volonté de dire que tout ce qu’il a entrepris, depuis l’arrivée de Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir, a été bien pensé en termes d’intérêt national et non de visées personnelles et « lobbyistes » comme cela a toujours été le cas en Mauritanie. Certes, le gouvernement pourra toujours se défendre, en disant que c’est le partenaire chinois qui a failli, en ne respectant pas les clauses du contrat, étant encore très loin du nombre d’emplois qui devait être créés et contrevenant, épisodiquement, aux conditions de pêche. Mais il sera difficile à Ould Tah et aux experts qui ont ficelé cette convention avec Poly-Hondong de défendre leurs choix. Surtout que l’accord avec les Chinois a beaucoup joué dans les réticences de la Mauritanie envers l’Union européenne, quand il a fallu renouveler l’accord qui les lie depuis une quinzaine d’années et dont la durée a été ramenée de quatre à deux ans alors que la compensation financière a été revue à la hausse.

C’est donc une affaire embarrassante pour le ministre des Affaires économiques et le ministère des Pêches qu’au lieu de chercher à négocier, Poly Hondong se dérobe. A la suspension des licences de pêche que le gouvernement mauritanien lui avait octroyée, elle réplique en annonçant, tout simplement, l’interruption de ses activités à Nouadhibou ! Poly Hondong a fait part de sa décision à l’Inspection régionale du travail et à la Direction maritime dans une correspondance en date du 2 janvier 2013.

En fait, Poly Hondong a failli. Elle donne raison, contre le gouvernement, à une opposition qui avait toujours dit que ce que cherchait la société c’est de pouvoir continuer ainsi tant que l’Etat accepte de fermer les yeux. Sur la lenteur de l’exécution des termes de l’accord et les contraventions des navires de pêche de Poly-Hondong. Celle-ci n’avait engagé que 300 personnes sur les 2500 qu’elle avait promises et mettait plus de temps qu’il n’en fallait pour la construction de son usine de transformation de poisson sur terre.

Le ministre des Affaires économiques qui avait défendu « son accord », en Juin 2011, devant le Parlement nous doit maintenant des explications. Il avait, devant le Sénat, accusé des médias électroniques mauritaniens de s’impliquer dans la campagne visant, selon lui, à porter préjudice aux relations économiques entre la Mauritanie et la  Chine. Nouakchott avait alors connu une vive polémique après la signature d’un accord de pêche entre le gouvernement et Poly Hondong Pelagic Fisher,  une entreprise chinoise presque inconnue avant cette signature mais dont la société mère Poly technologies est couramment citée dans des contrats d’armement. Par le biais dudit accord, d’une durée de 25 ans, la Mauritanie octroyait à l’entreprise un terrain de 60.000 m2 pour la construction d’une usine de production de poisson. La Société s’engageait à investir 100 million USD dans le projet et à générer 2500 opportunités d’emploi. Le gouvernement mauritanien s’engage à garantir « la stabilité du cadre juridique » en faveur de l’investisseur et le texte du contrat cite des annexes « ayant la même force juridique » mais qui n’ont pas été rendus public. La volte-face de Poly-Hondong va-t-elle tout jeter à l’eau ?

 Medsnib

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