Les islamistes mauritaniens « suivront-ils le mouvement » ?

Article : Les islamistes mauritaniens « suivront-ils le mouvement » ?
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20 décembre 2012

Les islamistes mauritaniens « suivront-ils le mouvement » ?

Vue du deuxième Congrès des islamistes mauritaniens (crédit photo: El hourriya.net)
Vue du deuxième Congrès des islamistes mauritaniens (crédit photo: El hourriya.net)

Nouakchott, capitale de la République Islamique de Mauritanie, a vécu, ce jeudi 20 décembre 2012, au rythme du Deuxième Congrès du parti « Tawassoul » (en français, « le Rassemblement pour la Réforme et le développement »), parti d’obédience islamiste reconnu en 2007, juste après l’élection à la présidence de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, et qui dispute aujourd’hui le leadership de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) au Rassemblement des forces démocratiques (RFD), le plus représenté au parlement.

Les islamistes mauritaniens ont voulu donner une envergure internationale à leur congrès, en invitant des figures emblématiques comme le cheikh Rachid Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahda, au pouvoir en Tunisie, le vice-président du Hamas, Moussa Abu Marzoug, un représentant des frères musulmans libyens et même de la lointaine Malaisie !

La vague islamiste déferlante en Tunisie, au Maroc, en Egypte et en Libye, qu’on a appelé le « printemps arabe » commence à donner des idées aux islamistes mauritaniens qui se posent cette question : « pourquoi pas nous, ici et maintenant » ? Même s’il est vrai que c’est quand même en jouant sur cette sorte de « lieu (lien ?) commun » entre l’arrivée des islamistes au pouvoir (par la voie des urnes), en Tunisie et au Maroc, par la voie des armes (en Libye) ou par la pression de la rue conjuguée au suffrage universel (en Egypte) que les gouvernements arabes cherchent à faire peur à leur opinion publique sur les risques d’un péril islamiste aux contours encore flous. Certes, la démocratie a joué mais l’on ne semble pas prêt d’oublier que ce sont les mêmes mécanismes empruntés à l’Occident chrétien qui ont permis aux islamistes du FIS algérien de remporter les élections de 1990 et de pousser les autorités algériennes à remettre en cause des principes de démocratie pourtant réputés « bons » pour tous. C’est le même phénomène qui a obligé également le Fatah et les USA à refuser sa victoire au Hamas « dépossédé  » de facto de son pouvoir exécutif dans une situation singulière de refus de la démocratie.

Le président de Tawassoul en compagnie du chef d'Annahda, Rachid Ghannouchi (photot: Saharamédias.net)
Le président de Tawassoul en compagnie du chef d’Annahda, Rachid Ghannouchi (photot: Saharamédias.net)

Toutes ces situations ont poussé les islamistes mauritaniens à chercher, depuis quelques mois, à faire comme « les frères » ! Et, dans ce cadre, tous les observateurs ont noté que la mobilisation bat son plein à Nouakchott pour, peut-être, devenir le fer de lance d’une action de la Coordination de l’opposition démocratique visant à pousser le pouvoir dans ses derniers retranchements. Et à commettre l’erreur qu’il ne faut pas.

Cette stratégie consiste à provoquer des mouvements de protestation comme cela arrivait chaque jour en Egypte, au Yémen et, dans une moindre mesure, en Tunisie et au Maroc. On sait que les pouvoirs ont maintenant les mains « liées » par une clause non écrite : ne pas tirer sur les foules ! Laisser les populations manifester leur ras-le-bol, leur frustration face à une situation qui se dégrade de jour en jour. Tirer sur les foules a toujours été considéré comme l’acte de trop.

Certes, c’est loin d’être le cas en Syrie où le président Bachar Al-Assad tente encore désespérément de rester au pouvoir mais les dictateurs sanguinaires ne peuvent plus rester au pouvoir à une époque où la solidarité universelle doit jouer en faveur des faibles et des opprimés. Dans une sorte de quitte ou double, ce président « résiste » encore, ne voulant partir que quand son pays sera devenu un tas de décombres et de sépultures.

Ici en Mauritanie, l’on n’envisage certainement pas d’aller aussi loin. Les manifestations de rue tournent rarement à des accrochages où il peut y avoir mort d’hommes. C’est l’amour de Dieu et de soi qui dicte de telles attitudes mais l’on n’est pas sûr qu’il en soit toujours ainsi quand le gouvernement choisit toujours la fuite en avant comme solution aux problèmes qui accablent les citoyens.

 

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