Festival « Les blues du Fleuve » de Baba Maal et « Festival du Fleuve » : Quand la culture surclasse la politique

Article : Festival « Les blues du Fleuve » de Baba Maal et « Festival du Fleuve » : Quand la culture surclasse la politique
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9 décembre 2012

Festival « Les blues du Fleuve » de Baba Maal et « Festival du Fleuve » : Quand la culture surclasse la politique

Foule massée sur la rive droite du fleuve Sénégal attendant l’arrivée en barque de Baaba Maal (Crédit photo: Sneiba Mohamed)

A l’occasion de la deuxième édition du « Festival du Fleuve », parrainé par le ministère mauritanien de la Culture, de la jeunesse et des sports, combiné, cette année avec la 8ème Edition du Festival Blues du Fleuve du célèbre musicien Baba Maal, le Fleuve Sénégal n’était plus la frontière naturelle entre la Mauritanie et le Sénégal mais est redevenu un facteur d’union entre les populations des deux rives.

Le Festival du Fleuve, que le ministère de la culture a voulu inscrire dans le cadre d’un agenda national – et surtout politique – a été surclassé par la manifestation, essentiellement culturelle et musicale des Blues réaffirmant, à l’occasion, que Baba Maal est à n’en pas douter un monument de la culture pulaar et bénéficie d’une très grande audience en Mauritanie. En témoigne l’immense foule venue assister à cette manifestation culturelle qui magnifie leur culture et leur histoire. Boghé, côté mauritanien du Fleuve, et Démet (côté sénégalais) n’en faisaient plus qu’un. Les populations massées des deux côtés du Fleuve n’avaient rien de différent : même langue, même vêtements, même vécu, même histoire. Mais surtout même attachement à ce qui était l’attraction du moment, le grand compositeur et chanteur de la musique pulaar, Baba Maal.

C’était, en fait et pour dire vrai, la raison du déplacement de milliers de natifs de la ville de Boghé venus des quatre coins de la Mauritanie. Les autres activités « insérées » à celles essentielles avaient un caractère protocolaire qui n’échappait nullement  à l’œil d’un observateur averti. Pour sa deuxième édition du Festival du Fleuve, le ministère de la Culture avait besoin d’un « jumelage » avec les Blues de Baba Maal, qui ont une bonne longueur d’avance (8ème édition) et une réputation qui se justifie par les succès rencontrés dans ses précédentes éditions à Podor, ville natale du chanteur et à Winding.

Régate avec la participation de piroguiers mauritaniens et sénégalais (Crédit photo: Sneiba Mohamed)

Pour le reste, les organisateurs de ces deux festivals en un avaient peaufiné un programme qui tient compte, tant bien que mal, des « spécificités » du Festival du Fleuve et des Blues de Baba Maal.

Sur trois jours donc (du 7 au 9 décembre), les populations de Boghé (Mauritanie) et de Démet (Sénégal) vivent au rythme d’activités culturelles (régate, paroliers, défilé), de grands concerts avec des musiciens venant du Sénégal, du Mali, de Mauritanie, de Guinée et du Burkina, d’exposition-vente de produits artisanaux locaux, de conférences-débats sur des thématiques intéressant les jeunes et les habitants locaux et d’activités de reboisement. Ouvert à Boghé, en présence de personnalités officielles, avec à leur tête les secrétaires généraux des ministères de la Culture, de la jeunesse et des Sports et de l’Intérieur, le festival devrait être clôturé à Démet, sur la rive gauche du Fleuve.  Ce qui constitue un bel exemple d’intégration entre deux pays qui ont bien des choses en commun, malgré les heurts de la politique et les contraintes liées à leur existence en tant qu’Etats jouissant de la plénitude de leur souveraineté nationale.

Ce billet sur le Festival du Fleuve et les Blues du Fleuve sera incomplet sans la présentation la capitale du « pays des halaybe » telle que présentée par le professeur Amadou Oumar Dia dans un petit document « Contribution à la connaissance de la ville de Boghé » distribué aux participants à cette manifestation culturelle et sportive :

« La ville de Boghé est au centre de la zone traditionnelle dénommée la province halaybe (située à cheval sur les deux rives du fleuve Sénégal et comprenant plus d’une quarantaine de villages), partie intégrante du Fuuta Tooro aujourd’hui partagé entre la Mauritanie et le Sénégal.

De par sa position géographique dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, à mi-chemin entre le delta et le haut-fleuve, de par sa fonction de carrefour ou de relais des voies de communication fluviale et terrestre entre, d’une part, le sud, le centre et l’est mauritaniens, et, d’autre part, le nord du Sénégal (l’île à Morphil appelé hakkunde maaje « entre les deux fleuves), Boghé et ses environs ont toujours été un centre agro-pastoral, un centre commercial et restent un véritable lieu de contacts, de brassage des peuples, de langues et de cultures ».

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