La rédemption de ceux qui croyaient Aziz fini

Article : La rédemption de ceux qui croyaient Aziz fini
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29 novembre 2012

La rédemption de ceux qui croyaient Aziz fini

Le président Aziz à son retour de France, après quarante jours de convalescence (Photo: slateafrique.com)

Le président Ould Abdel Aziz a eu droit à un accueil populaire grandiose. C’était la volonté de sa majorité, de ses soutiens les plus convaincus mais aussi de ceux qui avaient quelque chose à se reprocher. Quarante jours de doute, de questions sans réponses, sur ce que sera la suite, après la blessure par balle, le 13 octobre dernier du rais. Ceux qui avaient commencé à penser à l’après Aziz, et qui ont appris, le 20 novembre dernier, que le président revient et n’est pas prêt à céder son fauteuil, ont compris qu’ils ont besoin de se racheter. Et quel meilleur moyen de prouver son allégeance que celui de mobiliser fortement les Nouakchottois, surtout ceux des quartiers populaires, pour venir accueillir le « président des pauvres ». Une démarche politique qu’il fallait aussi entreprendre pour une autre raison : Montrer à ceux qui ne le savent pas – ou qui commencent à douter – que la Majorité est encore loin devant, du point de vue popularité, la Coordination de l’opposition démocratique (COD) dont le meeting populaire tenu 72 heures avant le retour du président Aziz, a pourtant drainé des dizaines de milliers de personnes. C’était donc, avant tout, une question de rapport de forces. Peu importe les moyens mis en œuvre. Que la COD dénonce la pression mise par le pouvoir sur les fonctionnaires et agents de l’Etat pour venir grossir les rangs des « accueilleurs », qu’elle parle de « motivations » des pauvres (8 euros pour chaque personne qui effectuerait le déplacement) ou d’acheminement de populations venues de l’intérieur du pays, ce qui compte c’est l’effet produit. Aziz peut dire à la face du monde qu’il conserve encore intacte sa popularité des premiers moments de son règne. Et donc qu’il dispose d’une légitimité populaire à faire valoir contre la volonté de la COD de le faire partir avant terme. C’est une volonté d’annihiler le « Aziz dégage » de l’opposition qui a sans doute poussé le président mauritanien à recourir à ce système de mobilisation populaire hérité de l’ère Taya.

Autant dire que le meeting de l’opposition et l’accueil populaire réservé par les populations de Nouakchott au président Aziz, 72 heures après, ne peuvent jouer en faveur d’une bonne lecture de la crise politique actuelle. Certes, le pouvoir conserve intacte son image de marque, les avantages qu’il confère à celui qui peut dire, « j’y suis, j’y reste », mais il faut aussi reconnaitre que le président Aziz a devant lui plusieurs défis à relever. Il doit montrer d’abord – et rapidement – que malgré sa maladie, il conserve encore la haute main sur les affaires de l’Etat. Cela passe d’abord par une reprise rapide de l’action du gouvernement qui a mis à profit la commémoration du 52ème anniversaire de l’indépendance nationale pour revenir sur scène après un moins de « vacances » forcées. Il faut ensuite que le président Aziz prouve qu’il n’est pas devenu l’otage des généraux ! Affaibli certes, il semble encore garder la haute main sur l’armée et les compartiments les plus sensibles de la sécurité nationale. C’est le seul moyen pour lui de finir en toute tranquillité – on ne  peut dire en toute beauté, tant les bobos sont nombreux – son quinquennat qui s’achève en 2014 et d’envisager la suite. Oui, la suite, car dans les conditions nouvelles, il parait très peu probable qu’Aziz se lance dans la quête d’un second mandat mais il pourrait bien revoir la formule de 2007, avec Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi ! Même s’il n’est pas sûr que les mauritaniens le suivront, une deuxième fois, dans cette « présidence à deux »

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