Et les Etats généraux de l’éducation ?

Article : Et les Etats généraux de l’éducation ?
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11 novembre 2012

Et les Etats généraux de l’éducation ?

L’année scolaire 2012-2013 est bien entamée. Et personne ne se rappelle plus qu’il y a quelques mois, on avait procédé à l’installation de la Commission chargée de préparer les Etats Généraux de l’Education (EGE). Ces assises qu’on attend pourtant depuis l’époque de Taya !

C’est pour dire que le problème de l’Education nationale est sans doute l’une des questions qui dérangent le plus aujourd’hui en Mauritanie. Pas parce que c’est l’un des secteurs les plus malades, les plus difficiles à réformer mais, y égard, peut-être, à l’embarras que constitue la question de la langue. Déjà, au niveau de l’existant, l’utilisation de deux langues d’enseignement pose problème : les matières scientifiques en français, s’il vous plait, et les matières liées à la culture en arabe.

Les EGE doivent donc trancher en faveur d’un statu quo, qui permet à une partie de la société mauritanienne de jouir doublement de l’avantage de l’ouverture (le français) sur le monde (de la science) et de l’ancrage dans des valeurs culturelles souvent revendiquées comme Identité Nationale ! Et les autres ? Les Négro-Mauritaniens qui ont toujours contesté l’arabisation à outrance du système éducatif. Le choix uniforme – uniformisant – d’une langue que l’on veut « nationale » (et non seulement officielle) a toujours été vu comme une volonté d’exclusion qui est à l’origine d’une telle orientation.

Ici, le politique est fermement lié au pédagogique et au culturel. Le traitement réservé à cette question, au niveau des amendements constitutionnels décidés par le dialogue entre le pouvoir et une partie de l’opposition, en novembre 2011, ne sont que le début d’une solution, pas LA solution, qui ne peut être envisagée que dans le cadre spécifiquement consacré à la question de l’Ecole.

C’est pourquoi, un « plan d’urgence » éducatif est aussi important aujourd’hui que celui que les autorités nationales ont mis en œuvre, l’été dernier, pour faire à la sécheresse. On ne peut pas continuer à attendre quand on sait que l’école est un tout et que la remise à plus tard de ses réformes handicape le présent et l’avenir de dizaines de milliers d’élèves mauritaniens formés dans des conditions loin d’être propices. Certes, l’on peut mettre en avant, toujours et toujours, que le pouvoir actuel n’est pas responsable de ces « accumulations » mais s’il ne fait rien pour redresser la barre à temps, il apporte sa contribution – négative – à la descente aux enfers d’un secteur éducatif qui souffre d’un demi-siècle d’improvisations, de réformes et de contre-réformes.

C’est pour cette raison que les autorités actuelles se trouvent devant un véritable dilemme : organiser ces états généraux ou les remettre aux calendes grecques. Dans un cas comme dans l’autre, les risques sont énormes.

La tenue des EGE va irrémédiablement diviser la classe politique mauritanienne entre ceux qui soutiennent un système éducatif où l’arabe aura une place de choix et les autres qui veulent qu’on laisse la liberté aux Négro-mauritaniens de choisir, comme par le passé, la langue d’apprentissage qu’ils veulent. Mais la remise à plus tard de ces assises risque, aussi, de confirmer la crainte d’être soumis à la situation évoquée plus haut. Un vrai casse-tête.

Sneiba

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