Silence, on joue !

Article : Silence, on joue !
Crédit:
9 novembre 2012

Silence, on joue !

Crédit photo: ffrim.org

« Ouverture de la saison sportive du football en Mauritanie ». C’est un titre qu’un confrère avait choisi pour un long article destiné à un média international situé à des milliers de kilomètres de chez nous qui a attiré mon attention. Non pas parce que l’article – bien détaillé, bien écrit – ne dit pas admirablement bien ce qui se passe chez nous aujourd’hui au niveau du sport roi mais parce que moi-même qui n’ai jamais eu aucun intérêt pour le sport dans mes écrits de tous les jours, je suis choqué par une telle situation. Le sport en Mauritanie, le football, en particulier, c’est une grande farce, une éternelle mise en scène de quelque chose qui n’aboutit jamais. Certes, on pourra me rétorquer : « c’est le cas de tout le reste », qu’en Mauritanie tout est « cinéma », irréalité, virtualité mais surtout jeu.

Pour dire vrai, il n’y a pas d’ouverture d’une « nouvelle saison de football ». Il y a un éternel recommencement. On sait que, malgré le changement d’équipe dirigeante, le soutien symbolique du président de la République (qui avait reçu le Directoire de la FFRIM au Palais mais n’a pas daigné assister lui-même à la finale de la Coupe ou du Championnat), le foot porte le deuil de la médiocrité et de la négligence. Ce qui compte à la fin d’une saison sportive, c’est de savoir si la Mauritanie a gagné – ou perdu – une place dans le groupe des mal classés de la FIFA ou de la CAF. Ça donne alors matière aux dirigeants du football national pour dire si l’on a réalisé des « performances » ou non. Aux journalistes sportifs et aux pratiquants de ce sport de servir alors la cause, en alimentant à leur tour la polémique autour d’un football malade depuis plusieurs années. Parce qu’on théorise plus et on pratique peu. A quoi sert-il de « respecter le calendrier international », en faisant en sorte que le « démarrage officiel du championnat de D1 se fasse en octobre 2012 » si les résultats ne suivent pas ? Imiter pour imiter ne fera pas de notre football une pratique à la hauteur des espérances.

Si la nouvelle saison footballistique, dont l’ouverture était initialement prévue pour le 1er septembre, doit finir comme elle avait commencé (c’est-à-dire sans avancées notoires), mieux vaut observer une sorte de moratoire qui permettrait aux responsables de la FFRIM de revoir la stratégie avec laquelle ils ont gagné la confiance des ligues régionales et des clubs. Nous n’avons rien à perdre si nous devons nous dépenser, au propre et au figuré, pour de si maigres résultats. A l’image de ce que gagne un club formateur qui ne touche que 50.000 ouguiyas (120 euros) pour le transfert d’un joueur. A l’image aussi de la subvention de 2 millions d’UM que chaque club recevait du ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports et qui ne seront pas versés cette année. Un souci de plus qui fait dire à certains que le sport chez nous c’est un « machin » qui donne des moyens de survie à ceux qui le gèrent, pas à ceux qui le pratiquent.

Partagez