Le gouvernement rattrapé par ses promesses

Article : Le gouvernement rattrapé par ses promesses
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8 novembre 2012

Le gouvernement rattrapé par ses promesses

Mauritanie: Conseil des ministres (crédit photo: Alakhbar.info)

Il n’y a pas longtemps, le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire a été pris à partie par des populations furieuses (plus de 300 personnes) venues réclamer que la question des « gazra » (squats) soit réglée pour de bon. Il n’a dû son salut qu’aux agents de sécurité qui l’ont aidé à « se barricader » dans son bureau en attendant que passe la colère de ces hommes et femmes qui le traitaient de tous les mots et « maux », n’épargnant pas au passage celui qui l’a « ministré » ! Il est évident alors que le Gouvernement est rattrapé aujourd’hui par ses promesses. L’exemple de l’éradication du phénomène des « gazras » n’est qu’un parmi des dizaines, voire des centaines d’autres projets et programmes dont l’exécution prend du retard si elle ne s’est pas tout simplement arrêtée. On avait promis, il y a trois ans, que le lotissement – la viabilisation, avec tout ce que cela laisse entendre comme routes, écoles, dispensaires, marchés, eau et électricité – allait s’achever avant la fin de 2011. On est déjà à l’orée de 2013 et les gazras continuent toujours à narguer les autorités à Arafat, Bouhdida et Toujounine, zones d’habitation de la capitale Nouakchott  où se concentrent 30 à 40% de la population. Certes, le phénomène a été stoppé net (il n’est plus permis à quiconque de squatter un nouvel espace) mais les problèmes demeurent. Des problèmes que l’administration entretient elle-même en ne parvenant pas à régler, de façon convenable, ceux hérités des pouvoirs antérieurs. Le grand problème donc du Gouvernement actuel est cette propension à l’improvisation. Rien n’est fait suivant une étude sérieuse, à croire que les responsables ont voulu, comme en toutes choses, suivre l’avis du président Ould Abdel Aziz qui aime faire suivre la parole par les actes. Presque sans étude de faisabilité. Il faut équiper les hôpitaux, transformer l’ancienne résidence du Premier ministre en Hôpital de la Mère et de l’Enfant, créer une Ecole Supérieure Polytechnique (même si l’on ne dispose pas de l’encadrement nécessaire), bâtir de nouvelles villes (Rosso, Chami, Nbeiket Lahwach, Tarmesse, Ribat El Bahr, détruire les anciens blocs et ériger à leur place un centre-ville qu’on attend toujours ! Il est certain aussi que d’autres grands projets annoncés comme des « réalisations du siècle » risquent de devenir – aussi – des éléphants blancs. L’usine de Poly-Hondong, la société chinoise qui avait promis de transformer le poisson mauritanien sur place, de créer 2500 opportunités d’emplois et d’opérer un transfert de technologie dans le secteur halieutique, contrairement à ces Européens qui se contentent de « piller » nos ressources moyennant une modique compensation financière, suit le même chemin que tous les grands projets « azizéens ». On peut dire la même chose du nouvel aéroport international de Nouakchott dont on ne parle plus après le rocambolesque deal signé par les autorités avec des hommes d’affaires mauritaniens. Ce qui est sûr, pour bon nombre d’experts, c’est que le délai d’exécution (deux ans) ne peut être respecté sauf miracle.  Tout cela pour dire que le gouvernement est responsable des errements – d’aucuns parlent des mensonges – du pouvoir actuel. Promesses non tenues, c’est pratiquement un discrédit pour le président Aziz à deux ans d’une nouvelle échéance présidentielle à laquelle il sera sans aucun doute candidat. S’il se remet, bien sûr, de la blessure par balle qui le soumet, depuis trois semaines, à un traitement en France.

Sneiba   Mohamed

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