Ça va changer, In cha Allah

Article : Ça va changer, In cha Allah
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7 novembre 2012

Ça va changer, In cha Allah

crédit photo: rar-wallon-garges.ac-versailles.fr

Venu régler un petit problème auprès d’une société privée de la place – que je ne citerai pas ici pour ne pas lui porter préjudice – j’ai été témoin d’une scène qui m’a vraiment fixé sur le véritable sens de la formule : « le temps c’est de l’argent ».

Alors que j’attendais, depuis une trentaine de minute que mon « petit » problème soit réglé, un Français de ceux qu’on appellerait vraiment chez nous un « toubab » (au sens où il n’accepterait pas de se soumettre à un comportement à la mauritanienne) arrive pour un service apparemment pressant. Une discussion s’engage avec un agent de la société et, après avoir reçu toutes les informations requises, notre « toubab » sort un montant et demande à être servi. Et, surprise, l’agent chargé de la transaction n’est pas sur place. En réunion, dit l’un de ses collègues. Non, sorti pour un besoin personnel, rétorque un autre. On demande alors au client de patienter « pendant cinq minutes ». Moi qui attendait depuis une demi-heure fus surpris d’entendre le « toubab » répondre :

« Non, je reviendrai plus tard. Votre collègue peut revenir dans cinq minutes ou au bout de cinq heures, Incha Allah ! »

C’est à ce moment là que j’ai vraiment mesuré l’écart qui sépare  un pays comme la Mauritanie du monde dit développé. Ce client parti, la société a perdu une transaction financière qui est certes insignifiante dans le volume de son chiffre d’affaires mais celui-ci n’est-il pas fait de la somme de toutes les opérations pareilles ? Et si, chaque jour que dieu fait, ce sont dix, vingt ou trente cas similaires qui se répètent ?

Je me mets alors à plaindre le secteur public. Parce que, c’est connu, les performances du secteur privé sont de loin meilleures que ceux du « Makhzen » (administration) où la nonchalance est reine.

S’il faut vraiment que le changement ait lieu en Mauritanie, il faut commencer d’abord par inculquer aux responsables la notion de temps. Une minute de perdu, peut entraîner la perte d’un argent fou. Dans certains cas, elle peut même provoquer un drame. Pensons à ces malades qui attendent que le médecin finisse de boire son verre de thé pour venir les ausculter ou à ces pompiers qui mettent un temps fou pour arriver sur les lieux d’un incendie. Pensons à ces enseignants qui mettent deux jours (deux cours de 2 heures de temps) pour une leçon ne nécessitant en réalité qu’une heure ! Pensons à cette semaine que prend le wali ou le hakem (préfet) pour signer un papier qui ne lui demandera, en réalité, que le temps de le parcourir des yeux et d’apposer sa signature sur le document. Pensons à toutes ces années perdues par nos hommes politiques qui ont tendance à faire un pas en avant et dix en arrière. N’est-ce pas ce qui explique que, à la chute de Taya, en 2005, tout le monde a cru que la Mauritanie a fini avec le Système. Mais l’on découvre aujourd’hui que le temps s’est arrêté et que la pause continue encore.

Sneiba

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