Après la fête : on fait les comptes.

Article : Après la fête : on fait les comptes.
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2 novembre 2012

Après la fête : on fait les comptes.

Ouguiyas (crédit photo: Africatime.com

La fête est maintenant derrière non. Ou plutôt non. Certes le mouton du sacrifice a bien été consommé, les beaux habits portés avec panache et parfois un brin d’orgueil et les rencontres entre membres d’une même famille, proches et amis vécus comme les meilleurs moments de la vie. Maintenant, les pères de familles sont laissés seuls face à l’après fête.

Et oui, les bobos ne font que commencer. Il faut solder toutes ces dépenses – extravagantes – qui ont occasionné des  » trous  » comme on dit dans les trésoreries des ménages et qu’il va falloir combler. Avec toutes sortes de gymnastiques. Dans la salle des professeurs d’un lycée privée de Nouakchott, deux enseignants ont entamé, ensemble, cette macabre opération de calcul des dépenses de la fête.

Tous deux disent avoir dépensé des centaines de milliers d’ouguiyas pour l’occasion, ce qui est fort probable, les professeurs devenant, au fil des ans, membres à part entière de la classe aisée nouakchottoise.

Un bon prof de maths, de physique ou de français gagne facilement un revenu mensuel de 500.000 UM (1250 euros) ! Les cours à domicile rapportent mais aussi les cours de rattrapage dispensés en groupe, aux heures du soir, dans les locaux de l’établissement.

Ceci dit, il y a des pères de familles qui sont loin d’avoir les mêmes opportunités que celles offertes par le secteur privé aux enseignants et aux praticiens de la santé. Dans plusieurs cas, le système D ne fonctionne que passablement.

Les revenus dépendent de plusieurs paramètres comme la circulation de l’argent à la veille des fêtes (dans les bourses de voitures, les ventes montent en flèche), la période (les vacances diminuent l’intensité des affaires à Nouakchott, tout le monde ayant « fui » vers la campagne) ou encore l’approche d’élections qui font que les riches sont plus enclins à prêter aux pauvres !

Parce qu’ils auront besoin de leurs voix sous peu. Pour occuper l’un de ces postes électifs qui sont l’un des meilleurs sésames auprès du pouvoir et partant le moyen le plus sûr pour récupérer la mise. Comme quoi, la politique est un investissement qui peut rapporter gros, surtout dans un pays comme la Mauritanie où le niveau de conscience du peuple se limite à la compréhension des luttes épisodiques entre ceux qui se réclament de la Majorité et ceux qui s’opposent au pouvoir.

Pour cette fête donc, les mauritaniens bien que préoccupés par la santé du président, et les conséquences qu’elle peut avoir sur la gestion des affaires publiques, n’ont pas dérogé à la règle. Qu’on soit pauvre ou riche, le rituel des dépenses de fête a été respecté. Le présent comptait plus que l’’avenir et, maintenant que la fête est devenue du passé, l’on se soucie, paradoxalement, de son être-là qui ne peut pas attendre. Il faut manger et boire, payer sa facture d’eau et d’électricité, se soucier de la santé des enfants. Il faut survivre. Jusqu’à la prochaine fête.

 

Sneiba.

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