« Noughta Sakhina » : Le marché du portable à Nouakchott

Article : « Noughta Sakhina » : Le marché du portable à Nouakchott
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16 octobre 2012

« Noughta Sakhina » : Le marché du portable à Nouakchott

«Noughta Sakhina » (Point chaud), nom d’une célèbre émission de la chaîne satellitaire Al Jezeera, est également l’empire du téléphone portable à Nouakchott. « Un point chaud » où tout celui qui veut acheter ou vendre un mobile se dirige en premier lieu, ignorant les boutiques du marché de la Capitale et celles alignées tout le long de l’Avenue De Gaulle, entre la Bacim Bank et les sièges des deux premiers opérateurs du GSM en Mauritanie, Mattel et Mauritel.

Le marché du portable construit sur un terrain en plein centre ville, à quelques jets de pierre de quatre banques privées, tire ce nom de « Noughta Sakhina » de l’affluence record qu’il enregistre à longueur de journée, dépassant même les autres marchés traditionnels de Nouakchott. Mais l’appellation est peut être aussi liée au caractère « dangereux » de ce lieu où, souvent les téléphones volés sont écoulés par des intermédiaires qui sont considérés comme les véritables « animateurs » de cet immense lieu où tout se vend et s’achète. Pas moins de 300 échoppes, des commerces de tous genres, car, en plus des portables, vous pouvez boire un thé ou « zrig » (mélange d’eau et de lait), manger un « thiboudiène » (riz au poisson) ou un sandwich – si vous êtes pressé et ne voulez pas rater une affaire. N’oublions pas les réparateurs, les vendeurs d’accessoires (pochettes, piles, écouteurs, chargeurs), et ceux qui vous changent de sonneries ! L’ambiance du marché a même poussé certains vendeurs ambulants, habitués du Grand Marché de la Capitale et des abords des banques ainsi que des ministères, à venir exposer des chaussures, des boubous, des chemises, des parfums portant les noms de grandes marques françaises et italiennes mais certainement « trafiqués » dans un pays asiatique émergent.

« Noughta Sakhina » avait était créé, au tout début de l’arrivée du GSM, en 2001, à côté de la première agence de Mauritel Mobiles. Quand cette dernière a quitté les lieux pour s’installer dans son nouveau siège, à quelques centaines de mètres de là, la « bourse » des portables n’a pas suivi, préférant rester dans un lieu devenu maintenant un mythe. Même pour les Mauritaniens de l’intérieur.

 

Le syndrome du portable

 

La frénésie du portable touche toutes les tranches d’âge sans exception en Mauritanie. L’expansion est fulgurante. Les trois opérateurs de téléphonie mobile (Mattel, Mauritel, Chinguittel) donnent l’impression d’afficher plein. Avec plus d’un 1 million d’abonnés pour Mauritel et presque autant pour les deux autres opérateurs réunis (Mattel et Chinguittel), le pays est certainement l’un des premiers du Continent africain en terme de concentration du GSM, avec 2 Mauritaniens sur trois ayant un portable.

De Nouakchott à Néma, en passant par Boutilimit, Aleg, Kiffa et Aïoun,  les téléphones cellulaires sont omniprésents en Mauritanie. Dans le désert, la montagne ou la plage, les sonneries peuvent retentir à tout moment. Au sein des villes, on peut assister à de véritables concertos polyphoniques. Le phénomène GSM a contaminé le pays et ouvert la brèche à un business florissant. D’où le secret de « Noughta Sakhina » qui offre des téléphones pour toutes les bourses : de 2000 UM (un vieux Ericsson qu’on appelle communément «debaba» (char) à plus de 200.000 UM pour les derniers innovations de Nokia, Samsung, Sony Ericsson ou Blackberry.

Les prix, la mode, plus que la nécessité, ont contribué à l’essor du téléphone portable en Mauritanie. Pour ne pas faire des jaloux, le Mauritanien met un point d’honneur à avoir son Mauritel, son Mattel et son Chinguittel. Et pour expliquer une telle « mode », il trouve des qualités à chacun des trois opérateurs : bonus régulier chez Mauritel et Mattel, déclare Ahmed O. M., qualité réseau chez Chinguittel.

Autrefois réservé au milieu professionnel aisé, le téléphone portable s’est banalisé et fait désormais partie intégrante des mœurs locales. Les points de vente qui fourmillent n’arrivent cependant pas à détrôner « Noughta Sakhina ». Les trois opérateurs agréés se répartissent les parts du gâteau. Avec plus d’un million de clients, Mauritel tient le haut du pavé devant Mattel (485.000) et Chinguittel arrivé seulement en août 2007 sur le marché mais qui a déjà conquis les cœurs de plusieurs Mauritaniens. Sept ans après son lancement, en 2001, Mauritel Mobiles, filiale du géant marocain Maroc Télécom s’est imposée comme le leader incontesté sur ce nouveau marché. Mais la bataille des opérateurs est loin d’être finie et la course aux abonnés ne fait que commencer. Loin de s’essouffler, le marché mauritanien de la téléphonie a encore de beaux jours devant lui, et les acteurs ne masquent pas leur optimisme.

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