Comment retourner le français de France après l’avoir détourné ?

27 novembre 2013

Comment retourner le français de France après l’avoir détourné ?

Commerces d'artisanat à Nouakchott (crédit photo: Ali Baba)
Commerces d’artisanat à Nouakchott (crédit photo : Ali Baba)

Comment retourner le français de France après l’avoir « détourné »? En l’adoptant d’abord, comme langue d’enseignement et de travail, et en l’adaptant ensuite en l’utilisant dans le parler hassaniya de tous les jours. « effour » (four), « guedronh » (goudron), we-te (auto), chariit (charrette), veudghou (vide de goût). Je cite cinq mots, il y en a mille ou plus !

Un chercheur mauritanien a révélé, sur sa page facebook, qu’il entreprend actuellement un travail tendant à changer certaines pratiques langagières, comprenez l’intrusion de centaines de mots de la langue française dans le parler hassaniya de tous les jours. Il déclare avoir demandé à un boulanger de Nouakchott comment s’appelle, en arabe, « croissant » (on prononce en hassaniya, « croissanh ». Et le boulanger de répondre, sans hésiter, « n’gato » ! Ce qui est une simple déformation du mot « gâteau ».

C’est suffisant, à mon avis, pour comprendre combien la tâche de ce chercheur est difficile, voire impossible. Comme je l’ai montré dans une étude encore à l’état de manuscrit, ce parler français hassaniya a réussi, grâce à la conjugaison de plusieurs facteurs, a surclassé l’arabe dialectal dans certains domaines (mécanique, commerce). En attendant de connaître comment les locuteurs hassanophones pourront « purifier » leur dialecte de ces quelque 1000 expressions et mots français qu’ils utilisent presque instinctivement sans se rendre compte de leur francité originelle, je vous livre ici mon idée sur le processus de « hassanisation » de ces emprunts que nous utilisons dans notre parler français de tous les jours.

Partagez