Autour d’un thé : La « re-traite » d’un général qui prend sa retraite

9 janvier 2014

Autour d’un thé : La « re-traite » d’un général qui prend sa retraite

Général à la retraite, Ndiaga Dieng (photo: Chezvlane)
Général à la retraite, Ndiaga Dieng (photo: Chezvlane)

Une ancienne année s’achève. Une nouvelle commence. Ainsi va le monde. Un va-et-vient incessant. Une sorte de cercle vicieux quoi où tout va et revient. Incessamment. Il n’y a que de la mort dont on ne revient plus. Pas de la retraite. Le tout nouveau général qui vient d’être admis à la retraite n’est pas totalement parti. Il est juste devenu un personnage ordinaire. Un général généralisé, comme le commun des mortels, n’aura plus droit à porter, sur sa poitrine ou ses épaules, ces adorables petits insignes qui le différenciaient des autres. Mais n’ira pas loin des casernes, puisqu’on peut toujours avoir besoin de lui. Les frères d’armes, on ne les oublie pas. D’ailleurs, ce n’est même pas prudent de les oublier. Si Taya est parti en 2005, c’est qu’un ancien officier oublié a fait irruption en 2003. Les anciens officiers, c’est comme des volcans. Ils peuvent dormir ou faire semblant, mais quand ils se réveillent, surtout s’ils sont sans le sou, chet ! Ils peuvent être dangereux. Mani (littéralement : « je t’ai dit », en wolof), gay’ i (ces gens-là), dafagraw (c’est grave).

Voilà pourquoi, depuis 2008, aucun officier n’est abandonné au hasard. Recyclage, systématique, en directeurs généraux de sociétés de gardiennage avec lesquelles les établissements publics sont obligés de passer contrats, parfois exagérés. Une façon de calmer les ardeurs et de gérer les ambitions. Alors, mon général retraité, ne t’inquiète pas ! Comme tu es du fleuve, tu auras ta société de séchage de poisson, de traitement de mil ou de sorgho, sinon tu deviendras haut cadre civil, à la gendarmerie, à la douane ou à la Sonimex. Des boîtes que tu connais bien. Peut-être, même, que tu pourras devenir un « grand quelque chose », politiquement parlant, grâce à la loi du dosage. La tête pour les Maures. Le cou pour les Harratines. La carcasse pour les Négro-Africains. Les officiers ne quittent l’armée que pour y revenir. Plus discrètement. La veste, le boubou, le turban noué au cou, tout ça, c’est de la diversion. Quand on devient militaire, on meurt militaire. Et un général, c’est pas n’importe quel militaire ! Même retraité, il vaut ce qu’il vaut. Amin…

Sneiba El Kory (Le Calame)

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