Présidentielle de juillet 2014 : L’opposition cherche sa voie

26 février 2014

Présidentielle de juillet 2014 : L’opposition cherche sa voie

Manifestation de l'opposition (photo : Google)
Manifestation de l’opposition (photo : Google)

Après les élections municipales et législatives de décembre-novembre derniers, l’on se rend compte que ce n’est pas forcément le « beau temps » politique en Mauritanie, comme certains analystes maison ont tenté de le suggérer aux mauritaniens lassés de cette guéguerre entre partis de la Majorité présidentielle et ceux de la Coordination de l’opposition démocratique (COD). Tout laisse penser, au contraire, que la crise va reprendre de plus belle. A quatre mois de la présidentielle, qui verra sans doute l’actuel président Mohamed Ould Abdel Aziz briguer un second (et dernier ?) mandat, la campagne électorale est bien lancée.

Pouvoir : les travaux reprennent

 

Du côté du pouvoir, c’est la même stratégie ayant permis au « président des pauvres » de gagner au premier tour, en 2009, avec plus de 52% des voix, qui est mise en branle. Comme en 2009, les engins des entreprises publiques de construction des routes (ENER et ATTM) sont à l’œuvre pour « refaire le visage » des  goudrons de Nouakchott. Au même moment, l’Office national de l’assainissement, qui a montré ses limites lors des dernières pluies tombées sur Nouakchott, s’affaire lui aussi à creuser des tranchées tout le long des principales avenues et à rassurer les habitants de la capitale qu’ils ne vivront probablement pas les mêmes calvaires qu’en 2013. D’autres actions, comme la suppression pure et simple des 10 milliards d’UM de dette des agriculteurs de l’irrigué ou la distribution d’enveloppes aux coopératives féminines dans les wilayas, sont des signes qui ne trompent pas sur la volonté du pouvoir de regagner les cœurs de ceux qui, ces derniers temps,  commencent à envisager sérieusement d’aller gonfler les rangs de l’opposition. Cette dernière observe ce jeu du pouvoir, dont elle connaît à présent tous les rouages, avec beaucoup de suspicion. Et d’hésitations.

Pour l’instant, l’on ne sait pas encore si les « deux oppositions » (COD et CAP) vont s’entendre pour faire front commun contre le président Aziz, ou si elles vont choisir deux voies diamétralement opposées : boycott de la coordination de l’opposition démocratique, comme elle l’a fait pour les municipales et législatives, et participation de la CAP à « ses risques et périls ».

COD : ira, ira pas

 

La COD qui prépare pour les prochaines quarante-huit heures un « forum de l’opposition pour la démocratie et l’unité » fait face déjà à des dissensions internes, avec les rumeurs d’un boycott de cette rencontre par la plus grande formation de cette coalition, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD). L’idée force d’un tel forum serait de discuter de la participation de la COD  à la prochaine présidentielle et, si le principe est retenu, d’envisager de se choisir un « champion » comme candidat unique, expérience qui avait été vécue par l’opposition mauritanienne, en 1992, avec Ahmed Ould Daddah battu à l’époque par Taya 62% contre 32%. Aujourd’hui, beaucoup d’observateurs considèrent qu’Ould Daddah qui court depuis derrière la présidence, s’est vu voler sa victoire par un pouvoir qui s’appuyait, de manière systématique, sur l’arme infaillible du bourrage des urnes.

CAP : changer la donne

 

La Coalition pour une alternance pacifique (CAP), appelée aussi « opposition participationniste », qui dispose aujourd’hui d’une quinzaine d’élus à l’Assemblée (146 députés), ira probablement à la présidentielle. Mais pas à n’importe quel prix, comme le laisse supposer son récent communiqué mettant en lumière tous les dysfonctionnements des élections municipales et législatives passées et étalant un nombre impressionnant de critiques (et de propositions) qui doivent être pris en compte avant d’aller à la présidentielle. S’opposant farouchement à un dialogue national bis avec la COD, la CAP accepte, néanmoins, que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qu’elle accuse de tous les maux, soient revue et corrigée ou même dissoute ! C’est l’un des paradoxes de la CAP qui, tout en s’accrochant à son dialogue de 2011 avec le pouvoir, accuse ce dernier de louvoyer pour ne pas en appliquer l’ensemble des clauses.

Finalement, c’est le pouvoir qui détient, comme toujours, les précieuses cartes dans ses manches. Il les abattra, au bon moment, pour convaincre la COD de plonger, prenant ses rêves de récupération du pouvoir pour une certitude, et empêcher la CAP  de trouver un terrain d’entente avec ses vieux alliés de l’opposition radicale.

Partagez