Non je n’ai qu’une femme !

Article : Non je n’ai qu’une femme !
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24 décembre 2012

Non je n’ai qu’une femme !

Elle* (Crédit photo: Sneiba Mohamed)
Elle* (Crédit photo: Sneiba Mohamed)

Suite à la reprise de mon billet sur Mondoblog de RFI « Moi et mes 101 femmes » par le site à grande audience cridem.org, des critiques ont fusé de toutes parts et c’est à peine si certains ne m’ont pas accusé de mécréance. Parce que j’ai évoqué une tranche de vie que beaucoup de mauritaniens partagent avec moi mais n’osent pas le dire. Qu’est-ce qui est choquant dans ce que j’ai écrit ? Que dans ma jeunesse j’ai aimé des femmes ? C’est le contraire qui aurait étonné. C’est le nombre excessif ? Dix, vingt ou cent, quelle différence ? L’avoir dit publiquement ? J’avoue que, dans une société puritaine (même si c’est en théorie seulement), islamique de surcroît  c’est une chose à ne pas faire. Sans entrer dans un domaine que je ne maîtrise aucunement, je dirais tout simplement qu’on semble m’inviter à accroître le « péché » – si déclarer avoir aimé en est un – par l’hypocrisie. Celle-là même que le grand savant et prédicateur mauritanien, Ould Sidi Yahya raille dans l’un de ses enregistrements audio quand il raconte cette anecdote : Si les proches d’une femme apprennent que son mari la trompe, ils disent, tous, « chut, cachons le fait, ne perturbons pas la vie d’un couple mais tout change quand l’homme prend une seconde épouse (l’Islam en autorise jusqu’à quatre). Alors, le père, la mère, les frères, les sœurs, les cousins, les voisins et même la tribu tout entière de la femme « offensée » par ce second mariage « se soulèvent » pour défendre son « honneur ». C’est dire ici qu’on préfère le vice caché au « bien » dit. Fais ce que tu veux mais tais-toi. Et bien, je vous dis que je n’ai pas 101 femmes, j’ai une épouse que j’aime bien. Me croirez-vous ? Ce n’est nullement pour faire taire les critiques qui ont suivi la publication de mon billet, mais pour rappeler, tout simplement, qu’il ne faut pas croire aux apparences. Pour bien comprendre ce que je dis, je vous laisse méditer ce passage de « Les Rêveries du promeneur solitaire » de J.J Rousseau (4ème promenade) : « Ne pas dire ce qui est vrai et dire ce qui est faux sont deux choses très différentes, mais dont peut néanmoins résulter le même effet ; car ce résultat est assurément bien le même toutes les fois que cet effet est nul. Partout où la vérité est indifférente l’erreur contraire est indifférente aussi ; d’où il suit qu’en pareil cas celui qui trompe en disant le contraire de la vérité n’est pas plus injuste que celui qui trompe en ne la déclarant pas ; car en fait de vérités inutiles, l’erreur n’a rien de pire que l’ignorance. Que je croie le sable qui est au fond de la mer blanc ou rouge, cela ne m’importe pas plus que d’ignorer de quelle couleur il est. »

* Dans la société maure, la pudeur veut qu’on ne prononce pas en public le nom du conjoint.

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