Mauritanie-Maroc : « Bolletiguement » correct mais…

3 janvier 2017

Mauritanie-Maroc : « Bolletiguement » correct mais…

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz (photo : google)

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Bravo ! Bravo ! Bravo ! Nous avons gagné la « guerre » (médiatique) contre le Maroc.

Aziz ! Aziz ! Aziz ! Cette fois, ce n’est pas Zeidan seul, l’homme au haut-parleur qui suit le président mauritanien dans toutes ses tournées à l’intérieur, qui lance ce cri triomphal par lequel la majorité nargue les oppositions « opposées » mais tous ceux qui cherchent à tirer un profit quelconque de la « reddition » du Maroc.

Nous avons gagné une bataille…sans tirer un seul coup de feu. Hamid Chabatt, l’homme qui a eu le culot de dire que la Mauritanie est une province du Royaume, a été voué aux gémonies par son propre pays. Bien fait pour lui ! Il tournera la langue soixante-dix fois dans la bouche avant de parler.

Le Maroc a été à la hauteur. Diplomatiquement parlant, il a assuré. Le roi     Mohamed VI a même fait preuve d’humilité. On me traitera de pro marocain, qu’importe ! J’assume. C’est mieux que d’être un va-t-en-guerre, je crois. Le royaume aurait bien pu ••se suffire du communiqué du ministère des Affaires étrangères se démarquant de Chabatt. Le Roi pouvait ne pas téléphoner et Benkirane ne pas venir rencontrer Aziz dans sa « retraite » au nord du pays. Que serait-il advenu alors ? La guerre des mots, pas plus. La vraie n’aura pas lieu. Au grand dam de ceux qui voulaient voir la Mauritanie masser ses troupes le long de la frontière avec le Maroc. Compliquer une situation déjà complexe. La question du Sahara occidental divise depuis…1975 ! Et empêche l’émergence d’un Maghreb arabe capable de rivaliser économiquement et politiquement avec les autres ensembles sous-régionaux.

Quoi qu’on dise du président Aziz, en cette histoire-là, il a fait preuve de bon sens. Car si les « ministrés » n’ont pas parlé de cette affaire, en public ou en privé, c’est bien parce qu’on leur a dit de la fermer. Le dossier semble avoir été géré par le raïs lui-même. « Bolletiguement », c’était très correct. Si le roi peut recevoir dans son palais de Tanger ou de Marrakech, alors pourquoi Aziz ne pouvait pas demander à Benkirane de « pousser » jusqu’à Zouerate pour venir lui présenter les excuses du Maroc ?     Chacun est « chef » chez soi.

Ce que je n’ai pas compris, réellement, c’est la volonté de certains (au sein de l’UPR et de notre intelligentsia) de vouloir coûte que coûte transformer le noble geste du Maroc en défaite. J’ai même lu quelque part que c’est parce que la Mauritanie est devenue une puissance militaire dans la sous-région que Rabat s’est empressé de s’excuser, en moins de 24 heures !

 

Paix, paix seulement

 

Le rapport des forces militaires et économiques sont des considérations qu’il faut laisser aux autres. Mauritaniens et Marocains doivent mobiliser leurs ressources humaines et économiques pour le bien-être de leur population respective. Les soucis sécuritaires et la prévalence de la suprématie militaire ont un prix. Comme en témoigne le classement 2015 du consortium Global FirePower, spécialisé dans les études militaires.

  1. #Etats-Unis: 1 430 000 militaires, 8325 tanks, 13 683 avions et hélicoptères, 473 navires, 612,5 milliards de dollars pour le budget militaire.
  2. #Russie: 766 000 militaires, 15 500 tanks, 3082 avions et hélicoptères, 352 navires, 76,6 milliards de dollars pour le budget militaire.
  3. #Chine: 2 285 000 militaires, 9150 tanks, 2788 avions et hélicoptères, 520 navires, 126 milliards de dollars pour le budget militaire.
  4. Inde: 1 325 000 militaires, 3569 tanks, 1785 avions et hélicoptères, 184 navires, 46 milliards de dollars pour le budget militaire. L’Inde est devenue le plus grand importateur de matériel militaire.
  5. Royaume-Uni: 205 330 militaires, 407 tanks, 908 avions et hélicoptères, 66 navires, 53.6 milliards de dollars pour le budget militaire.
  6. France: 228 656 militaires, 423 tanks, 1203 avions et hélicoptères, 120 navires, 43 milliards de dollars pour le budget militaire.
  7. Allemagne: 183 000 militaires, 408 tanks, 710 avions et hélicoptères, 82 navires, 45 milliards de dollars pour le budget militaire.
  8. Turquie: 410 500 militaires, 3657 tanks, 989 avions et hélicoptères, 115 navires, 18.18 milliards de dollars pour le budget militaire.
  9. Corée du Sud: 640 000 militaires, 2346 tanks, 1393 avions et hélicoptères, 166 navires, 33.7 milliards de dollars pour le budget militaire.
  10. Japon: 247 746 militaires, 767 tanks, 1595 avions et hélicoptères, 131 navires, 49,1 milliards de dollars pour le budget militaire.
  11. Israel
  12. Italie
  13. Egypte
  14. Brésil
  15. Pakistan
  16. Canada
  17. Taiwan
  18. Pologne
  19. Indonésie
  20. Australie
  21. Ukraine

 

La puissance militaire d’un pays est construite sur de nombreux facteurs, notamment le nombre de soldat et le budget alloué pour sa défense mais également de nombreux autres paramètres tels que son avancée technologique, le type et le nombre de matériels dont il dispose (porte-avions, arme nucléaire, sous-marins…). Les Etats-Unis ne sont pas la première puissance militaire mondiale pour rien : sur 1747 milliards de dollars US dépensés en 2015, les USA revendiquent 609,9 milliards comme budget de leurs armées, loin devant la Chine (216,3) et la Russie (84,4). Au Maghreb, par exemple, l’Algérie est le pays qui dépense le plus pour les besoins de sa défense et de sa sécurité (13.1 milliards de dollars US).

Relativisons tout de même : ces chiffres, ces « forces » ne veulent rien dire quand la Cause est juste. Les Mauritaniens n’ont pas besoin de l’arsenal militaire américain pour défendre l’intégrité territoriale de leur pays. La volonté est une arme redoutable. Il permet aux Palestiniens, par exemple, d’opposer la pierre aux chars et aux avions. Le manque de volonté cache dans ses plis les germes de la défaite, de la défaillance. Sinon comment comprendre que l’armée malienne, classée 24 force africaine en 2015, ait été chassée du nord par des troupes hétéroclites de séparatistes et d’organisations terroristes ?

 

✱ Bolletig : politique, terme utilisé en hassaniya pour « ruse », « tour », « affairisme ».

 

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