Présidentielles US : Ce sera Hillary…ou un ouragan de l’ampleur de Katrina

16 octobre 2016

Présidentielles US : Ce sera Hillary…ou un ouragan de l’ampleur de Katrina

Les deux candidats à l'élection présidentielle américaine Hillary Clinton et Donald Trump. RFI/ REUTERS/

En novembre prochain, les Américains éliront leur 45ème  président. Une présidente est une hypothèse hautement probable.

Une élection aussi singulière que celle de 2007 qui a fait de Barack Obama le premier Noir à la Maison Blanche. C’est parce que l’Amérique aime les symboles forts qu’Hillary Clinton a toutes les chances de devenir, dans un mois, la première femme à diriger la première puissance mondiale. Je sais qu’en politique, il ne faut jurer de rien mais les Républicains seront vaincus pour n’avoir pas livré bataille. Ce sera une élection par défaut.

Le tort des Républicains est d’avoir laissé le champ libre à Donald Trump, un candidat qui, en temps normal, n’aurait même pas dû dépasser le stade des primaires. Bien qu’étant vu comme le « parti du business », dès 1896, avec l’arrivée à la présidence de William McKinley, la formation de l’éléphant pâti aujourd’hui de ce qui est considéré comme son péché originel : être à la fois progressiste, capitaliste et puritain. C’est ce mélange détonnant qui a joué en faveur d’un Donald Trump non compartimenté, jouant parfaitement sa partition sur tous les tons. Pour faire perdre aux Républicains, dominant les deux chambres du Congrès, une présidentielle qu’ils devraient pourtant gagner en toute logique.  S’ils n’avaient manqué de discernement, préalable à toute stratégie. Ils ont pris du temps pour tenter de barrer la route à Trump alors que les prétentions présidentielles de l’homme ne datent pas d’aujourd’hui. Le fait de n’avoir pas agi avec tact pour l’arrêter, par tous les moyens, y compris les moins orthodoxes, dès les primaires, est une capitulation qui livre la Maison Blanche à des Démocrates soucieux de rétablir les grands équilibres avec des adversaires politiques historiquement mieux implantés. Cet équilibre qui veut que les deux principaux partis américains se neutralisent quand aucun d’eux ne parvient à faire une OPA complète sur la Maison Blanche et le Congrès. De nombreux Républicains estiment improbable que Donald Trump batte la démocrate Hillary Clinton à la présidentielle de novembre, et cherchent désormais à sauver les meubles : garder la majorité au Congrès, et préparer l’élection de 2020.

Les Républicains jouent donc sur les apparences. Trump est l’un des leurs mais…une distanciation révélée aux Américains et au monde par le nombre exceptionnel d’absents lors de leur Convention du 22 juillet 2016. Aucun Bush, ni Mitt Romney, ni John McCain, ni même le gouverneur de l’Ohio John Kasich. « C’est sans précédent dans l’histoire récente des conventions », avait dit Robert Boatright, professeur de sciences politiques à l’université Clark dans le Massachusetts.  Lauric Henneton renchérit : « La fonction même de la Convention est de participer à la présidentialisation d’un candidat parmi d’autres en le candidat du parti tout entier, des deux côtés. La première fonction de la Convention c’est le rassemblement, le passage d’une période de divisions internes, qui peuvent être particulièrement violentes, à une unité au moins de façade, face à un adversaire pour qui la situation est exactement la même, sauf en cas de président sortant. Pour Trump, il est clair que beaucoup ne le voient pas en président ».

Le problème de Trump c’est de peiner, à un mois de l’échéance fatidique, de se présenter en rassembleur, notamment pour convaincre les plus sceptiques, mais aussi de démontrer qu’il a les qualités nécessaires à la fonction présidentielle.

Malgré donc ses problèmes de santé, rappelés aux Américains par son récent malaise, Hillary passe devant Trump, sauf perturbations de l’ampleur du cyclone Katrina, l’un des ouragans les plus puissants de l’histoire des États-Unis. On avait pourtant pensé que le nom qu’elle porte (Clinton, 42ème président des USA, de 1993 à 2001) allait être un sérieux handicap pour elle, comme ce fut le cas, côté Républicains, pour Jeb Bush, fils et frère d’anciens occupants de la Maison Blanche.

Oui, si le candidat en face n’était pas le fantasque Donald Trump, un homme qui fait peur plus à ses amis qu’à ses ennemis ! L’homme va à la présidentielle comme dans une partie de perd-gagne. Il met en avant sa personne et non le destin d’un pays, ni celui du monde. Face à tant de désinvolture, il est difficile de croire que les Américains prennent le risque de plonger le monde dans une période d’incertitude équivalent aux quatre ans que Trump pourrait passer à la Maison Blanche.

La présidentielle de novembre se jouera donc entre la santé d’Hillary Clinton et la folie de Trump. Le mal et le pire.

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