Je persiste et signe

29 mai 2016

Je persiste et signe

imagesNous irons (encore) au dialogue. D’accord. Certains partis choisiront la politique de la chaise vide. On n’en doute pas puisque les désaccords sont encore nombreux. Préalables. Attaques, coups bas, (d)ébats sur les plateaux de télévision. L’Union pour la République (UPR) explique l’inexplicable. L’opposition réplique. Le dialogue est déjà là non ? Dialogue de sourds. Chacun tient à sa vérité.

Le pouvoir dit avoir transformé la Mauritanie en Eldorado. Il « a fait en sept ans ce que tous les autres n’ont réussi en quarante ans ». Dixit la bande à Ould Maham. Le patron du parti au pouvoir. Avant Aziz, il n’ y avait rien ? RIEN. Aucune route. Celle qui relie Nouakchott à Néma sur 1200 km était synonyme de désespoir. Les habitants des six régions qu’elle désenclave (Trarza, Brakna, Tagant, Assaba, Hodh Gharbi, Hodh Chargui) ont fini même par oublier jusqu’au nom du président qui l’avait construite. L’oubli est la « vertu » la mieux partagée en Mauritanie. Depuis toujours, un président en chasse un autre. Donc une chaîne d’oublis : Daddah, Ould Mohamed Saleck, Louly, Haidalla, Maaouiya, Ely, Sidioca. Aziz. Vive ! Vive ! L’histoire n’a commencé qu’en 2008. Le développement aussi.

La route Nouakchott-Nouadhibou, longue de 470 km, n’est plus évoquée que parce qu’il y a la ville de Chami. Notre Dubaï à nous. Une ville (presque) sans habitants. Et donc sans activités. Sans raison d’être autre que celle de s’entendre dire : nous avons créé une ville ex nihilo. Il est vrai que quand on parcourt cinq cents kilomètres, on a besoin d’escale pour boire du thé ou un coca mais la Gare du Nord jouait parfaitement ce rôle. Mais bon, Chami fait maintenant partie du décor ; il faut donc faire avec.

Domsat, le projet d’électrification des 13 villes, la route de Tidjikja, celle d’Aleg-Boghé-Kaédi ou encore de Rosso-Boghé, c’est de l’histoire ancienne ça. Ce qui compte aujourd’hui, ce sont les chantiers de l’est du pays. Amourj, Barkeol, Bassiknou…Ça c’est du Aziz premier choix. Même si des réalisations comme « Aftout essahili » ou la route Tidjikja-Atar sont des projets recyclés. Comme nos hommes politiques qui, par attachement à la Mauritanie Nouvelle, oublient leur statut d’Anciens. Cheikh Al Avia, Kaba, Zahav, Zamel, Sghair, Ba Bocar Soulé, Moudir Ould Bouna, Isselmou Ould Mohamed El Moustaf, Sidi Ould Didi, Mohamed Mahmoud Ould Brahim Khlil. J’en cite dix, il y en a des centaines, voire des milliers.

Mais bon, là n’est pas le problème. Comme le dit si bien un « journuliste » devenu « quelque chose », les lignes bougent. On n’est pas condamné à rester à l’opposition mais quand on va avec le pouvoir, on ne doit pas oublier d’où l’on vient. Le justifiable n’est pas le juste tout comme l’opinion n’est pas (forcément) la vérité.

Je vais avec le pouvoir parce qu’il m’accorde des privilèges, malgré mon incompétence. J’allais finir mes jours comme simple prof de collège ou agent d’une banque « tribale », si le pouvoir, adepte de la sélection par le bas, ne m’avait coopté dans son armée de « safagaa » (laudateurs).

On va me dire que j’attaque, une fois de plus, la majorité. Oui. Je suis contre les perfidies. Oui, le régime de Taya était mauvais. Oui, la transition militaire de 2005-2007 avait était menée comme une année sabbatique où tout était permis. L’année des manœuvres. Et tout ce que nous vivons aujourd’hui est le résultat de ses dérivés. Les putschistes, divisés en deux camps, et les « ciwil » qui les soutenaient (les manipulaient plutôt) ne jouaient pas à visage découvert.

Je sais qu’avec un autre qu’Aziz, la situation allait être la même. Peut-être pire, qui sait ? C’est une affaire de système, pas d’hommes ou de femmes.

Je persiste et signe en disant que la Mauritanie est malade de sa classe politique. L’amour pour la patrie est un « mensonge rouge ». Aziz a donné la démocratie, en « putschant » Taya. Peut-être. Il a protégé cette même démocratie en arrachant le pouvoir à Sidioca. Hum ! Il a plutôt transformé la démocratie naissante en démogâchis. L’opportunisme a fait florès. Les jeunes l’apprennent de plus en plus à l’école des grands. On pleure en expliquant le discours du raïs. On monte sur ses grands chevaux quand l’opposition s’oppose. Voudrait-on qu’elle applaudisse à tout rompre ôtant ainsi à la démocratie sa raison d’être ?

Je persiste et signe en disant que nous n’avons pas d’opposition. Seulement des « opposés ». Opposés qui s’opposent. Cupad et FNDU, coalition contre coalition, modérée contre radicale. Opposés à Aziz. Opposés à tout ce qui n’assure pas l’arrivée (ou le retour) aux affaires. Je vous l’ai dit, la Mauritanie est malade de sa classe politique. Il y a les opportunistes de la majorité mais aussi les aigris de l’opposition. Entre les deux, une minorité de patriotes qui cherchent à sauver ce qui peut encore l’être.

 

 

 

 

 

 

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