Immigration clandestine : mourir aux portes de l’Europe

20 avril 2015

Immigration clandestine : mourir aux portes de l’Europe

Carte des flux migratoires (Photo :ina.fr)
Carte des flux migratoires (Photo :ina.fr)

Les consciences s’éveillent en Italie, et plus généralement dans tous les pays d’Europe, que des centaines de migrants prennent d’assaut tous les jours. L’hécatombe enregistrée, à 110 kilomètres des côtes libyennes, dans la nuit du 18 au 19 avril n’est pas la première du genre, mais, à ce jour, la plus catastrophique, avec près de 700 morts. Des personnes qui, poussées par le désespoir, courent le risque d’une mort certaine pour fuir la misère et les guerres qui sévissent dans leurs pays.

Le phénomène fut d’abord asiatique. Wikipédia le décrit ainsi : « Les boat people (terme construit à partir des mots anglais « bateau » et « gens ») sont à l’origine des migrants qui fuyaient le Viêt Nam par voie de mer, pays à économie dirigée et interdisant la liberté du commerce et la liberté d’opinion. Ils fuyaient donc leur pays pour des raisons politiques et économiques sur des embarcations. Souvent en surcharge et sans sécurité, ces embarcations ont fait de très nombreuses victimes pour cause de noyade, famine et froid. »

Ce terme a commencé à être utilisé dans la presse francophone à partir de la chute de Saigon en avril 1975 et l’invasion du Sud-Viêt Nam par le Nord-Viêt Nam communiste.

Il est parfois utilisé dans la presse francophone pour les migrants provenant d’Afrique du Nord traversant la mer Méditerranée, tandis que la presse anglophone a étendu ce terme aux réfugiés économiques d’autres régions.

Le mobile est compréhensible, mais la leçon, passée en Afrique et dans le monde arabe est répréhensible. La mauvaise gouvernance dans certains pays, les conflits armés dans d’autres (Syrie, Libye, Irak) ont accentué cet exode. Face à de tels drames, la solution n’est pas le renforcement des contrôles aux portes de l’Europe. Il faut traiter le mal à la source. Et comprendre que personne ne se sauvera seul. La misère que l’Europe regarde avec indifférence dans ses anciennes colonies lui sera charriée par cette mer que ses navires avaient traversée autrefois pour conquérir le monde. Les conflits que l’Occident a provoqués et probablement entretenus en Libye, en Irak et en Syrie débordent de leur cadre naturel pour créer une atmosphère d’insécurité et de menace planétaire. C’est l’une des lois les plus immuables de la nature. Celle des vases communicants. On cherche un peu de réconfort là où il y a un semblant de bien-être. On fuit la barbarie même quand il s’agit d’un saut vers l’inconnu. Que les preneurs de risques assimilent au monde des possibles.

Les citoyens européens se disent que le désespoir devrait être très grand dans ces pays d’Afrique et du Moyen-Orient que fuient, chaque jour que Dieu fait, des centaines de « fous d’Europe ». Au moins 700 d’entre eux ont probablement péri au large des côtes libyennes. Les secours qui se sont organisés en Italie ressemblent à ce qu’on appelle, communément, le médecin après la mort. Les bateaux qui parcourent les eaux méditerranéennes ont tendance, de plus en plus, à éviter ces boat people des temps modernes parce qu’ils savent ce que cela entraîne comme complications. L’appel lancé par le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, par le pape François et le président français, François Hollande, sort les drames de l’immigration clandestine de la rubrique faits divers et en fait une question qui doit être, maintenant, du ressort de l’ONU.

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