Je suis (contre) l’hypocrisie

11 janvier 2015

Je suis (contre) l’hypocrisie

Les dirigeants présents à la marche de Paris (Crédit photo: Lemonde.fr)
Les dirigeants présents à la marche de Paris (Crédit photo: Lemonde.fr)

Je suis contre l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo. Ça, je suis tenu de le dire haut et fort en tant qu’humain opposé à toutes les manifestations de l’extrémisme, qu’il soit religieux ou autre. Un acte terroriste qu’aucune confession ne peut justifier et dont les victimes appartiennent aux trois religions monothéistes (islam, christianisme, judaïsme). En ce sens, l’acte qui a ébranlé la France et le monde est plein d’enseignements : le terrorisme n’a pas de religion. Tout comme il n’a pas de couleur.

Ceci dit, je suis tout aussi contre l’hypocrisie de nos dirigeants. Car si la compassion des citoyens ordinaires de par le monde est juste et spontanée, celle des gouvernements est de circonstance. La décimation de la rédaction de Charlie Hebdo choque certes, mais que serait-il arrivé si ce drame était arrivé au Gondwana par exemple ? N’arrive-t-il pas d’ailleurs tous les jours au Nigeria, en Syrie, en Libye et en Irak, pour ne citer que ces cas extrêmes ? Au Nigeria, un attentat-suicide a fait 19 morts, il y a un jour. Qui en a entendu parler en Allemagne, en Israël ou même en France ? Que font les dirigeants du monde pour stopper ces actes terroristes quasi quotidiens ? Ou bien il s’agit « d’actes isolés » ? D’actes qui se passent sur une autre planète, dans l’univers des films de science-fiction !

C’est en pensant à ces choses que je réprouve haut et fort cette hypocrisie généralisée. Il n’y a pas deux mondes en un, mais une humanité qui doit faire face à tous les extrémismes. Ceux-ci ne naissent-ils pas d’ailleurs de l’indifférence des uns face aux souffrances des autres ? Cela ne dit-il rien à ces dirigeants du monde, de voir, en de telles circonstances, le président malien Ibrahima Boubacar Keita, venir manifester à Paris contre un acte terroriste qui a tué 17 innocents alors que ce sont des centaines de Maliens qui ont péri durant l’occupation du_Nord-Mali par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Aucun de ces dirigeants qui l’ont côtoyé aujourd’hui, à part son hôte parisien, François Hollande, et ses pairs africains ne se sont sentis concernés par ces crimes contre l’humanité. Pour vaincre le terrorisme, il faut plus que cette grande marche de solidarité avec la France, il faut accompagner ce pays dans la lutte qu’il mène contre Al-Qaïda au Mali. Il faut avoir la volonté, comme la France de pousser Israéliens et Palestiniens au dialogue pour comprendre que l’existence de deux Etats séparés vivant en paix est l’unique solution à la crise au Moyen-Orient. Il faut agir autrement en Syrie, en Irak, en Libye pour faire cesser les guerres civiles qui sont la source d’attentats comme celui perpétré contre Charlie Hebdo. Il faut voir quel remède doit être prescrit au Nigeria qui peut se transformer en cancer pour toute l’Afrique de l’Ouest et du centre. Il faut que cesse cette hypocrisie planétaire qui nous enfonce chaque jour dans des conflits sans raison.

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