Nouakchott : Une ville, trois gouvernorats

27 novembre 2014

Nouakchott : Une ville, trois gouvernorats

Nouakchott, capitale politique de la Mauritanie (Photo: google)
Nouakchott, capitale politique de la Mauritanie (Photo: google)

Héhéhé, Aziz, notre président, a encore frappé fort, très fort même. Nouakchott, notre chère « capitaal » (en hassaniya) sera désormais…trois Nouakchott ! Oui, oui, vous avez bien entendu. Trois Nouakchott, c’est-à-dire trois wilayas (gouvernorats).

Expliquant cette mesure « his-to-ri-que », le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ould Ahmed Raare, indique que c’est pour rapprocher l’administration des populations. On veut bien, mais ce n’est pas la première déclaration d’intention de l’un de nos dirigeants. Mais nous qui avons l’habitude des défaillances de notre administration, depuis qu’on est livré à nous-mêmes (y’a bon colonisation), on se demande si ce qu’un wali n’a pas pu faire, trois vont devoir le défaire.

Pour bon nombre d’observateurs, pour les détracteurs de notre « Direction éclairée », une telle mesure prise à la veille de la commémoration du 54ème anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie, n’a d’autre objectif que de faire entrer Ould Abdel Aziz encore plus dans l’histoire. A n’importe quel prix. Nouakchott, ville symbole de la naissance de la Mauritanie, reste attaché au nom du premier président de ce pays, Moctar Ould Daddah, qui l’a fait surgir du néant, entre l’océan et les dunes de sable, en 1957, alors qu’auparavant la capitale était Saint-Louis du Sénégal.  Que restera-t-il de ce symbole si l’on commence à lui coller des étiquettes comme « Nouakchott nord » (Tevragh-Zeina, Ksar, Sebkha), Nouakchott sud (Arafat, El Mina et Riad) ou Nouakchott est (Toujounine, Dar Naim, Teyarett), ou Nouakchott ouest, ou centre, ou « tout-droit » vers la pagaille et les conflits d’intérêts et de compétence ?

Trois gouverneurs pour une population de 800000 habitants. D’accord, mais il ne faut pas nous « vendre » ce découpage, à visée électoraliste visible à l’œil nu, comme une volonté de rapprocher l’administration des citoyens. Dakar, compte bien 3 millions d’habitants (autant que la population de la Mauritanie) mais n’a qu’un seul gouverneur. Bamako, deux millions d’habitants, Rabat, 1,5 millions d’habitants n’ont pas encoure découvert cette idée « lumineuse » made in Mauritanie. Et puis, si un président peut bien s’occuper des caprices de trois millions de mauritaniens, un wali est-il si incompétent pour ne pouvoir exécuter les ordres d’en-haut ? Car tout le monde le sait : Le Raïs est à la fois le président, le premier ministre, tous les ministres réunis, les walis, les hakems, chefs militaires et élus du peuple. Il ordonne et les autres exécutent. Un wali ou trois ou vingt, ce sera toujours kif-kif.

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