Mauritanie : Un gouvernement de « transition »

23 août 2014

Mauritanie : Un gouvernement de « transition »

Le nouveau Premier ministre mauritanien (photo : google)
Le nouveau Premier ministre mauritanien (photo : google)

« On ne change pas une équipe qui gagne », disais-je, 72 heures avant la formation du nouveau gouvernement dirigé par Yahya Ould Hademine, ancien ministre de l’Equipement et des Transports dans l’équipe sortante de Moulay Ould Mohamed Laghdaf.

Et, effectivement, à part le « dégagement » de ce dernier, après sept ans passés à la tête du gouvernement, et celui de 9 ministres sur 28, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a apparemment choisi la stabilité. Surtout qu’il a maintenu à leurs postes tous les ministres qui comptent : Sidi Ould Zeine à la Justice, Mohamed Ould Ahmed Raare, à l’Intérieur, Thiam Djombar aux Finances, Sidi Ould Tah aux Affaires économiques, Bâ Ousmane à l’Education nationale. Le ministère de la Défense où atterrit Diallo Mamadou Bathia, venant du secrétariat général du Gouvernement, est l’exception qui confirme la règle même si l’on sait, avec le pouvoir des généraux (environ une vingtaine), les forces armées et de sécurité n’ont pas besoin d’un ministre de la Défense « civil » pour accomplir leur mission.

Pourtant, le maintien de l’essentiel de la « troupe » en ce début du second quinquennat d’Aziz n’est pas la seule particularité largement commentée par les journaux mauritaniens. On a suffisamment fait cas de la place accordée aux femmes qui occupent, comme toujours, certains départements : Affaires sociales, Jeunesse et sports, Culture et artisanat. Mais on leur fait aussi cadeau d’un nouveau ministère (Elevage) où l’on place le Dr Fatimetou Habib venant du ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de l’Aménagement du territoire, et du Secrétariat général du gouvernement où l’on place, pour la première fois, une femme, Hawa Tandia.

Il faut aussi souligner le « mauvais » coup joué à la jeunesse. Celle-ci attendait un grand changement dans lequel elle aurait les premiers rôles. Certains de ses scribes se sont même amusés sur le Net à composer – et recomposer – un gouvernement où le Président Aziz et son Premier ministre n’auraient été entourés que par des ministres de la tranche d’âge 25-35 ans ! Un « renouvellement de la classe politique » qui se décline en nombre de postes accordés aux jeunes mais que le président Aziz a apparemment choisi de faire par étapes. L’équipe de Yahya Ould Hademine n’est quand même pas trop vieille puisqu’elle compte plusieurs membres qui n’ont pas encore atteint la quarantaine (jeunesse et sport, culture et artisanat, affaires sociales, secrétariat général du gouvernement) et quelques quinquagénaires (Finances, affaires économiques, justice, intérieur).

Pour le reste, les rentrées les plus remarquables sont celles d’Isselkou Ould Ahmed Izidbih, président de l’UPR, qui remplace le nouveau PM aux Transports, et Sidi Ould Salem, qui fut directeur national de la campagne de Mohamed Ould Abdel Aziz, qui hérite de l’Enseignement supérieur.

Parmi les nouveaux venus, on note Ismaïl Ould Sadegh à l’urbanisme et à l’habitat, Mohamed Lemine Ould Mamy, à l’emploi, la formation professionnelle et aux NTICs, Sao Houleimata, à la jeunesse et aux sports, de Diallo Mamadou Bathia, à la défense.

L’ancienne rédactrice en chef du Calame, Hindou Mint Ainina, jusqu’ici conseillère en communication à la primature effectue son entrée au gouvernement avec le portefeuille de Ministre déléguée chargée des Affaires africaines, Maghrébines et des mauritaniens de l’étranger.

Discret et « bosseur » dit-on, le nouveau premier Ministre, Yahya Ould Hademine, hérite néanmoins d’une situation économique difficile symbolisée par la chute des prix des matières premières à l’exportation sur le marché international (Or, fer…), l’aggravation de la situation alimentaire liée au déficit pluviométrique ainsi que d’un défi sociopolitique symbolisé par la surimposition des petits commerces et l’absence d’un dialogue politique dans le pays.

C’est ce qui fait penser à de nombreux observateurs de la scène politique mauritanienne que l’équipe qui vient d’être constituer est en fait un gouvernement de « transition ». Vers une probable dissolution du parlement et un retour aux urnes pour tendre la perche à l’opposition qui a raté le train des dernières élections municipales et législatives. Wait and see.

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