Bouteflika : Une réélection…pour défauts

19 avril 2014

Bouteflika : Une réélection…pour défauts

Crédit photo: Google
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Les Algériens doivent bien aimer leur président pour l’avoir réélu, pour un quatrième mandat, alors qu’il est probablement en fin de vie. Pourtant, à y regarder de près, c’est un choix que de refuser le changement. Un choix démocratique si, vraiment, le scrutin s’est déroulé selon les convenances et que la fraude dénoncée par le principal adversaire de Bouteflika, l’ancien Premier ministre Ali Benflis, n’est pas d’ampleur a faussé le vrai rapport de force entre ceux qui veulent la survie du Système et ceux qui veulent voir l’Algérie entrer dans une nouvelle ère.

Cette élection algérienne a fini par convaincre d’une chose : Les systèmes ont la peau dure. Et l’Algérie a prouvé qu’elle est la Russie de l’Afrique. On change sans changer. Peu importe la forme, seul le fond compte. Si, en Russie, Poutine a inauguré le style « président-premier ministre-président », en Algérie, Bouteflika (ou ceux qui sont derrière lui) impose celui de la présidence jusqu’au dernier souffle.

Pourtant, malgré tout le mal qu’on dit de cette « élection », je pense qu’elle s’inscrit dans la droite ligne de la plupart de celles qui ont cours en Afrique. Vouloir rester au pouvoir quand on est malade est-il pire que s’accrocher au fauteuil douillet quand le peuple ne veut plus de vous ou que votre présidence est un vrai calvaire ? Dans un cas, on supporte le risque d’être gouverné par procuration, par un système qui craint le changement brusque, et dans l’autre, on fait preuve de fatalisme. Les présidents, malades ou bien portants, quitteront un jour et l’on sera obligé alors à envisager l’alternative qui ouvre la porte sur l’inconnu. Dans le cas de l’Algérie, les électeurs ont apparemment choisi de différer ce moment alors que le pays enregistre des performances économiques qui ont besoin d’être préservées.

Il y a aussi plus fort que toutes ces considérations d’ordre politique ou économique : La stabilité de l’Algérie et l’intérêt que lui accordent les généraux passent avant les qu’en dira-t-on sur la démocratie et l’état de santé de Bouteflika. Reconduire ce dernier, attendre qu’il achève son « mandat dans la vie », donne la latitude au système de penser à un successeur consensuel le temps d’une transition voulue par la constitution. Alors une réélection pour défauts vaut mieux qu’une confrontation entre les différents segments du pouvoir pour une « succession ouverte ».

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