Mauritanie : Vers la réélection d’Ould Abdel Aziz ?

28 mars 2014

Mauritanie : Vers la réélection d’Ould Abdel Aziz ?

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz (Photo : Wikipédia)
Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz (Photo : Wikipédia)

C’est presque sûr : le président Mohamed Ould Abdel Aziz rempilera pour un second mandat de cinq ans, à l’issue de l’élection présidentielle dont le premier tour est fixé, sauf retournement de dernière minute, au 7 juin prochain et le deuxième tour au 21 du même mois. Tout laisse croire que l’actuel occupant du palais présidentiel, qui n’a pas encore annoncé sa candidature de façon officielle, a déjà balisé le chemin pour une réélection qui pourrait n’être qu’un remake du scrutin de 2009.

A trois mois de la présidentielle, les « grands travaux » ont repris à Nouakchott et dans certaines wilayas importantes du pays : l’ATTM (filiale de la SNIM) et l’ENER (établissement national pour l’entretien des routes), que le gouvernement a doté de moyens conséquents, « battent » déjà campagne pour le président! Elles reprennent du service dans la capitale et ajoutent aux affres de la circulation dans une ville où l’on n’a pas fait de projection sur l’avenir. Conçue pour abriter 8000 habitants en 1980, Nouakchott en compte aujourd’hui près d’un million, soit le tiers de la population du pays

Tout est fait pour que le gouvernement, avec cette « séance de rattrapage », fasse oublier sa nonchalance des quatre dernières années. Finir en beauté, comme on dit. Le déplacement du président au Hodh Chargui, en Assaba et au Trarza et, le grand show, version « jeunes » de la « rencontre avec le peuple » du 20 mars dernier, sont des jalons d’une campagne avant l’heure destinée à  permettre au « président des pauvres » de passer au premier tour comme en 2009.

Un exploit politique que la situation actuelle rend hautement probable. Avec une Coordination de l’opposition démocratique (COD) qui hésite entre le piège d’un accord semblable à celui de Dakar (juin 2009) et le boycott dans la lignée de celui des élections municipales et législatives de décembre 2013 qui lui a fait « perdre la voie » à l’Assemblée nationale où seuls les islamistes de Tawassoul disposent actuellement de 16 députés.

Pousser la COD vers le boycott

 

Certains observateurs ne sont pas loin de penser que le pouvoir agit comme s’il voulait pousser la COD à ne pas aller aux présidentielles. Le double langage qu’il adopte, par l’entremise du Premier ministre, Moulay Ould Mohamed Laghdaf, qui a reçu récemment certains chefs de file de l’opposition radicale, et du ministre de la Communication Sidi Mohamed Ould Maham, qui ne cesse de répéter que le scrutin ne sera pas reporté et que les partis de l’opposition hésitent parce qu’ils n’ont pas de programmes !

Il est certain aussi que la disposition au dialogue, formulée le 25 mars dernier, au moment où le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UPR) tenait un congrès extraordinaire à l’allure de préparation à la campagne, ne sera pas écoutée. Le maintien des mêmes exigences de la Coordination de l’opposition démocratique (COD), devenue Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) sera considérée par la majorité comme un air de déjà vu déjà entendu.

On s’achemine donc vers une élection avec probablement les mêmes protagonistes de décembre 2013, même si l’enjeu de l’élection de juin prochain est de toute évidence plus important dans un régime de type présidentiel.

Le pouvoir peut, tout au plus, répondre favorablement à des exigences déjà formulées par l’Opposition «dialoguiste» (Alliance populaire progressiste, Al Wiam et Sawab). Comme revoir la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et s’assurer que l’administration ne sera pas outrancièrement assujettie au parti au pouvoir.

Concernant la revendication d’un gouvernement d’union nationale, on peut dire, de façon quasi certaine, que le pouvoir ne pliera pas. Autant dire que le risque est grand de devoir organiser une élection sans l’opposition ou sans une grande partie de l’opposition (la COD et Tawaçoul). Sauf si l’option du candidat unique, qui n’a pu être tranchée lors du dernier forum de l’opposition, se présente comme un dernier recours.

 

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