Mauritanie : la bataille de la présidentielle a déjà commencé

24 janvier 2014

Mauritanie : la bataille de la présidentielle a déjà commencé

Les présidentiables face à l'armée (photo: cridem)
Les présidentiables face à l’armée (photo : cridem)

Les Mauritaniens n’ont d’yeux que pour la tenue de la première session de la nouvelle Assemblée nationale prévue fin janvier. Certes, la configuration de la Chambre basse du Parlement est déjà connue, avec une majorité confortable pour l’Union pour la République. L’UPR qui peut, sans gêne aucune, choisir un remplaçant dans ses rangs au président sortant Messaoud Ould Boulkheir, et élire un nouveau bureau dans lequel elle aura les postes clés, mais c’est compter sans la volonté du président Aziz. Car l’enjeu de la présidence de l’Assemblée nationale, et de la formation – tant attendue – du gouvernement est ailleurs.

Dans six mois, les Mauritaniens vont retourner aux urnes pour élire un président de la République. Ould Abdel Aziz, élu en juillet 2009 au premier tour avec 52 % est donné partant. Ses soutiens les plus inconditionnels déclarent à qui veut les entendre que son bilan est largement positif et qu’il faut, pour cela, se préparer à lui assurer un second mandat.

Ceux qui prennent pour référence le résultat des élections municipales et législatives passées, pour établir un rapport le futur rapport de force se trompent de perspectives. L’enjeu local d’une élection municipale, qui a  vu naître des dissidences non négligeables au sein de l’UPR (et de la majorité de manière générale) n’a jamais eu d’incidences sur une présidentielle où le rôle des partis est atténué par la « passion » pour un homme, les considérations tribalistes, régionalistes et communautaires. Aziz semble l’avoir compris, depuis 2008, lui qui se présente comme « le président des pauvres » a volontairement poussé certains de ses soutiens à se présenter sous les couleurs de partis satellites de l’UPR. De sorte qu’une éventuelle « pression » du parti au pouvoir sur le raïs (pour la formation du gouvernement, l’occupation des postes clés et la gestion unilatérale du pouvoir) n’est plus envisageable avec une majorité parlementaire éclatée, mais unie derrière Ould Abdel Aziz.

Parer à toutes éventualités

Il reste que, comme dit le dicton, « abondance de biens ne nuit pas ». Aziz peut toujours envisager, dans la perspective de la présidentielle, d’élargir sa majorité. Des quatre partis d’opposition qui ont pris part aux élections municipales  et législatives, trois pourraient bien passer de l’autre côté, si le pouvoir présente une « offre » alléchante. L’actuel président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, ne résisterait pas, dit-on, à la tentation d’être reconduit en échange d’un soutien à Aziz, et, pourquoi pas, d’une intégration en bonne et due forme, à la majorité. La question qui reste posée est celle de savoir si l’Alliance populaire progressiste (APP) ferait ce saut seule ou avec ses autres alliés de la Convergence pour une alternance pacifique (CAP), Wiam et Sawab, et de l’AJD/MR qui n’en est pas loin considérant la ligne centriste de ces quatre formations qui sont les seules de l’opposition présentes au Parlement.

Evidemment, si Messaoud n’a de préoccupations, supposées ou réelles, que la présidence de l’Assemblée nationale, les autres leaders de la CAP, comme Boidiel Ould Houmeid, lorgnent vers la formation du gouvernement. Leur entrée dans la future équipe sera vue comme le  vrai remodelage de la scène politique nationale parce qu’elle va consacrer, à nouveau, le retour à la bipolarité et pousser la Coordination de l’opposition démocratique (COD) à envisager une candidature unique pour essayer de battre Ould Abdel Aziz en juillet 2014.

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