Deux remaniements en un peu plus d’un mois en Mauritanie : La stratégie des petites retouches

Article : Deux remaniements en un peu plus d’un mois en Mauritanie : La stratégie des petites retouches
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2 avril 2013

Deux remaniements en un peu plus d’un mois en Mauritanie : La stratégie des petites retouches

Mohamed Yahya Ould Horma,1er vice-président de l'Union pour la République, parti au pouvoir en Mauritanie.(photo : Rfi)
Mohamed Yahya Ould Horma,1er vice-président de l’Union pour la République, parti au pouvoir en Mauritanie.(photo : Rfi)

Deux nouvelles têtes sont tombées, dimanche dernier, celles du ministre de la Communication et des relations avec le Parlement, Hamdi Ould Mahjoub, et de la ministre des Affaires sociales, de l’enfance et de la famille, Moulaty Mint El Moctar. Je ne sais pourtant s’il faut vraiment qualifier de «remaniement » ces petites retouches que le président Mohamed Ould Abdel Aziz a pris l’habitude d’apporter à son gouvernement.

Par deux fois, en un peu plus d’un mois, Ould Abdel Aziz surprend en modifiant légèrement l’équipe gouvernementale que dirige, depuis l’élection présidentielle de juillet 2009, le Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf. Mais ce léger remaniement a une symbolique plus forte que celui de la mi-février 2013 parce qu’il donne une  orientation forte vers la  mise en avant du parti au pouvoir, l’Union pour la République (UPR) avec l’arrivée au ministère de la Communication et des Relations avec le Parlement du premier vice-président de cette formation, Mohamed Yahya Ould Horma, et au ministère des Affaires sociales, de l’enfance et de la famille, d’Aicha Vall Verges, la présidente de la Commission des femmes de l’UPR. Le rapide retour en grâce de cette dame montre que son départ de l’Inspection générale d’Etat (IGE) que d’aucuns avaient considéré comme un limogeage, dans la pure tradition des sanctions « azizéennes », répondait plutôt à la volonté d’impliquer un parti de l’opposition modérée dans la gestion des affaires suivant les accords issus du dialogue.

L’arrivée au ministère de la Communication d’une personnalité de l’envergure de Mohamed Yahya Ould Horma, connu pour être un homme méthodique, mais aussi grand pourfendeur des thèses de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) répond sans doute à la volonté du président Aziz de réorganiser, dès à présent, son dispositif électoral mais aussi de placer à la tête de ce ministère très sensible un homme capable de gérer certains dossiers. Par exemple, imposer aux médias officiels la stricte règle de la neutralité pour qu’ils comprennent, enfin, qu’ils doivent tendre plus à devenir des médias publics que des médias d’Etat.

Ceci dit, les Mauritaniens vont sans doute voir en cette deuxième retouche une simple manière d’amuser la galerie, à un moment où des sujets sérieux sont posés sur la table : l’incapacité pour le moment de sortir de la crise politique, par voie d’élections, l’escroquerie des biens de l’armée, l’affaire Bouamatou, les enregistrements qui place Aziz dans un scandale supposé ou réel, la possible participation à la mission de paix de l’ONU au Mali, la polémique autour de l’enrôlement qui revient en force en France.

Toujours est-il aussi qu’avec ce mode opératoire, Aziz semble vouloir couper l’herbe sous les pieds de ceux qui veulent d’un  gouvernement d’union nationale entrant ou pas dans le cadre de l’Initiative du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir. C’est comme si le président accepte la nécessité d’un rééquilibrage interne, propulsant en avant les dirigeants du parti au pouvoir, mais sans prendre la décision d’un grand chambardement qui confirmerait l’idée de la « faillite » du gouvernement souvent  avancée par la COD. Une manière habile  de changer sans en avoir l’air ! Dans la perspective des élections municipales et législatives mais aussi de la présidentielle de 2014.

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