J’ai « tué » 2012 à Dakar

Article : J’ai « tué » 2012 à Dakar
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30 décembre 2012

J’ai « tué » 2012 à Dakar

Dakar, Zone A (Crédit photo: Sneiba Mohamed)
Dakar, Zone A (Crédit photo: Sneiba Mohamed)

Chez nous, en Mauritanie, on dit, dans toutes les langues nationales, « le mois est mort » (ech’har mat – mat, comme dans les jeux d’échecs, lewru mayi, wer bi dena, xaso kara), façon pour un créancier ou un solliciteur de réclamer, sans attendre, son dû. Moi, j’ai décidé de « tuer » 2012 (pas un mois mais douze), d’un seul coup, à Dakar. Une ville que j’aime bien, malgré les coupures de courant intempestives. Comme celle de ce matin, au réveil, qui m’a obligé de renouer avec l’écriture sur papier, mon ordi s’étant déchargé au bout d’une  heure de bons et loyaux services. Ah, j’ai oublié une précision – TRÈS – utile. A ceux de mes compatriotes qui liront peut être ce billet sur Cridem, et qui trouvent que je parle trop de moi ces temps-ci, je dis ceci : ce genre de billet est adressé, avant tout, à Mondoblog, donc à des lecteurs un peu « spéciaux », qui acceptent, volontiers, ce propos de Victor Hugo qui dit « quand je vous parle de moi, je vous parle de vous ». Enfin, trêve d’explications, revenons à Dakar et à 2012.

J’aime Dakar pour plusieurs raisons. C’est une ville  totalement libre. Libre de tout. De cette ambiance lourde qui pèse sur moi quand je suis à Nouakchott. Ambiance de  travail. Infernale. Réveil très tôt le matin, pour déposer les enfants à l’école. Imaginez ce que c’est en période de froid. Quand c’est l’un de ces jours où je dois assurer un cours de deux heures dans un lycée privé de Nouakchott, la pression matinale atteint son comble. Traverser toute la ville, à une heure de pointe comme huit heures, il faut avoir les nerfs solides pour le faire dans une capitale où les « issues » ne sont pas vraiment la qualité que l’on cite en premier s’agissant d’infrastructures routières. C’est d’ailleurs sur ça que le « président des pauvres », Mohamed Ould Abdel Aziz, a joué, à son arrivée au pouvoir, pour se distinguer de tous ses prédécesseurs. Les « goudrons d’Aziz », comme on les appelle, sont devenus, depuis, un bon label pour la propagande du pouvoir en place à Nouakchott. Mais vraiment rien à voir avec ce qu’a fait Abdoulaye Wade à Dakar. Malgré tout ce qu’on reproche au « vieux » président, « Il avait revêtu le costume de bâtisseur pour doter le pays d’infrastructures de dernière génération », souligne un confrère sénégalais.

En cette fin d’année 2012, Dakar vit au rythme de la fête du 31 décembre. Un grand show qui fait ressembler cette cité africaine, parmi les destinations les plus prisées par les touristes occidentaux, à Las Vegas, la ville du jeu, qui accueille près de 40 millions de visiteurs par an ! Chaque fin d’année, Dakar devient le Las Vegas des mauritaniens. La proximité joue beaucoup ici. Ceux qui ont les moyens ne font que 45 minutes en avion pour être dans la capitale sénégalaise où les hôtels offrent des prix « acceptables ». Les « paubrés » (pauvres), comme dirait Hamdou, le collecteur de la municipalité d’Aleg, n’ont qu’à traverser le fleuve et prendre l’un de ces mythiques taxi-brousse pour se rendre dans la capitale du loisir pour bon nombre de mauritaniens.

A Dakar, le 31 de chaque année, c’est vingt-quatre heures d’ambiance non stop. D’exubérance aussi. Il faut avoir les oreilles bien attachées et les yeux bien ouverts pour subir cette oppressante animation. Sons et lumières partout, frénésie d’une année qui « meurt ». Les couturiers ne dorment plus. Les salons de coiffure réalisent, à l’occasion, leur plus beau chiffre d’affaires de l’année. Heureusement que ce n’est pas encore la fin du monde qu’on attendait une semaine plus tôt, le 21 décembre, sans tenir compte de ce que disent les musulmans sur les Signes Précurseurs et qui prévoient une durée égale environ à la vie d’un homme, avant cette Fin qui arrivera bien un jour. C’est la seule certitude. Par accident ou lente extinction programmés par l’Etre Suprême ? Qui vivra verra ! Pour l’instant, moi je « tue » 2012 à Dakar. Ici, j’enterre tous les soucis de l’année qui s’achève pour commencer une nouvelle, à partir de mardi prochain. 2013 sera-t-elle différente ? Ah, qui vivra verra !

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