Les taxis « Tout-droit »

Article : Les taxis « Tout-droit »
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12 novembre 2012

Les taxis « Tout-droit »

Garage des « tout-droit » en plein centre-ville (Nouakchott)

Comme le mot « Tieb-tieb » régissant le système D en Mauritanie, « Tout-droit » est aussi un vocable connu même des plus petits. Il s’agit de ces voitures en voie d’extinction (vieilles R 12, R4, R16 ou autres 403, 404, 504) qui circulent encore à Nouakchott comme taxis. L’appellation « tout-droit » colle parfaitement à leur raison d’être.

Elles vous mènent, cahin caha certes, d’un bout de la  ville à un autre, suivant une trajectoire unique. « Man viri » (je ne vire pas, en français) est la phrase habituelle qui vous accueillera,  invariablement, à chaque fois que vous montez dans l’un de ces mythiques tacots. Une façon pour les chauffeurs de ces voitures « particulières » d’éviter tout malentendu en cours de route et de pouvoir, tranquillement, suivre cette ligne droite qui les mène d’un département de Nouakchott à un autre.

L’un des plus célèbres « garages » de ces tout-droit est celui du Grand Marché de la Capitale. C’est une « ligne » directe entre le centre-ville et Tevragh-Zeina, le plus huppé des quartiers de la capitale mauritanienne ! Vous me direz peut être : «Mais que diable font ces voitures dignes d’un musée de l’automobile dans une zone où tous les résidents roulent en 4X4 de marques japonaise ou allemande ou des plus récents modèles français ? Eh bien, c’est le meilleur moyen de transport, étant le moins cher, pour les travailleurs venant des quartiers pauvres, à savoir boys, bonnes, gardiens, blanchisseurs, plombiers, maçons, manœuvres. Pour 100 UM (moins de 40 centimes) à débourser pour être sur le lieu de son travail alors que la « course » dans un taxi normal peut vous coûter six fois plus.

Mais le problème des tout-droit, en plus de la lenteur, c’est l’inconfort. Imaginez-vous assis à deux avec le chauffeur ou à quatre derrière dans une « caisse » dont les portières ne ferment plus, qui dégage un déluge de fumée revenant à l’intérieur de tous côtés et vrombissant comme un gros porteur au décollage. Le pire c’est que vous n’êtes pas sûr d’arriver à destination. Le moteur peut rendre l’âme à tout instant, les crevaisons sont une probabilité très forte et, quand il y a les embouteillages des heures de pointe, la panne sèche est garantie. Ça aussi c’est une règle d’or chez les « tout-droit » : l’essence est achetée à la course, c’est-à-dire, un litre ou deux pour chaque trajet !

Je vous laisse deviner pourquoi.

SNEIBA Mohamed

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