L’Ancien Régime, bouc-émissaire jusqu’à quand ?

Article : L’Ancien Régime, bouc-émissaire jusqu’à quand ?
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12 octobre 2012

L’Ancien Régime, bouc-émissaire jusqu’à quand ?

L’ancien président mauritanien, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya (1984-2005)

Voilà cinq ans déjà que Maaouiya n’est plus là. Cinq longues années que la Mauritanie essaye de se sortir du bourbier dans lequel il l’a laissé après deux décennies de gouvernance sans partage.

Oui, Taya, n’a pas laissé la Mauritanie dans un bon état. Oui, à son départ, le pays était au bord du précipice. Sur tous les plans (économique, politique et social). Il n’avait pas de solution lui-même pour la situation qu’il avait créée. Avec la complicité de la quasi-totalité des hommes politiques qui, aujourd’hui encore, continuent à vouer l’ancien Raïs aux gémonies.

Cinq ans déjà que Taya vit en exil au Qatar. Et pourtant, il est toujours là. Dans les esprits et les discours. De ceux qui l’ont destitué. Du peuple même. Pour des raisons tout à fait différentes.

Lors de ses visites à l’intérieur du pays le président Ould Abdel Aziz parle toujours de Taya. Indirectement certes. En évoquant un enseignement qui est à l’origine du plus grand mal que connait le pays actuellement (le chômage des jeunes), Aziz pointe du doigt la mal formation (malformation ?) au niveau d’un système éducatif aujourd’hui aux abois. L’Ecole mauritanienne ne prépare pas aux métiers, elle n’a pas de formations qualifiantes. Que de littératures et de choses qui n’ont aucune emprise avec la réalité et sur elle. Aziz dit à peu près ceci : « si vous ne réussissez pas à trouver du travail ce n’est pas la faute à l’Etat. Vous n’avez tout simplement pas le profil nécessaire » ! Mais de quelle formation et de quel profil parle-t-on ? N’avons-nous pas des ingénieurs qui chôment, des sortants de l’école de vulgarisation agricole de Kaédi qui ont erré longtemps sans savoir à quels saints se vouer ?

Certes, la seule université du pays sort chaque année des centaines, voire des milliers de diplômés es Lettres, Droits, Economies et autres « futilités » dont un pays comme la Mauritanie n’a pas besoin mais il est certain que cela ne saurait expliquer, à lui seul, les disfonctionnements flagrants que l’on constate aujourd’hui à tous les niveaux de la Fonction publique. Ce qui se passe au niveau des secteurs de production (pêche, agriculture, mines) montre que le problème est ailleurs ; il est à la fois structurel et « gestionnel ».

La Société nationale de développement rural (Sonader) n’est plus que l’ombre d’elle-même. A un certain moment, elle a été obligée de dégraisser alors qu’elle avait vraiment la possibilité de ne pas « mourir à petit feu » comme on le voit aujourd’hui. On peut dire la même chose d’un secteur des pêches qui, s’il avait été bien géré, avec d’autres préoccupations que celles de renflouer les caisses de l’Etat (Accord de pêche avec l’UE), pouvait avoir de meilleurs rendements que ceux qu’il a aujourd’hui.

Tout cela pour dire qu’on ne peut pas continuer, encore et encore, à tout mettre sur le dos de l’Ancien Régime. A parler d’accumulations quand on veut expliquer les problèmes de l’école, la corruption au niveau de l’administration, les incohérences de l’état civil, l’immixtion de la tribu dans la gestion des affaires de l’Etat, l’insécurité, etc. Cinq ans, c’est déjà un quinquennat, et il doit être suffisant non pas pour donner un autre visage à la Mauritanie mais, au moins, amorcer un nouveau virage.

 

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